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    Actualité religieuse dans les médias

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    Episodes (74)

    Pas de cessez-le-feu en Ukraine pour le Noël orthodoxe

    Pas de cessez-le-feu en Ukraine pour le Noël orthodoxe

    Le cessez-le-feu annoncé par Vladimir Poutine n’est jamais advenu. Une trêve unilatérale, annoncée par le maître du Kremlin la semaine passée, sans concertation, et qui devait courir du vendredi 6 janvier à midi jusqu’à minuit le samedi 7 janvier, afin que les chrétiens orthodoxes d’Ukraine et de Russie puissent célébrer Noël. L’Ukraine a rejeté presque immédiatement la proposition russe et la guerre a continué dans la partie est du Donbass et ailleurs en Ukraine.  Comme le constate un soldat ukrainien au milieu du fracas de l’artillerie russe : « Nous n’avons pas réellement constaté le cessez-le-feu annoncé, sur la ligne de front. Tout est en ruine, des civils meurent, des soldats sont tués, notre peuple est en train de mourir. » Et un civil ajoute : « Vous ne souhaiteriez pas cette situation  à votre pire ennemi, mais nous avons fêté Noël comme d’habitude. Nous avons eu un sapin avec des décorations. Mais c’était dans la cave. » 

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    « En Ukraine, un Noël orthodoxe en rupture avec l’Eglise russe », titre le site de RFI. Le métropolite Epiphane, préside l’Eglise orthodoxe d’Ukraine, une Eglise qui a rompu ses liens avec le patriarche Kirill de Moscou auquel elle était rattachée avant la guerre avec la Russie.  La liturgie de Noël de cette Eglise orthodoxe d’Ukraine avait lieu le 7 janvier dans la cathédrale de la Laure de la Dormition des Grottes de Kiev (une Laure est un monastère et la Laure de Kiev est le plus vieux monastère masculin d’Ukraine) et les Ukrainiens y sont venus en nombre, malgré le froid glacial,  pour cette fête de Noël, dans des locaux autrefois sous l’autorité du patriarcat de Moscou. « C’est un jour historique pour l’Ukraine. C’est la première fois que le métropolite Épiphane présidera l’office, explique Volodymyr, un paroissien. Voilà pourquoi je voulais être là, je suis venu à Kiev exprès pour ça. » Il y a quelques jours encore, les lieux étaient perquisitionnés par les autorités ukrainiennes  qui soupçonnaient l’Eglise orthodoxe affiliée à Moscou, qui tenait le lieu, d’activités subversives. En ce jour de Noël orthodoxe, le 7 janvier, le primat de l’Église indépendante d’Ukraine, le métropolite Épiphane préside pour la première fois cette cérémonie. Et c’est une petite révolution pour cette Eglise orthodoxe ukrainienne désormais indépendante de Moscou, une Eglise qui prônait depuis des années la rupture totale avec la Russie. Et Ania, une autre paroissienne, est ravie de pouvoir enfin revenir.  « D’habitude, je me rendais à un autre monastère. Je ne venais plus ici depuis que le Patriarcat de Moscou s’était imposé. Ses membres nous insultent lorsqu’ils nous voient sortir d’une de nos églises [ukrainiennes indépendantes], ils nous traitent d’antéchrist. » Quant à Oleksandre, il s’émerveille des décors sublimes qu’il se réapproprie : « Cette église est ukrainienne, elle a été construite par nos princes de Kiev au début du XIe siècle. À l’époque, Moscou n’existait même pas. » Les journalistes de RFI remarquent aussi que « les fidèles sont plongés dans un recueillement teinté de fierté nationale en entendant pour la première fois le service religieux en ukrainien. » 

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    Alors célébrer Noël selon le calendrier julien, comme en Russie (et dans le monde du christianisme oriental) ou se mettre à l’heure du christianisme européen et fêter Noël le 25 décembre ? La question a agité les familles mais rompre avec Moscou était essentiel pour certains Ukraniens. Comme Dalyna, citée par les journalistes de RFI : « On se bat sur un autre front., dit-elle.  Celui de la tradition, de la religion. Avant, ça nous était égal de savoir si une chose venait d’Ukraine, de Moscou, on suivait la tradition. Mais pour moi, ça a de l’importance maintenant. Je ne veux pas soutenir une Église [l’Eglise orthodoxe russe et son patriarche KIrill] qui a incité à la guerre contre mon pays. Voilà pourquoi je soutiens notre Église orthodoxe locale. »  Voilà aussi pourquoi, tout en prônant une rupture violente avec Moscou, cette famille ukrainienne continuera à faire le grand écart et fêtera Noël comme les Russes et le monde orthodoxe le 7 janvier. Et voilà pourquoi Dalyna a assisté, le 7 janvier, à la première liturgie en ukrainien dans la cathédrale de la Dormition de la Laure des Grottes de Kiev dont le ministère ukrainien de la culture a refusé de renouveler le bail qui permettait au Patriarcat de Moscou d’y être hébergé, en terre ukrainienne et au Kremlin de chercher à garder son autorité sur Kiev, ville où la Russie historique serait née il y a 1000 ans, comme l’affirment de nombreux Russes… C’est ce qu’explique un spécialiste du fait religieux auprès du gouvernement ukrainien au  correspondant de RFI à Kiev : « En Ukraine, nous avons notre propre Église orthodoxe. L'Église orthodoxe d’Ukraine dite «autocéphale». Elle a rompu avec Moscou. Et c'est très important. Toute l'histoire de l'Église orthodoxe d'Ukraine est à mettre en parallèle avec l'histoire de notre lutte pour l'indépendance. On se bat pour l'indépendance de notre pays et en même temps pour celle de notre Église. Et cela continue avec cette guerre. Quant au pouvoir à Moscou, il a toujours utilisé l'Église pour sa propagande. Sous l'Union soviétique, le pouvoir persécutait l'Église en Russie mais utilisait ses représentants pour sa propagande dans d'autres pays. La nouvelle Église orthodoxe d'Ukraine dirigée par le métropolite Épiphane est officiellement reconnue par le Patriarcat œcuménique de Constantinople [primus interpares du monde orthodoxe]  et plusieurs autres Églises orthodoxes à l'étranger. »

    https://www.rfi.fr/fr/europe/20230107-en-ukraine-un-no%C3%ABl-orthodoxe-en-rupture-avec-l-%C3%A9glise-russe

