Isabelle Debray

Sur un fil, entre littérature, écoute et compréhension du monde par la lecture, Isabelle Debray se révèle. Après avoir écrit une histoire de la montagne Sainte Geneviève aux éditions du Cerf, cette femme discrète offre « Dans l’ombre » (Le mercure de France, 64 p. 11 €) portrait de l’homme dont elle partage la vie depuis plus de trente ans. L’évocation des livres et des amours de Régis Debray conduit notre invitée sur les chemins escarpés de la relation avec le public. Et c’est ce qui fait la singularité, osons même le mot, la beauté de cette rencontre : quand tant de gens versent dans le narcissisme, Isabelle Debray se révèle avec une extrême pudeur, préférant parler des autres, du monde qui l’entoure, de ses doutes. Une chance pour Fréquence Protestante.   

Michel Vaquin fut le président de notre radio pendant de nombreuses années. Le voici qui retrace son parcours de polytechnicien devenu chef d’entreprise – après avoir travaillé pour de grandes figures de l’industrie nationale. Protestant, cet homme à la fois rigoureux, pudique et rieur explique de quelle manière il a concilié son engagement professionnel et son ancrage spirituel. Rencontre avec un homme très chaleureux.  

Alain Finkielkraut compte parmi les personnalités les attachantes et les plus controversées de notre vie publique. « Attachantes » parce qu’il est un homme sincère, passionné, mobilisé par l’exigence d’une culture de qualité, l’ambition d’une réflexion profonde, une inflexible fidélité aux principes de notre république, une vigilance légitime face à l’antisémitisme. Et « controversées » parce qu’en lutte contre ce qu’il estime être une dérive de notre société, il n’hésite pas à tenir des propos qui, parfois, heurtent la sensibilité, les convictions de ceux qui veulent, précisément, transformer les relations sociales, adapter nos références communes au monde actuel. A l’occasion de la parution de son nouveau livre, « Pêcheurs de perles » (Gallimard, 224 p. 19,50€), cet écrivain talentueux, sentimental et cependant rude nous reçoit chez lui.  

L’historienne Bénédicte Vergez-Chaignon, bien connue des auditeurs de Fréquence Protestante, présente le nouveau livre, posthume, de Daniel Cordier : « Amateur d’art, alias Caracalla 1946-1977 » (Gallimard, collection Témoins, 267 p. 23 €)  dont elle s’est occupée de la publication, mais aussi du Journal de guerre de Paul Morand, paru également chez Gallimard. Au cours de la seconde partie de l’émission, Bénédicte Vergez-Chaignon rend hommage à Robert Badinter et nous donne son point de vue sur la façon dont la mémoire de la Seconde guerre mondiale est aujourd’hui transmise. 

Anthropologue, Emmanuel Todd a coutume d’aborder les sujets d’actualité par des biais inattendus, ce qui le fait passer souvent pour un polémiste. Il s’en explique de façon franche, amicale, avec humour – un trait de son caractère qu’on ne lui reconnaît pas toujours. 

Il vient de publier « La défaite de l’occident » (Gallimard, 370 p. 23 €), un ouvrage qui suscite la controverse. Là encore, il explique pourquoi, comment il estime que l’Ukraine et de ses alliés vont perdre la guerre face à la Russie. Bien entendu, nous l’avons interrogé sur sa manière dont il aborde le protestantisme dans ce nouveau livre. A l’issue d’un entretien chaleureux, se dégage le portrait d’un homme dont on peut ne pas partager les analyses ou les convictions, mais qui mérite une écoute attentive et fraternelle. 

Hélène Harter, professeur en histoire contemporaine de l’Amérique du Nord à l’Université de Paris I consacre à Dwight Eisenhower une biographie remarquable, éditée chez Tallandier. Pour Fréquence Protestante, cette femme de science explique de quelle manière le goût de l’Histoire lui est venu, puis elle retrace le destin hors norme d’un général en chef d’origine mennonite qui, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, s’est converti au protestantisme. 

Romancière, essayiste ayant enseigné la littérature à l’Université, Belinda Cannone publie « Les vulnérables » (Stock 190 p. 19 €), un recueil de nouvelles au cœur duquel se trouve un très bel hommage aux protestants du Chambon-sur-Lignon durant la Seconde guerre mondiale, et tout particulièrement à Daniel Trocmé. Rencontre avec une femme de lettres dont la sensibilité, l’acuité, la générosité nous sont des plus précieuses. 

 Gérard Mordillat, écrivain et cinéaste de très grand talent, célèbre pour avoir, avec Jérôme Prieur, réalisé de remarquables documentaires au sujet du christianisme, publie ce mois-ci « Les exaltés » (Calmann-Lévy, 375 p. 21,50 €) roman qui met en scène l’opposition de Luther et Müntzer pendant la Guerre des paysans. L’entretien qu’il nous accorde permet de découvrir un homme épris de culture, fidèle à l’héritage qu’il a reçu de son milieu familial et social – le monde ouvrier du vingtième arrondissement de Paris – passionné par l’étude de la Bible et l’exégèse. Une rencontre émouvante à l’occasion de la sortie d’un beau livre.