off 2023

Le festival d’Avignon, ça se fait en famille, et même si vous n’avez pas d’enfant comme moi et bien ce n’est pas grave, il y a des spectacles jeunes publics qui fonctionnent aussi très bien avec les adultes et nous permettent de garder notre très chère âme d’enfant. 

Pour se replonger dans notre imaginaire, direction le Chêne Noir pour la toute nouvelle création de Julien Gélas, la Belle et la Bête.

Si vous êtes fans du film Disney, la version théâtrale est assez différente. Une version dépoussiérée où la mise en scène utilise une scénographie vidéo interactive avec les acteurices pour nous embarquer dans un univers fantastique où bien évidemment la Belle passe de l’enfance à l’âge adulte en se confrontant à ses peurs.

Ce que j’aime quand je vais voir un spectacle jeune public c’est me retourner pendant le spectacle pour regarder les yeux des enfants et voir s’ils se régalent autant que moi, et c’était le cas. Les yeux brillaient de bonheur et pendant tout le spectacle leur écoute était intacte. Et pourtant, chose assez rare dans les spectacles pour enfants, la Belle et la Bête du Chêne Noir dure 1h30. Le public a été captivé du début à la fin et à la sortie de la salle les demandes de dédicaces aux différents personnages ont été nombreuses.

Une mention spéciale aux magnifiques costumes réalisés par Chouchane Abello.

📍  J’avais beaucoup aimé l’adaptation du Petit Chaperon Rouge en 2019 par la compagnie du Théâtre, j’ai eu grand plaisir de retrouver la délicatesse et l’élégance de Liwen Gelas en Belle dans cette adaptation réussie, accessible aux enfants à partir de 5 ans, à 15h05 au Chene Noir. 

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Auteur : Julien Gelas    

Mise en scène : Julien Gelas

Interprètes : Liwen Liang, Guillaume Lanson, Jacques Vassy, Renaud Gillier, Océane Rucinski, Holly-Rose Clegg, Max Millet

Musique : Julien Gelas

Vidéo : Studio Théoriz

Costumes : Chouchane Abello

Création lumières : Florian Derval 

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Attention gros coup de cœur pour ce classique revisité par trois femmes au talent incontestable ! Cyrano, oui le classique d’Edmond Rostand, avec ses costumes, ses lettres d’amour enflammées pour Roxane et bien sûr ce nez, centre de toutes les intrigues.

On peut se dire que cette pièce a été vue et revue, et bien la compagnie Les Pieds nus, relève le défi de proposer une nouvelle version très très réussie.  Elle a pris le parti de naviguer entre tradition baroque et modernité en alliant le théâtre de masque, un peu d’influences asiatiques, des jeux d’ombres et quelques incursions du 21ème siècle pour agrémenter le tout.

Avec une grande énergie et malgré le peu d’espace de la salle où elles jouent Iana-Serena, Mathilde et Louisa courent, dansent, changent de rôles et déclament ce classique poétique que nous connaissons toutes et tous même si nous ne l’avons pas forcément lu dans son intégralité.

Le texte est sublimé et on oublie très vite que tous les personnages, principalement masculins dans l’histoire, sont joués par des femmes parfois à quelques centimètres du public. C’est brillant, enthousiasmant et moderne. 

📍  Un vrai plaisir théâtral à voir au Chêne noir à 15h45 sans hésitation ! 

 

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Auteur : d'après Edmond Rostand

Interprètes : Iana-Serena de Freitas, Mathilde Guêtré-Rguieg, Louisa Decq  

Mise en scène : Bastien Ossart

Régisseur : Bastien Ossart  

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Deuxième spectacle intimiste du jour, deuxième histoire de jeune femme, deuxième coup de coeur pour une autre pièce qui nous permet d’assister à un dialogue qui aurait été impossible en dehors d’une création artisitique. Cette fois c’est l’histoire d’un auteur qui a perdu sa femme et qui se rend à Munich pour écrire une pièce sur la nièce d’Hitler, Angela Maria surnommée Geli. En 1931, elle a été retrouvée morte à 23 ans, d’une balle dans la poitrine, dans le bureau de son oncle.

Il n’a qu’une obsession, résoudre le mystère de sa mort et c’est là qu’il entame un échange avec elle. S’est-elle suicidée ? A-t-elle été tuée par Hitler, ou par d’autres personnes.

Elle fut “le seul vrai grand amour d’Hitler”. Pourtant, aucune enquête, aucune autopsie n’a été réalisée après la découverte de son corps, la relation de Géli et Hitler était tabou, après sa mort on dit qu’il est tombé dans une profonde dépression. Certains pensent que Géli est “la première victime du nazisme” et pourtant elle a été complètement oubliée de l’histoire.

Sa mort a-t-elle été la goutte d’eau qui a fait basculer le IIIème Reich, est-elle responsable des 64 millions de morts qui ont suivi ? 

En tout cas la plume et la mise en scène de Diastème (que j’avais déjà adoré avec La Paix dans le monde ou 107 ans), le jeu des deux acteurices : Aliénor de la Gorce et Frédéric Andrau, rendent cette pièce unique et intense où les silences sont aussi importants que les textes.

Je vous conseille donc chaudement d’aller à la rencontre de Géli et de son histoire au Chêne Noir, à 12h pour, peut-être aider son âme à trouver un peu de repos après sa mort violente restée sans réponse.