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    Aucun texte chrétien ne précise la date de la naissance de Jésus. Est-cela qui explique que l’on peut célébrer Noël, pour fêter sa naissance, le 25 décembre mais aussi  le 7 janvier  (dans le calendrier grégorien (comme chez les orthodoxes orientaux, dont la Russie et les chrétiens orientaux autres). Ce 7 janvier du calendrier grégorien correspondant au 25 décembre du calendrier julien. Et l’on fête même Noël le 19 janvier à Jérusalem dans les églises du patriarcat grec-orthodoxe. Celui-ci a en effet choisi de suivre le calendrier julien en vigueur depuis 1852 sur les lieux saints et dans  les autres Eglises orthodoxes comme les Eglises copte, syriaque et éthiopienne alors que l’Eglise orthodoxe en Grèce a adopté le calendrier julien ! Enfin, une Eglise a choisi de garder, comme dans les premiers temps du christianisme, l’usage de ne pas séparer Noël et l’Epiphanie (adoration des mages) c’est l’Eglise arménienne apostolique, alors que toutes les autres Eglises célèbrent l’Epiphanie 12 jours après Noël.

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    Le calendrier julien, est un calendrier solaire utilisé dans la Rome antique, introduit par Jules César en 46 av. J.-C.  Il a été employé en Europe jusqu'à son remplacement par le calendrier grégorien à la fin du xvie siècle mais reste utilisé dans la communauté monastique du Mont Athos, ainsi que par cinq Églises orthodoxes : de Jérusalem, de Russie, de Géorgie, de Serbie, d'Ukraine, les Églises orthodoxes de Macédoine et du Monténégro, et plusieurs régions du Maghreb, surtout Berbères, en Afrique du Nord.

    Le passage du calendrier julien au calendrier grégorien, promulgué par le pape Grégoire XIII en février 1582, a eu lieu dans un court délai, souvent moins d'un an, dans la plupart des pays catholiques ; en revanche, les pays protestants comme les pays orthodoxes ont ignoré ou refusé cette réforme, du fait qu'ils récusaient l'autorité religieuse du pape,  comme les pays non chrétiens, musulmans ou autres. La réforme consistait dans la suppression de trois années bissextiles sur une période de 400 ans, afin d'empêcher une dérive (assez faible) du calendrier par rapport aux événements astronomiques connus de longue date (équinoxes et solstices) ; mais elle avait un aspect immédiat plus difficilement acceptables avec  la suppression de dix jours, afin de rattraper le retard accumulé depuis l'Antiquité : par exemple, dans le royaume de France, la datation de 1582 est passée du 9 décembre au 20 décembre. Mais comme cette réforme était scientifiquement fondée, les pays protestants et les pays orthodoxes l'ont finalement acceptée entre 1700 et 1923, de même que certains pays musulmans au xixe siècle ou au xxe siècle, l'adoption du calendrier grégorien n'entrainant pas nécessairement la disparition complète du calendrier julien qui a coexisté avec le nouveau calendrier grégorien. On juxtaposer alors les deux dates sur les documents officiels. L’article de Wikipedia donne comme exemple le royaume de Pologne où le calendrier grégorien était adopté depuis 1582 mais comme ce pays appartenait aux tsars de Russie qui restés attachés au calendrier julien, les deux dates ont cohabité jusqu’en 1918 où la Pologne est devenue une république indépendante. deux Eglises orthodoxes, celle de Finlande et celle d’Estonie ont adopté le calendrier grégorien. Quant à l’Eglise orthodoxe russe, elle n’a jamais accepté ce calendrier grégorien imposé par le gouvernement communiste athée et a gardé strictement le calendrier julien.

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    Ma plume est comme l’aile d’un oiseau

    Ma plume est comme l’aile d’un oiseau

    L’agence de presse britannique Reuters a révélé dans une longue enquête reprise ce 8 décembre par Le Monde Afrique https://www.lemonde.fr/afrique/article/2022/12/08/au-nigeria-plus-de-10-000-anciennes-otages-de-boko-haram-victimes-d-avortements-forces-selon-reuters_6153486_3212.html?xtor=EPR-33280896-[afrique]-20221210-[zone_edito_1_titre_3]&M_BT=34845933607985

    l’existence d’un programme secret de l’armée nigériane visant à  mettre fin, par des avortements forcés, aux grossesses des jeunes femmes  et anciennes otages, enlevées par Boko Haram (un  groupe djihadiste salafiste et terroriste). Des femmes et des jeunes  filles capturées par ces djihadistes dans les villages  nigérians (on se  souvient de l’attaque d’écoles de filles où elles étaient enlevées)  violées et mariées de force à leurs geôliers. « Depuis l’année 2013 au moins, l’armée nigériane conduit un programme d’avortement secret, systématique et illégal dans le nord-est du pays », affirme l’agence Reuters.  Selon les données récoltées par ses journalistes, au moins  10 000 anciennes otages de Boko Haram auraient subi ces avortements  forcés après avoir été secourues par les militaires nigérians. Une  opération à grande échelle, selon l’enquête, les documents et  témoignages recueillis étant validés par les forces de sécurité et les  personnels de santé ayant pratiqué ces avortements forcés si l’on en  croit les témoignages.  Ces avortements pratiqués dans des conditions  sordides, sans que ces femmes et souvent de très jeunes filles, soient  mises au courant, seraient responsables de la mort de plusieurs selon  des témoins.  Mais selon l’enquête de Reuters, si certains personnels de  santé nigérians ont estimé que ces avortements étaient nécessaires « pour sauver ces femmes de la stigmatisation après avoir donné naissance à un enfant de Boko Haram » les forces de sécurité ont fermement démenti : les journalistes sont accusés d’avoir monté une « fiction », « insulte aux Nigérians et à leur culture qui respecte leur vie ». Les  officiers nigérians invoquent un programme d’une telle ampleur que ces  avortements forcés n’auraient pu échapper aux responsables des affaires  humanitaires de l’ONU au Nigeria qui eux semblent se réfugier dans un  silence prudent ! Et le nord-est du Nigeria souffle de puis la mort  d ‘Abubkar Shekau, le chef historique de Boko Haram ui s’en prenait  violemment aux civils : « Les insurgés ne tuent plus comme  avant, les agriculteurs subissent moins d’attaques mais la situation  n’en est pas moins dramatique puis que 4,4 millions de personnes  souffrent de faim aiguë dans tout le nord-est du Nigeria. Et si les  autorités sont désireuses de pousser les civils réfugiés dans des camps à  reprendre le chemin de leurs champs et ainsi relancer l’économie, cette  décision pourrait mettre en danger une population vulnérable, déjà  menacée par l’insécurité alimentaire et qui subit depuis des années la  violence des islamistes qui terrorisent encore en silence les habitants  et la violence de l’armée nigériane, constatait la correspondante du Monde.  Le quotidien https://www.lemonde.fr/international/article/2022/11/14/nigeria-une-vingtaine-de-femmes-tuees-par-boko-haram_6149821_3210.html
    a publié par ailleurs, le 14 novembre dernier, un article sur des  militants de Boko Haram  qui auraient tué  quatorze des quelque quarante  femmes arrêtées et accusées de sorcellerie dans le nord-est du Nigeria,  dans l’Etat de Borno. C’est le chef djihadiste qui a ordonné que ces  femmes soient abattues après qu’elles aient été accusées d’être  responsables de la mort de ses enfants. Une femme a pu s’échapper et  elle a appris que sa mère, deux tantes et neuf autres femmes avaient été  massacrées, toujours sur ordre du même chef djihadiste. Les accusations  de sorcellerie ne sont pas rares au Nigeria, malgré le conservatisme  religieux du pays, divisé entre un nord majoritairement musulman et un  sud majoritairement chrétien. Les forces de sécurité nigérianes semblent  démunies devant la violence de Boko Haram et l’on compte quelque 40 000  morts et 2 millions de déplacés depuis l’insurrection djihadiste de  2009.

