Salomé Zourabichvili : "L’UE doit être présente et donner un sentiment de sécurité aux Géorgiens"
La Géorgie, petit pays du Caucase de quatre millions d’habitants, en partie occupée par l'armée russe depuis 2008, a obtenu le 8 novembre le statut de pays candidat à l'adhésion à l’Union européenne. Cette décision de la Commission européenne est une étape importante pour la Géorgie, qui aspire à rejoindre l'UE depuis de nombreuses années et qui avait vu sa demande refusée en 2022. Nous en discutions avec la présidente géorgienne Salomé Zourabichvili.
La présidente géorgienne Salomé Zourabichvili se réjouit de l'obtention du statut de pays candidat à l'adhésion à l'UE. "Ce qui a changé la donne, c’est le détermination de notre population", martèle l'ancienne diplomate française. "Pour l’UE, c’est le contexte actuel où il n’était pas opportun de faire un cadeau à la Russie en laissant la Géorgie dans une zone grise avec un risque de déstabilisation et de déception".
Salomé Zourabichvili, observatrice avertie de la région, estime que la guerre en Ukraine pourrait s'intensifier. "L’Ukraine est à la veille d’une nouvelle offensive et les Russes ont le sentiment – à tort – de remonter la pente (…) Même chez nous, les Russes veulent faire de l’enclave sous leur contrôle d’Abkhazie une base navale dans la mer Noire… C'est extrêmement préoccupant pour l’Otan !"
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La présidente géorgienne a été confrontée à une tentative de destitution par le parti au pouvoir Rêve géorgien, après son refus de promulguer une loi sur les "avoirs étrangers" calquée sur celle de la Russie. Salomé Zourabichvili explique avoir mis son "veto sur cette loi" et sur "toutes celles qui ne respecteraient pas le chemin [de la Géorgie] vers l'Union européenne." Elle affirme que la procédure juridique qui a conduit à la tentative de destitution était basée sur ses "visites en France, en Allemagne et à Bruxelles, qui n'étaient pas autorisés [par le gouvernement]", précisant qu'elle se rendait en Europe pour "porter la voix [de la Géorgie] au cœur de l'Europe et auprès des dirigeants au sujet de notre avenir européen".
Salomé Zourabichvili se félicite que le gouvernement ait changé de rhétorique cette semaine en se félicitant du statut de candidat. "Nous entrons en période électorale en 2024. Il faut que l'Europe soit très présente pour observer les élections et donner un sentiment de sécurité aux Géorgiens. On va peut-être enfin en finir avec l’habitude de gouverner avec un parti unique !"
Enfin, elle espère des avancées sur le conflit entre Israël et le Hamas. "Le terrorisme doit être éradiqué, car il menace en l’occurrence les Israéliens, mais aussi les Palestiniens !"
Émission préparée par Sophie Samaille, Juliette Laurain, Perrine Desplats et Isabelle Romero
