Konrad Lorentz, l’homme qui parlait aux animaux, le père de l’éthologie.
Vidéo de Konrad Lorentz
Avez-vous déjà marché, couru, nagé, navigué ? Oui, bien entendu.
Mais vous êtes-vous déjà retrouvé à pratiquer chacune de ces activités, suivi(e) par une dizaine de petits canards qui se dandinent en tentant de vous suivre ? Non ? Eh bien Konrad Lorenz, lui, l’a fait.
Une bonne partie de sa vie, dans le but de vérifier ses hypothèses scientifiques, il a dû subir l’escorte de divers et nombreux gallinacées.
Je vous raconte donc aujourd’hui une parcelle de vie, celle d’un homme aux habitudes particulières...
Né à Vienne le 7 novembre 1903 et mort le 27 février 1989, Konrad Lorenz était un biologistezoologiste autrichien, également médecin, qui fut aussi nommé enseignant de... psychologie animale !
Psychologie animale, vraiment ? Eh oui ! Pour faire taire toute rumeur infondée, non, Konrad ne murmurait pas à l’oreille des oies cendrées qui se confiaient à lui, quoi que... Nous serons bientôt en droit de nous poser la question. Mais passons pour l’instant.
En réalité, notre héros du jour commence à s’intéresser au monde animal un peu avant les années 50 et créé en Autriche un Institut d’Ethologie, qu’il dirigera de 1949 à 1951.
Ce prix Nobel de Physiologie (ou médecine, attribué en 1973), a consacré toutes ses observations au comportement des animaux. Il est considéré comme le fondateur de l’éthologie.
Mais... Voilà deux fois que la narratrice que je suis prononce ce mot étrange, comme s’il était tout naturel que l’ensemble des auditeurs sache de quoi il s’agit... Enfin, c’est quoi, l’éthologie ? Et bien l’éthologie est une discipline au sein de laquelle l’éthologue étudie chez l’animal ce que le psychologue étudie chez l’homme : le comportement. Pour l’éthologue, la connaissance du comportement animal débute par une description fine et répétée de certains comportements spécifiques au monde des animaux. Mais cette connaissance doit s’enrichir par des tentatives d’explications de ces comportements. Un peu comme en psychologie !
Je vous ennuie ? Vous baillez ? Restez éveillés, car ce qui va suivre pourra peut-être vous amuser.
Konrad Lorenz a donc étudié les comportements des animaux sauvages et domestiques. Et il va rapidement travailler, dès le début de ses observations, sur la notion d’empreinte.
En effet, il découvre en 1927 un processus d’apprentissage par lequel pendant une courte période,
l’animal s’attache de manière irréversible au tout premier objet en mouvement qu’il perçoit.
Pour mieux vous illustrer cela, je vous propose de fermer les yeux.
Vous êtes dans un laboratoire, penché tout près d’un œuf sur le point d’éclore. Imaginez le petit oisillon
que vous observez... il pique la coquille de son bec pointu pour venir à ce monde et... la première chose
qu’il voit, c’est un nez, qui lui paraît certainement démesuré ! Votre nez, penché sur lui ! Puis son
champ de vision s’élargit, et lui apparaissent alors vos yeux, votre bouche, souriante bien entendu...
Ne bougez pas, ne clignez pas !
Sans quoi, vous serez comme Konrad la victime d’un phénomène d’empreinte !
Eh oui, ce dernierse faisait en effet surnommer « le père des oies cendrées » ... Tout simplement parce
que dans le cadre de ses observations scientifiques, les animaux s’attachaient à lui à l’instant même
où ils sortaient de l’œuf. La première chose que ces enfants-oies avaient en vue à ce moment-là, la
toute première chose qu’ils voyaient, c’était... Konrad Lorenz en mouvement ! Les petits oisillons le
considéraient alors comme leur mère et devenaient plus tard une fois la marche acquise, les
compagnons de promenade de Lorenz.
C’est cela, le phénomène de l’empreinte : une situation d’apprentissage précoce (ce que je vois bouger
devant mes yeux quand je nais est ma mère), sur un laps de temps très court (quelques
millisecondes) et irréversible, ou presque.
On raconte également que Konrad Lorenz parlait « le langage des oies Cendrées », en ce sens qu’il
affirmait être capable de reconnaitre la jalousie, la haine ou la joie sur la face des oies.
On en a ainsi déduit que l’homme et l’animal avaient en réalité plus d’instincts primaires communs
qu’on ne le pensait.
A noter que l’attachement des petits poussins dès l’éclosion, à leur mère, constitue un énorme
avantage. Car dans leur milieu naturel, le risque de fausse empreinte, c’est à dire d’attachement à une
personne autre que la mère biologique, est d’autant plus faible que la période du phénomène d’empreinte est courte (quelques millisecondes, donc).
Alors, sauf si un moucheron bien inspiré décide de passer devant les yeux du poussin pile à ce moment fatidique, le premier objet que le poussin voit est à priori sa mère-poule. Ce comportement a une base instinctive car il permettra ensuite au poussin de mieux réagir et de savoir qui aller trouver en cas de
danger.
Avis aux aînés, vous venez de comprendre pourquoi votre petit frère ou votre petite sœur file se réfugier auprès de vos parents lorsque vous vous montrez menaçants !
Bref, comme je l’évoquais au début, pour démontrer cette expérience et surtout l’existence avérée de l’empreinte, Konrad a dû subir une bonne partie de sa vie la présence de gallinacés dans des moments
parfois gênants. Vous ne me croyez pas, je vous invite à regarder une courte vidéo dont le lien aura été glissé dans la description. A partir de la 50ème seconde, on y voit Konrad dans diverses situations, toujours bien accompagné.
Vidéo de Konrad Lorentz