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    « Ma plume est comme l’aile d’un oiseau ; elle vous dira ces  pensées que nous n’avons pas le droit de penser, ces rêves que nous ne  sommes pas autorisés à rêver. »

    Parfois, des voix de femmes afghanes s’élèvent des rues de Kaboul et  d’autres villes dans de petites manifestations bruyantes. Souvent, elles  résonnent dans les discours de femmes désormais lointaines, hors  d’Afghanistan. Mais la plupart du temps, leurs pensées ne sont exprimées  que silencieusement, dans des endroits sûrs. Ou bien elles bouillonnent  dans leurs têtes alors qu’elles tentent de concilier leur vie avec les  règles de plus en plus rigides du gouvernement taliban. Ces talibans qui  restreignent de plus en plus les vêtements que les femmes portent, où  elles travaillent, ce qu’elles peuvent faire ou non de leur vie.

    Dans les mois qui ont précédé le retour des talibans, en août 2021,  18 écrivaines afghanes ont écrit des histoires fictives, tirées de vies  réelles, et publiées au début de cette année dans le livre, My Pen is the Wing of a Bird. Le site de BBC News https://www.bbc.com/news/world-63638876  , de la BBC, en publie des extraits. Pour que les voix de ces femmes ne  se perdent pas dans les ténèbres dans lesquelles des « fous de Dieu »  tentent de les étouffer.  Car de nombreuses femmes afghanes se sont  senties abandonnées par la communauté internationale. Alors, ces  écrivaines ont utilisé leurs stylos et leurs téléphones pour se  réconforter et réfléchir aux problèmes auxquels sont actuellement  confrontées des millions de femmes et de filles d’Afghanistan. Deux  écrivaines à Kaboul, sous les pseudonymes de Paranda et Sadaf, ont  partagé leurs pensées, écrites en secret.

    ‘Est-ce qu’une écharpe rose est un péché ?’

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    « Aujourd’hui je me suis réveillée avec détermination. Quand  j’ai choisi mes vêtements, j’ai décidé de porter un foulard rose pour me  battre contre le foulard noir que je porte au quotidien… est-ce un  péché de porter un foulard rose ? », écrit

    Paranda qui préfère porter du rose, pour se sentir féminine. Mais  ce que les femmes choisissent de porter est désormais un champ de  bataille. Des édits talibans stricts sur la pudeur sont appliqués,  souvent avec force. » Dans cette société traditionnelle, les  femmes afghanes ne se battent pas contre le voile – certaines veulent  juste avoir le droit de choisir. Vous le voyez dans les rues, dans les  espaces publics : une écharpe rose, une garniture étincelante, un peu de  lumière dans le noir. Les femmes afghanes ont mené la charge lors de  rares manifestations publiques. De petites foules courageuses sont  descendues dans les rues de Kaboul et d’autres villes en brandissant des  banderoles appelant à « du pain, du travail, de la liberté. »  Elles ont été dispersées par la force et certaines emprisonnées.  Certaines ont disparu en détention.  De l’autre côté de la frontière, en  Iran, ce sont aussi les femmes qui appellent au changement, aux cris de  « femmes, vie, liberté » et demande de mettre fin au  port obligatoire du hijab. Pour les Afghanes, c’est le droit des femmes  de travailler, des filles d’être éduquées. « Je saupoudre des  étincelles d’espoir à la surface de mon cœur… Il y a un feu en moi. Il y  a un esprit en moi qui me dit de me battre. Je dois espérer que ces  ténèbres seront changées en lumières. 

    Les Afghans disent souvent que l’espoir est la dernière chose  à mourir. Ces dernières années, avant que les talibans ne prennent le  pouvoir, lorsque la violence quotidienne s’est intensifiée, certains ont  dit que l’espoir avait également été tué. Mais les gens qui ont vécu  tant de choses s’accrochent à l’espoir qui existe encore. »

    Attaque violente contre le mari de Nancy Pelosi et violence politique dans le contexte des éléctions de mi-mandat aux USA - Au Québec : lettre ouverte de plus d’une centaine de représentants d’Eglises évangéliques - Regain de tensions en Nouvelle-Calédonie -

    Attaque violente contre le mari de Nancy Pelosi et violence politique dans le contexte des éléctions de mi-mandat aux USA - Au Québec : lettre ouverte de plus d’une centaine de représentants d’Eglises évangéliques - Regain de tensions en Nouvelle-Calédonie -