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Auteur et mise en scène : Diastème    

Interprète(s) : Frédéric Andrau, Aliénor de la Gorce

Lumières : Stéphane Baquet

Musique : Mathieu Morelle

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Après une petite pause, je continue à vous partager mes coups de cœur du Festival. Et pour les deux prochaines chroniques je vais vous parler de deux spectacles intimistes, deux histoires tragiques de jeunes femmes qui ont leur place dans notre histoire. 

Le premier s’intitule “Marion, 13 ans pour toujours”. 

C’est l’histoire de Marion (jouée par Nina Thiéblemont) qui s’est donné la mort car elle était victime de harcèlement scolaire. Elle entame un dialogue avec ses parents (joués Valérie Da Mota et Frédéric Andrau) pour leur permettre de recoller les morceaux de cette descente aux enfers et comprendre comment leur fille sans histoire en est arrivée là. 

Adapté d’un roman écrit par Nora Fraisse, la mère de Marion, ce texte souhaite ouvrir la parole sur ce fléau du harcèlement qui touche un élève sur dix en France. L’histoire de Marion s’est déroulée il y a 10 ans et 10 ans après, en l’écoutant sur scène on a l’impression que tout avance tellement lentement sur ce sujet. L’adapter pour la scène permet donc de toucher d’autres publics différemment et de les faire réfléchir en se retrouvant face à face avec l’histoire de Marion, ses joies de jeunes filles et surtout tout ce qui la blesse et l’amène au pire. 

La mise en scène de Frédéric Andrau est très épurée et pourtant on imagine très bien les lieux des dialogues, des interrogations de ses parents après sa mort, des souvenirs avant son départ. Malgré la tragédie qu’elle raconte, cette pièce est très lumineuse, axée sur la vie plutôt que sur le désespoir. Le théâtre permet aux morts et aux vivants de se côtoyer pour essayer de faire avancer les choses. J’aime ce parti pris, j’aime la douceur qui s’en dégage et les émotions que l’on emporte avec soi après ce spectacle d’utilité publique qui se joue au théâtre Pierre de Lune à 10h15

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Auteurices : Frédéric Andrau, Valérie Da Mota, Nora Fraisse, Jacqueline Rémy    

Mise en scène : Frédéric Andrau

Interprètes : Frédéric Andrau, Valérie Da Mota, Nina Thiéblemont

Créateur lumières : Stéphane Baquet

Créateur sonore : Thomas Lefevre

Costumière : Rachel Quarmby-Spadaccini

Régie : Sarah Ancel 

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Si vous aimez les spectacles loufoques, déjantés et drôles, je vous propose d’aller jusqu’en Ecosse pour rencontrer les trois clowns de la compagnie des “Late Bloomers" 

📍  Pas besoin de réserver un billet d’avion pour en profiter, ils jouent tous les jours à 13h à l’Archipel théâtre leur spectacle Scotland !

Au programme du mime beaucoup, de la musique écossaise, de la pêche, un peu d’histoire, des shortbreads, du whisky et bien évidemment des tartans et des kilts. Pour ces derniers, je vous laisse découvrir par vous même ce qu’il y a en dessous.

Il n’y a quasiment pas de parole, aucun décor et pourtant les trois artistes sur scène nous emmènent dans leur douce folie burlesque dès les premières minutes avec leur théâtre physique comme ils l’appellent, du spectacle vivant au sens premier du terme ! 

Et ça fait du bien !

Une mention spéciale pour un des spectateurs, Thierry qui, invité à monter sur scène pour participer à ce voyage fou, a ajouté sa petite dose d’espièglerie au spectacle pour notre plus grand bonheur, personnellement je n’étais pas loin du fou rire.

N’hésitez donc pas à faire une escale en Ecosse et à venir rencontrer les Late Bloomers pendant ce festival. Ils ont déjà fait le tour du monde avec ce spectacle, il était temps qu’ils s’arrêtent à Avignon pour nous en faire profiter également ! 

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Le spectacle dont je vais vous parler aujourd’hui est l’un de mes gros coups de cœur de ce début de festival. Le coup de cœur a débuté dès le moment où Souleymane Diamanka a choisi de venir me parler dans la rue, alors que j’étais assise sur une marche d’escalier en train de manger un sandwich entre deux spectacles. “Excusez-moi, est-ce que je peux vous déranger pour vous parler d’un spectacle” m’a-t-il dit. J’ai tout de suite senti, malgré sa timidité, sa belle énergie et ses mots choisis avec soin. C’est pour ça que je fais le festival, pour laisser le hasard me faire découvrir des artistes touchants et talentueux.

De la plume et de l’épée, son spectacle, c’est une bulle de mots doux, affutés et musicaux

De la plume et de l’épée, c’est de la poésie et une voix chaude et reposante

De la plume et de l’épée, c’est la rencontre avec Souleymane, ses origines peules et son amour pour le hiphop

De la plume et de l’épée, c’est un moment que l’on n’oublie pas, que l’on aime partager pour pouvoir en discuter après le spectacle

📍 Difficile d’écrire une chronique sur un artiste qui manie les mots avec autant de brio, mon meilleur conseil serait donc de vous dire écouter Souleymane au Verbe Fou à 19h.

Et s’il faut encore vous inciter à y aller voici quelques lignes extraites de son recueil de poésie, qui résonnent beaucoup aujourd’hui :  

Si quelqu’un te parle avec des flammes, réponds-lui avec de l’eau

Sache que le seul combat qui se gagne

C’est le duel qui devient duo

Je sais que les braves savent se battre

Et lutter pour leurs droits jusqu’à l’aube

Mais dis-leur que la paix guérit et la guerre périt

Quand la plus belle âme des deux ennemis pardonne à l’autre 

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