Depuis le début de l’année, je vois passer des titres d’expositions, de livres, d’articles, de magazines sur l’Algérie. Le soixantième anniversaire de l’indépendance du pays est une opportunité, pour les producteurs de culture et d’information en France, de parler de l’Algérie ou plutôt de son histoire. Sauf que, souvent, dans ces titres les adjectifs sont les mêmes : douloureux, douloureuses, meurtries, vives, vifs. Depuis le début de l’année, ces adjectifs me gênent parce qu’il me semble qu’ils montrent que l'on oublie une partie de ce qu’il s’est passé, que l’on oublie de considérer que cela a pu être un bonheur. Ma gêne a grandi quand, cet été, Dalila, une dame que je connais et qui est sortie défiler dans les rues de sa ville le 5 juillet 1962, m’a dit qu’elle pensait que, tout bien considéré, elle n’avait jamais connu de sa vie une joie aussi intense qu’à ce moment-là. Pour débuter cette deuxième saison de l’Horizon, nous allons discuter d’un livre qui nous donne du recul pour comprendre que le choix de ces titres, les choix de ces producteurs culturels français, s’inscrivent dans une longue histoire entre les deux pays. Nous allons parler d’histoire et de politique, de médias et de polémiques, de sport, de féminismes et de racisme, mais surtout de France et d’Algérie. Nedjib Sidi Moussa est docteur en science politique et historien, et auteur de « Histoire algérienne de la France, une centralité refoulée de 1962 à nos jours », publié aux éditions des Presses Universitaires de France (PUF), en octobre 2022.