    En pleine campagne pour les élections de mi-mandat, l’attaque violente contre le mari de Nancy Pelosi, la présidente de la Chambre des représentants du Congrès américain a stupéfié la nation. Un exemple encore s’il en été besoin de cette violence politique qui a augmenté au cours des dernières années aux Etats-Unis avec peut-être pour apothéose, après la défaite de Donald Trump, l’assaut du Capitole par ses partisans déchaînés, le 6 janvier 2020. Paul Pelosi, 82 ans, a été blessé à la tête, au bras et à la main par son agresseur qui l’a frappé avec un marteau mais qui en fait recherchait Nancy Pelosi dans la maison du couple, criant « Où est Nancy ? Où est Nancy ? »  ce même cri qui avait été entendu lors de l’attaque du 6 janvier, alors que les émeutiers recherchaient Nancy Pelosi et saccagèrent son bureau au Capitole.  Dernière en date donc, cette attaque violente qui prolonge un cycle d’épisodes agressifs, d’altercations physiques, de menaces contre des membres du Congrès ou des juges de la Cour suprême lorsque leurs décisions ne plaisent pas à certains. Violence qui oblige même les membres de certains conseils scolaires locaux à porter un gilet pare-balles raconte le site politique The Hill ! L’ancien chef de la police de Washington constate, dans une interview sur la chaîne CNN : « Le nombre de menaces a considérablement augmenté, et il semble que le climat continue de se détériorer. » Ainsi, entre le 1er janvier et le 23 mars de cette année, le département de la police du Capitole a déjà enregistré 1820 dossiers concernant des déclarations injurieuses et des menaces contre des représentants (l’équivalent de nos députés). L’an dernier avait connu une augmentation des plaintes de quelque 144 % par rapport à 2017 ! Et la police du Capitole venait de commencer l’examen des mesures de sécurité des principaux représentants lorsque l’incident violent de San Francisco, dans la maison des Pelosi, s’est produit et il devrait inciter à offrir une plus grande sécurité aux représentants de la Nation. On constate aussi que la violence a touché les membres des deux partis (démocrate et républicain) au fil des ans : attaques avec une arme à feu ou un couteau, menaces de mort, ont été utilisées contre les représentants.  « La peur et la haine qui nous divisent, nous dressant les uns contre les autres dans ce pays, sont un danger réel et actuel pour notre démocratie » n’hésite pas à dire publiquement la représentante démocrate du Michigan et Nancy Pelosi, démocrate libérale, est une cible depuis des décennies. Adam Kizinger, l’un des deux représentants républicains qui siègent à la commission d’enquête du 6 janvier sur l’attaque du Capitole,  suggère un lien entre la montée des discours politiques passionnés et la flambée de la violence politique : « Je veux être clair, dit-il : Lorsque vous convainquez les gens que les politiciens truquent les élections (Trump affirme toujours qu’on lui a volé par fraude la victoire et ses partisans, qui lui vouent un véritable culte considèrent le présent gouvernement et  le président Joe Biden comme illégitimes], que certains enlèvent des bébés pour boire leur sang ! [et bien pire encore, ça ce sont les complotistes], vous obtenez de la violence. »  Une violence aveugle. Et Trump, encore lui, entretient cette tension lorsqu’il déclare que s’il est réélu à la présidence de Etats-Unis lors des élections présidentielles de 2024, il envisagera de pardonner aux émeutiers du Capitole, ce qui enchante bien sûr l’extrême-droite et tous les complotistes (Oath Keepers et Proud Boys entre autres, son électorat choyé, prêt à prendre les armes. Car le potentiel de violence à grande échelle existe aujourd'hui comme en 1861. Les Américains possèdent près de 400 millions d'armes à feu, concentrées dans le Sud, le Midwest et l'Ouest. Une grande partie des électeurs de Trump conviennent que « les vrais patriotes devront peut-être recourir à la violence pour sauver les Etats-Unis ». Près de 100 milices contestataires ont été identifiées dans le pays dont les plus virulentes, Oath Keepers et Proud Boys, sont prêtes à en découdre. Mais 2022 n'est pas 1861, lorsque la moitié de la nation a choisi de partir et que l'autre moitié a résisté avec force. Et The Hill pose la question : Donald Trump veut-il faire renaître une autre guerre civile en feignant d’ignorer ce que les deux guerres civiles du 19e siècle ont coûté en victimes, en division violente entre Nord et Sud, dont la nation américaine n’est pas entièrement remise. Même si les institutions fédérales (tribunaux, police, armée) sont respectueuses de la Constitution. Alors que faire ? Les leaders républicains se doivent de condamner fermement la violence et avoir le courage de prendre leurs distances, même au prix d’une élection, de ceux qui menacent de recourir à la violence. Ce moment est venu. Le première Guerre civile était inévitable. Pas celle-ci.

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    Le Devoir, un quotidien canadien de Montréal publiait en février 2021 une lettre ouverte de plus d’une centaine de représentants d’Eglises évangélique américaines décidés à condamner la radicalisation et la violence politique de nombre de leurs fidèles aux Etats-Unis dont l’insurrection du Capitole le 6 janvier 2020 par des partisans de  Donald Trump a été un point d’orgue à leurs yeux. Dans leur lettre, toujours d’actualité, ces responsables évangéliques américains reconnaissaient désormais « l’urgence de dénoncer la mutation violente » qui affecte le courant religieux [évangélique] mutation portée par « un nationalisme chrétien radicalisé » qui cause des dommages dans « le monde, dans l’Église et dans la vie des individus et des communautés. » Ces représentants d’Églises évangéliques américaines en veulent pour exemples « les nombreuses pancartes et références à Jésus que brandissaient les fidèles de Trump et ils déplorent les prières prononcées par les insurgés au sein même du Sénat. »  Il faut rappeler que l’attaque des troupes trumpistes visait à empêcher la proclamation de la victoire de Joe Biden et que 5 personnes sont mortes ce jour-là. « Le Jésus qui a accompagné ces gestes n’est pas le Jésus que nous servons, représentant de la paix », a déclaré Jerushah Duford, la petite-fille de l’évangéliste Billy Graham, signataire de la lettre ouverte et une voix forte aux Etats-Unis qui ne craint pas de s’exprimer régulièrement contre Donald Trump et les sombres affinités entre le mouvement évangélique et l’idéologie trumpiste. La coalition d’évangélistes estimait que sa « foi ne lui permettait plus de garder le silence à un moment comme celui-ci » dans l’histoire des États-Unis où les « valeurs bibliques » sont utilisées pour « diaboliser les immigrants » ou « les opposants politiques à Donald Trump. » Ainsi, lors d’un rassemblement à caractère religieux tenu à Washington la veille de l’insurrection du 6 janvier, Joe Biden avait été dépeint comme un « esclave de Satan » par Alex Jones, figure forte du nationalisme chrétien, conspirationniste et fervent défenseur du milliardaire autoproclamé. « Nous ne voulons pas être des complices silencieux de ces péchés », ajoutent les signataires de la lettre ouverte aux évangéliques, tout en appelant les « pasteurs, les ministres du Culte et les prêtres à dire clairement que l’engagement pour Jésus-Christ est incompatible avec les appels à la violence, le soutien d’un nationalisme chrétien blanc, des théories de la conspiration et toutes les discriminations raciales et religieuses ».

