1 - Anecdote : Un arrêt cardiaque en SMUR
Je souhaite partager avec vous une intervention SMUR récente qui m'a particulièrement marqué. Un homme de 54 ans, en pleine rue, fait un arrêt cardio-respiratoire. Nous intervenons pour essayer de lui sauver la vie mais malheureusement, tout ne s'est pas déroulé comme prévu...
La journée de cet homme a basculé à 12h lorsqu'il a commencé à ressentir une douleur intense dans la poitrine. Malheureusement, il n'a pas appelé les secours. Quelques dizaines de minutes plus tard, il s'effondre au sol. La panique s'empare des passants, des précieuses minutes sont perdues entre incompréhension et agitation.
Puis, peu à peu, les gens s'organisent : ils appellent le SAMU, commencent un massage cardiaque. Les pompiers arrivent pour prendre le relais avant notre arrivée.
Lorsque nous arrivons sur place, l'homme est en "assystolie", un terme médical désignant l'absence de toute activité électrique du cœur. Le défibrillateur n'a pas choqué avant notre arrivée, signe que le cœur était dans un état critique.
Nous commençons à recueillir les informations essentielles : l'heure de l'effondrement, le délai entre celui-ci et le début du massage, le délai entre l'effondrement et notre arrivée. Au total, presque 8 minutes de "No Flow" (période pendant laquelle le sang n'est pas pompé par le cœur et ne circule pas dans l'organisme), et 35 minutes de "Low Flow" (faible circulation du sang correspondant au massage cardiaque). On lit parfois qu’une seule minute de « No Flow » c’est 10% de risque mortel supplémentaire, c’est une course contre la montre.
Le pronostic est sombre, mais en tant que professionnels de santé, nous ne baissons pas les bras. L'infirmière pose une Voie Veineuse Périphérique (VVP) et administre le premier milligramme d'adrénaline, un médicament qui stimule le cœur et favorise sa réactivité. Nous préparons le matériel pour intuber le patient, un processus qui permet de prendre le contrôle de sa respiration.
Malgré plusieurs cycles de réanimation (des séquences alternées de massage cardiaque, de ventilation et de lecture du rythme cardiaque), et plusieurs doses d'adrénaline, le cœur ne repart malheureusement pas. Après une réanimation spécialisée de plus de 35 minutes, j'ai dû prendre la décision la plus difficile : arrêter la réanimation et prononcer le décès.
Je voudrais souligner l’importance de chaque minute, chaque seconde lors d'un arrêt cardiaque. En France, la formation du grand public à la réanimation cardio-pulmonaire est encore insuffisante. Il est crucial de savoir comment réagir : reconnaître l'arrêt cardiaque, alerter les secours, débuter le massage cardiaque et utiliser un défibrillateur si disponible.