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    Au moment où l’on parle d’un regain de tension en Nouvelle-Calédonie, entre caldoches et kanaks, il serait bon de se souvenir du dialogue instauré entre ces deux communautés après la violence et les morts de 1998. Et de la mission de dialogue inventée par Michel Rocard alors Premier ministre, qui permit aux « ennemis » des deux camps de se serrer finalement la main.

    Souvenons-nous du massacre d’Ouvéa !

    En 1988 la Nouvelle Calédonie est au bord de la guerre civile. Des hélicoptères sillonnent le ciel de Nouméa. En avril, des Kanaks indépendantistes armés attaquent la gendarmerie de Fayaoué, sur l’île d’Ouvéa. Quatre gendarmes sont tués, les vingt-sept autres sont pris en otage et emmenés dans la grotte de Gossanah. Le 5 mai, le GIGN et des commandos militaires français prennent d’assaut la grotte. Deux militaires et dix-neuf Kanaks sont tués, une partie de ces derniers exécutés de sang-froid. 

    La tension est à son comble. Michel Rocard est nommé Premier ministre par François Mitterrand et Lionel Jospin ministre de l’Éducation nationale. Tous deux, protestants, sont portés à l’écoute et au dialogue plutôt qu’à l’autorité verticale. D’autant plus que les religions jouent un rôle primordial en Nouvelle Calédonie : les Kanaks protestants et les Caldoches catholiques (à l’opposé étonnant de leurs dirigeants : Jean-Marie Tjibaou, représentant les Kanaks est catholique et le caldoche Jacques Lafleur, protestant !)

    Michel Rocard constitue une « mission de dialogue » comprenant le pasteur Jacques Stewart, président de la Fédération protestante de France, le chanoine Guiberteau, recteur de l’université catholique de Paris et Roger Leray, grand maître du Grand Orient de France. Cette mission, réunie au nom de ces importantes valeurs spirituelles, reçoit et écoute avec attention et respect tous ceux qui s’étaient inscrits, des planteurs de café, des religieuses catholiques, des jeunes Mélanésiens, des éleveurs caldoches, sur une l’île où l’on ne s’écoutait plus, où tout dialogue semblait rompu… « Nous servions d’exutoire à toutes les angoisses et les frustrations, aux peurs du lendemain. Les personnes s’allégeaient des bagages de rumeurs qu’elles portaient et colportaient. 

    Cette présence respectueuse dura trois semaines et porta ses fruits : Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur finirent par échanger officiellement une poignée de main historique qui ouvrait à un avenir de réconciliation dont on espérait qu’il déboucherait, trente ans plus tard, sur un accord définitif de paix.

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    Visite à Moscou d’une délégation du Conseil œcuménique des Eglises - Giorgia Meloni s’affiche comme croyante catholique traditionnelle - Vent debout, pour ou contre le projet d’une immense statue du Christ sur le mont Hatis -

    Visite à Moscou d’une délégation du Conseil œcuménique des Eglises - Giorgia Meloni s’affiche comme croyante catholique traditionnelle - Vent debout, pour ou contre le projet d’une immense statue du Christ  sur le mont Hatis -

    L’hebdomadaire anglican anglais <strong>Church Times </strong>a publié le 21 octobre un long article sur la situation en Ukraine et la visite à Moscou d’une délégation du Conseil œcuménique des Eglises pour rencontrer le patriarche orthodoxe russe Kirill de Moscou.


    Les dirigeants d’Eglises en Ukraine ont dénoncé <strong>« les attaques de missiles et de drones russes empêchant l'approvisionnement en énergie et en eau de l'Ukraine. Alors que nous prions pour les victimes et demandons à Dieu de bénir nos défenseurs, nous appelons également la communauté internationale et les chefs religieux du monde à condamner ces actes de terreur d'État »,</strong> a déclaré le Conseil ukrainien qui regroupe des Eglises et des organisations religieuses et réunit des dirigeants orthodoxes, catholiques romains et protestants, ainsi que des juifs et des musulmans.<strong> « Tous ceux qui participent à ces attaques brutales contre des villes paisibles - les dirigeants qui donnent des ordres, les auteurs directs et tous ceux qui justifient de tels actes de cruauté inhumaine - doivent savoir qu'ils en répondront devant le Dieu Tout-Puissant et seront punis pour leurs crimes. », </strong>a encore déclaré le Conseil ukrainien


    qui réagissait à de nouvelles frappes russes contre des cibles civiles à Kyiv et dans d'autres villes, frappes qui ont détruit l'approvisionnement en électricité et en eau à l'approche de l'hiver. Le président Zelensky a confirmé qu'un tiers des centrales électriques ukrainiennes été détruites, laissant plus de 1000 zones urbaines sans électricité.


    Le primat de l'Église orthodoxe ukrainienne indépendante, le métropolite Épiphanie, a déclaré ce week-end que les défenseurs du pays comptaient sur <strong>« la protection et la force</strong> <strong>» </strong>de la Vierge Marie dans leur <strong>« combat victorieux » </strong>contre « <strong>les envahisseurs et assassins russes. »</strong> On constate aussi une certaine unanimité des Eglises orthodoxes russes en Europe occidentale à condamner le soutien sans faille à la guerre qu’apporte Kirill de Moscou et les communautés orthodoxes russes et ukrainiennes avaient  réagi en septembre avec <strong>« douleur et incompréhension »</strong> lorsque Kirill de Moscou avait osé promettre que les soldats russes seraient pardonnés de leurs péchés s’ils mourraient au combat en Ukraine.


    En soutien à la paix, le représentant des communautés orthodoxes russes d'Europe de l’ouest a de nouveau exhorté le patriarche orthodoxe Kirill de Moscou à appeler à la fin de cette <strong>« guerre fratricide »,</strong> maintenant dans son huitième mois. Enfin, le primat de l'Église orthodoxe russe en Estonie (l’un des trois Pays baltes), a dans une lettre ouverte déclaré que ses fidèles estoniens et lui-même rejetaient la position pro-guerre du patriarche Kirill. A ces condamnations, le patriarche Kirill n’a su répondre que par des accusations : <strong>« l’Occident cherche à conquérir et détruire la Russie, à nous priver </strong> <strong>de notre souveraineté et de notre liberté »</strong> ou encore <strong>« l’Ukraine appartient au monde russe. » </strong>et réitérer son affirmation <strong>: « La Reine des Cieux (comprendre la Vierge Marie) donne la force à notre peuple pour stopper l’ennemi, veille sur l’armée russe et protège les frontières de notre patrie [</strong>qu’il appelle<strong> « la Russie historique »] </strong>et doit<strong> « rester unie spirituellement au monde russe et à l’Eglise orthodoxe russe.]  </strong>Quant au pape François, il  a dénoncé dans un livre de prières récemment sorti, les<strong> « guerres manipulées et les faux prétextes invoqués  pour attaquer un autre pays […]  Il n’y a aucune situation qui puisse justifier une guerre juste et jamais de place pour la barbarie militaire [et le terrorisme] » </strong>a-t-il déclaré<strong>.</strong>


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    Le professeur Sauca, secrétaire général du Conseil œcuménique des Églises dont l’Église orthodoxe russe est membre, conduisait une délégation  à Moscou pour rencontrer entre autres le patriarche Kirill.  Il a ensuite déclaré que le patriarche était au courant des déclarations du Conseil œcuménique <strong>« condamnant la guerre et la violence ».</strong> Sa délégation était venue à Moscou  pour <strong>« construire des ponts de paix et de réconciliation et arrêter l'effusion de sang et le danger de conflagration nucléaire », </strong>a expliqué le délégué du Conseil œcuménique. qui a raconté avoir exhorté Kirill à <strong>« clarifier sa position personnelle sur la guerre »</strong> en appelant à <strong>« arrêter l'effusion de sang, arrêter les tueries, arrêter la destruction des infrastructures et rechercher la paix et la réconciliation".</strong>


    Le communiqué du COE indique que curieusement le patriarche semblait ignorer que ses sermons et discours semblaient offrir (un euphémisme !) <strong>« une argumentation théologique et un soutien à la guerre. »</strong>. Le secrétaire général du Conseil œcuménique, le professeur Sauca, a aussi demandé au patriarche de Moscou d'expliquer comment il justifiait la notion de <strong>« guerre sainte </strong>» en Ukraine. Réponse du patriarche : <strong>« En tant qu'Églises, nous sommes appelés à être des artisans de paix et à défendre et protéger la vie - la guerre ne peut pas être sainte »</strong>, a répondu Kirill. <strong>« Mais, quand on doit se défendre et défendre sa vie, ou donner sa vie pour</strong> <strong>les autres, les choses semblent différentes, </strong>a justifié Kirill. Et il a invoqué <strong>« les puissances et les autorités obscures du monde, qui remettent en question  les valeurs de l'Évangile. Et de tels pouvoirs sont partout présents. » [</strong>…] A commencer probablement par l’Ukraine, où il faut combattre ces forces obscures dans le sang et les larmes, se justifie Kirill, sans état d’âme…


    <a href="https://www.churchtimes.co.uk/articles/2022/21-october/news/world/church-leaders-condemn-russian-air-raids"><strong>https://www.churchtimes.co.uk/articles/2022/21-october/news/world/church-leaders-condemn-russian-air-raids</strong></a><strong>?</strong>


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    Giorgia Meloni est, depuis la semaine passée, cheffe du gouvernement italien. D’extrême-droite, elle s’affiche comme croyante catholique et dit adhérer aux <strong>« valeurs morales traditionnelles » </strong>de l’Église catholique. Enfin d’une certaine Église catholique traditionnelle,  peu en phase en général avec le monde moderne et très critique, comme Giorgia Meloni, envers les lois dites <strong>« inspirées de la culture LGBT »</strong> à savoir : union civiles de couples de même sexe, reconnaissance des enfants de ces couples, possibilité pour eux d’adopter. Mais, note la presse, <strong>« les motifs de discorde de Giorgia Meloni avec le Vatican et le pape François sont aussi très nombreux. » </strong>Pourquoi ? Un article du<strong> Monde des religions </strong><a href="https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2022/10/18/italie-giorgia-meloni-et-le-pape-francois-peuvent-ils-s-entendre_6146357_6038514.html">https://www.lemonde.fr/le-monde-des-religions/article/2022/10/18/italie-giorgia-meloni-et-le-pape-francois-peuvent-ils-s-entendre_6146357_6038514.html</a> du 19 octobre et signé d’un prêtre italien et journaliste, énumère  ces motifs de discorde : Giorgia Meloni a été accueillie par une explosion de joie de la droite catholique la plus traditionnaliste, elle n’a pas clairement rompu avec la tradition du  fascisme  et  l’accent mis sur le nationalisme et l’identité italienne ne s’accorde pas avec l’universalisme du Vatican. Une alliance du nouveau gouvernement avec les 4 pays d’Europe centrale (Hongrie, Tchéquie, Slovaquie et Pologne) connue sous le nom de groupe de Visegrad et opposés à la politique migratoire de l’Union européenne, souverainistes, défendant l’identité nationale, sont soutenus par les évêchés d’Europe centrale et critiques envers le pape. Autre danger : le populisme de Meloni qui fait perdre de leur importance aux pouvoirs intermédiaires (comme les syndicats) pour un chef investi directement par le peuple (une démocratie illibérale à la Orban). « <strong>Enfin,</strong> souligne <strong>Le Monde des religions,  la question de l’islam et le droit des immigrés qui pour Meloni est identifié à un danger et attise la peur. »</strong>  Quant au  renouveau économique promu par François, qui veut réorganiser l’économie en l’ouvrant au <strong>« don » et « à la responsabilité sociale </strong>», il ne s’accorde pas vraiment avec le projet d’une droite traditionaliste. Aucun affrontement n’est prévu à court terme. « <strong>Toutefois, </strong>écrit Lorenzo Prezzi <strong>: les évêques italiens ont déjà réaffirmé leur mission de </strong><strong>”montrer la voie, avec sévérité si besoin, du bien commun et non de l’intérêt personnel, de la défense des droits inviolables de la personne et de la communauté.” »</strong>


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    Le Premier ministre arménien, un oligargue arménien, des archéologues, les autorités de l’Église apostolique arménienne, l’Église-mère des Arméniens, sont vent debout, pour ou contre le projet d’une immense statue du Christ  sur le mont Hatis un volcan éteint de 2528 m à une trentaine de kilomètres de la capitale arménienne Erevan. Sortie du cerveau affairiste de Gagik Tsarukyan, un homme d’affaires arménien plus que douteux, la statue avec ses 33m prévus, sur un piedestal qui la propulserait à 77m battrait tous les records mondiaux de hauteur, accompagné d’un centre commercial. Les archéologues qui avaient un projet de fouilles sur ce lieu daté du 3<sup>e</sup> millénaire avant Jésus-Christ voient avec désolation le site ravagé depuis l’été par les bulldozers. On ne sait plus très bien qui a donné sans donner le feu vert : le Premier ministre y voit une source de revenus touristiques quand les autorités culturelles accusent le promoteur d’avoir violé la loi sur la protection du patrimoine géologique d’un lieu classé depuis 2008 et n’avoir obtenu aucune permission pour les travaux. Quant à l’Église apostolique arménienne elle dénonce une hérésie théologique : en 1700 ans d’existence, elle n’a jamais érigé une représentation divine en statue, une pratique catholique. De plus Tsarukyan a privatisé la montagne à son seul profit, au nom de Jésus !


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    Tenue correcte exigée au Rwanda - Kirill : bon anniversaire Poutine - Au Brésil : des relations ambigües entre évangéliques et politiques

    Tenue correcte exigée au Rwanda - Kirill : bon anniversaire Poutine - Au Brésil : des relations ambigües entre évangéliques et politiques

    « Les femmes doivent couvrir leur corps, ni trop ni trop peu. » C’est ainsi que The Continent, un magazine hebdomadaire africain résume la situation déclenchée par une jeune femme rwandaise qui avait assisté à un concert à Kigali habillée d’une robe noire totalement transparente et laissant voir des sous-vêtements noirs aussi. Une semaine après le concert, la police rwandaise avait arrêté la belle et elle avait été retenue en détention 10 jours pour « conduite indécente », une loi qui remonte à l’ère coloniale. Sauf que depuis, les femmes sont majoritaires au Parlement rwandais et qu’elles ont été rudement interpelées sur les réseaux sociaux qui questionnent leur mutisme et leur silence : « A quoi sert d’avoir une majorité de femmes au Parlement ?  Où sont ces supposées leaders lorsqu’on a besoin d’elles ? Comment une jeune femme de 24 ans peut-elle être mise en prison pour sa manière de s’habiller ? C’est si minable ! » a réagi une Rwandaise citée par le magazine. Et les réactions se sont multipliées dans le même sens, d’autant que le porte-parole de la police a cru bon de dénoncer à son tour les mini jupes, trop mini à son goût et d’autres les jeunes qui boivent trop, les tenues indécentes et le nombre de grossesses parmi les adolescentes. Une pétition en ligne a appelé à la libération de Lillian Mugabekazi et elle a été libérée. Plus curieux, le mufti du Rwanda (un mufti est un interprète de la loi musulmane et peut émettre des fatwas) en avait émit une interdisant de porter le niqab (le visage couvert) que les dévotes musulmanes peuvent porter. Il avait justifié sa fatwa en déclarant que ces voiles avaient été utilisés par des terroristes de part le monde et mettaient la sécurité du pays en danger… A toutes ces justifications sur l’habit des femmes, une avocate spécialisée dans la défense des femmes pointe du doigt une société où « le sexisme grandit, au nom de la culture rwandaise et de la moralité du peuple.  Nous sommes en train de devenir une société où l’on justifie le sexisme et les violeurs par le nombre important de grossesses des adolescentes à cause de leur manière de s’habiller ! C’est décevant ! »

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    Le patriarche orthodoxe russe de Moscou et de toutes les Russies, qui n’hésite pas à proclamer que « Dieu a  placé [Vladimir Poutine] au pouvoir », n’a pas manqué de souhaiter « des forces physiques et morales pour de nombreuses années encore » au leader du Kremlin dont c’était le 70e anniversaire, la semaine passée.  Des louanges à faire rougir le maître du Kremlin, une pluie d’éloges en dépit de la situation d’isolement international et des revers militaires qui s’accumulent en Ukraine. L’attentat contre le fameux pont de 14 km, qui relie la Crimée à la Russie semble d’ailleurs avoir été une manière pour les Ukrainiens de « fêter » à grand bruit les 70 ans de Poutine pour lui rappeler que la Crimée appartient toujours au peuple ukrainien ! Dans son message, le patriarche orthodoxe Kirill a loué le dirigeant Poutine pour « la transformation de l'image de la Russie, le renforcement de sa souveraineté et de ses capacités défensives, la défense des intérêts nationaux.  Vous avez acquis la réputation d'un leader loyal à sa Patrie et qui l'aime sincèrement et lui donne toutes ses forces », a souligné Kirill. « Que vos forces ne s'épuisent pas et que l'aide de Dieu pour vous soit grande. » De là à penser que Poutine mène une guerre sainte avec l’aide de Dieu… Un « Got mit uns » à la russe. Il y a des années que le patriarche Kirill, en place depuis 2009, a mis son Eglise au service du Kremlin en échange de pouvoir et d’avantages importants, entre autres financiers. En 2012 déjà, il n’avait pas hésité à qualifier Poutine de « miracle » pour la Russie. Et bien sûr, le religieux soutient sans état d’âme l’offensive russe contre l’Ukraine. Il a appelé à « faire corps autour du pouvoir » pour vaincre les « ennemis » de l’union historique entre la Russie et l’Ukraine et a assuré que les militaires russes mourant au combat seront « lavés de leurs péchés ». Le salut en échange de leur sang… 

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    Le patriarche Kirill, chef des orthodoxes russes depuis 2009, a mis son Eglise au service du pouvoir de Vladimir Poutine et l'avait déjà qualifié en 2012 de "miracle" pour la Russie. Les deux hommes partagent l'ambition d'une Russie conservatrice dominatrice. Ils s'entendent en particulier sur l'idée d'une décadence morale, d'un Occident en déclin, notamment du fait de la tolérance à l'égard des LGBT. La semaine dernière encore, Vladimir Poutine avait dénoncé l'avènement du "satanisme".Le soutien sans faille de Kirill à Poutine lui a valu depuis l’été des sanctions internationales comme « agent de désinformation et de propagande russes. » Enfin, plus grave, le concile de l’Eglise orthodoxe ukrainienne rattachée à Moscou a annoncé en mai dernier qu’elle rompait les liens avec le patriarche Kirill et déclaré qu’elle devenait « pleinement indépendante » des autorités spirituelles russes : « Nous ne sommes pas d'accord avec le patriarche moscovite Kirill (...) en ce qui concerne la guerre en Ukraine », a expliqué dans un communiqué l'Église orthodoxe russe en Ukraine à l'issue d'un concile consacré à « l'agression » russe contre son pays. Lors de ce concile, cette Eglise qui avait tenté de conserver des liens avec le Patriarche de Moscou auquel elle était subordonnée, a décidé « la pleine indépendance et l'autonomie de l'Église orthodoxe ukrainienne » le concile a appelé à « mettre fin à l’effusion de sang ». La nouvelle Eglise orthodoxe ukrainienne a aussi souligné, dans son communiqué : « Le concile condamne la guerre, qui est une violation du commandement de Dieu 'Tu ne tueras point', et exprime ses condoléances à tous ceux qui souffrent à cause de la guerre. » Et le porte-parole de cette Eglise a précisé « son rejet total de la position du patriarche Kiril : non seulement il n’a pas condamné l’agression militaire de la Russie, mais il n’a pas non plus trouvé de mots pour le peuple ukrainien qui souffre. »  On notera que ce schisme orthodoxe est le second en Ukraine en quelques années. Une partie de l’Eglise ukrainienne du patriarcat de Kiev avait déjà rompu en 2019avec Moscou dont elle dépendait pour prêter allégeance au patriarche orthodoxe Bartholomée, primus inter pares (une primauté d’honneur) et grand rival religieux de Kirill, basé à Istanboul. L’Eglise ukranienne était depuis l’invasion russe de l’Ukraine approuvéepar Kirill dans une situation intenable et des centaines de prêtres orthodoxes avaient signé une lettre ouverte appelant à faire juger le patriarche par un tribunal religieux à cause de ses positions sur le conflit ukrainien. A noter aussi que l'Ukraine est centrale pour l'Église orthodoxe russe, dont certains des monastères orthodoxes les plus importants sont situés dans ce pays. Certains comme le monastère orthodoxe de la Sainte Dormition situé dans la région de Donetsk, en Ukraine orientale et rattachée au patriarcat orthodoxe de Moscou a été la cible d’une attaque russe le 30 mai dernier, tuant 4 religieux et des laïcs dont le doyen du monastère, ou Laure, nom donné aux monastères dans l’Eglise orthodoxe et les Eglises orientales. La Laure de la Sainte Dormition de la Mère de Dieu qui a été bombardé est un monastère important et historique dans l’histoire orthodoxe.  Sa fondation remonterait peut-être au 13e siècle, lorsque des moines de la Laure de Kiev se sont réfugiés dans cette région, fuyant l’invasion mongole. Le monastère a aussi été dévasté à plusieurs reprises par les Tatars de Crimée toute proche. Et aujourd’hui encore, le monastère est un lieu de refuge pour des civils fuyant la guerre actuelle sur le sol ukrainien.

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    RÉSIDENT au Brésil après y avoir travaillé plusieurs années, j’ai apprécié votre article qui présente une vue synthétique des relations entre évangéliques et politique au Brésil.
    Je regrette cependant qu’il évoque peu les compromissions d’une majori- té de pasteurs dans leur soutien
    à Jair Bolsonaro, lequel n’a pourtant eu de cesse d’attaquer les institutions démocratiques, de libéraliser la vente d’armes à feu (+133% en 4 ans),
    de faire obstacle à la vaccination contre le Covid (avec un impact estimé à 95000 morts supplémen- taires par la commission d’enquête parlementaire), de promouvoir
    la haine, la déforestation
    de l’Amazonie et l’élimination
    des Indiens, et de faire l’apologie des tortionnaires sanglants de la dictature (1964-1985). Qui a affirmé que s’ils avaient existé à l’époque, Jésus aurait bien sûr porté des pistolets ! Ce qui n’empêche pas de nombreux leaders évangéliques de le présenter comme l’oint du Seigneur. 

    Comme le constate la jeune députée Tabata Amaral, «Si Jésus-Christ décidait de vivre à nouveau parmi nous, le plus probable est qu’il serait persécuté, attaqué et qualifié de communiste et de malfrat par beaucoup de ceux qui aujourd’hui utilisent son nom pour se maintenir au pouvoir. [...] Les vrais chrétiens ne peuvent se taire devant l’utilisation du nom de Dieu 

    et de l’Église à des fins si opportu- nistes». En effet, souligne l’anthro- pologue Juliano Spyer, qui a écrit avec empathie un livre devenu une référence sur les évangéliques:
    «Le pasteur déterminé et charisma- tique entrera en politique grâce 

    au soutien de son église et des fidèles, sans avoir de cause particulière
    à défendre, mais comme une opportu- nité d’améliorer sa situation écono- mique, d’accroître son pouvoir, 

    de favoriser son église [...]
    Les parlementaires du groupe évangé- lique ne se mobilisent pas contre
    la corruption, pour défendre des projets visant à améliorer la santé
    et l’éducation, méprisent les perspec- tives sociologiques ou mêmes chré- tiennes à propos de la violence, pour défendre la répression policière
    et l’emprisonnement comme moyens de réduire la violence urbaine.»
    En cette période électorale, l’intolé- rance et l’offensive contre la gauche se sont exacerbées: de très nombreux pasteurs prêchent en faveur
    de Bolsonaro et font circuler des
    fake news selon lesquelles Lula établirait une dictature communiste
    et fermerait les églises.
    Effectivement, certains pasteurs progressistes appuient Lula, mais leur situation est difficile. En septembre,
    la Convention baptiste du Brésil
    a contraint à la démission le pasteur Dusilek, président de la Convention de Rio, pour avoir osé participer
    à une réunion de pasteurs avec Lula. Le philosophe Joel Pinheiro
    da Fonseca pose la bonne question: «Comment certaines églises au- jourd’hui, qui prétendent suivre Jésus, justifient-elles de se prosterner devant Bolsonaro en échange de la gloire
    du royaume de ce monde?»
    Avec la croissance continue
    du nombre de pentecôtistes, c’est l’avenir d’un Brésil laïc, tolérant
    et démocratique qui est en jeu. 

    PATRICK PLUEN 

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