Quoi de neuf en Histoire ?

Le 28 novembre 1729, les Natchez, une tribu amérindienne du Mississippi, massacrent les colons français dont ils sont pourtant les voisins depuis des années. Cette attaque aura pour conséquence des représailles qui entraineront un premier exode des Natchez vers l'est, un siècle avant leur second déplacement vers les réserves indiennes par le gouvernement des Etats-Unis. Comment comprendre un tel accès de violence ? Gilles HAVARD utilise les connaissances historiques et ethnographiques pour montrer ce qui dans la société natchez (son organisation, ses rites, son rapport à la violence et à la mort) permet de dénouer le fil de cette histoire tourmentée.

Les troupes coloniales ont été le bras armé de la colonisation en Afrique noire et en Indochine. Mélange de soldats blancs et de tirailleurs indigènes, elles ont eu pour missions de conquérir les territoires, les « pacifier », les administrer et les défendre, dans un contexte de luttes entre puissances européennes pour se bâtir un empire. Le XXème siècle a marqué une évolution importante avec l’envoi de ces troupes en métropole lors des deux guerres mondiales. Dans cette histoire politique et militaire s’étendant du XIXème siècle à la fin de la décolonisation, Julie d’ANDURAIN montre aussi toutes les difficultés que les troupes coloniales ont eues à faire valoir leur spécificité au sein de l’armée française.

Le 21 février 2024, Missak Manouchian et son épouse Mélinée entrent au Panthéon, un événement qui se veut, à travers ce couple, un hommage à tous leurs compagnons d’armes étrangers (Espagnols, Italiens, Juifs d’Europe centrale) qui ont résisté en France durant la Seconde guerre mondiale.

On a beaucoup évoqué Missak Manouchian à travers l’action de son groupe durant l’année 1943 et l’exécution de 23 de ses membres le 21 février 1944 au Mont-Valérien. Mais son parcours s’inscrit aussi dans ce que l’on a appelé la galaxie communiste et pose la question de l’intégration des étrangers en France durant l’entre-deux-guerres. C’est justement cette mise en perspective qui est l’objet du livre de Dimitri MANESSIS et Jean VIGREUX paru aux éditions Libertalia.

Le sociologue Max Weber avait écrit que l'État revendique le monopole de la violence physique légitime. Et en effet, depuis la Révolution française, les forces de police n’ont cessé de croitre et de se professionnaliser. Des citoyens amateurs ont pourtant toujours participé aux fonctions de police, soit lorsque ces dernières étaient absentes ou défaillantes, soit par un intérêt personnel ou de groupe. Depuis la garde nationale révolutionnaire aux actuels voisins vigilants, en passant par les amis de l’ordre et les volontaires durant les deux guerres mondiales, Arnaud-Dominique Houte retrace plus de deux siècles d’histoire d’une mobilisation civique qui s’est faite en parallèle de la construction de l’Etat.  

Ils étaient six. Des proches du Général de Gaulle, ses compagnons de résistance puis ses lieutenants politiques. Pierre Manenti brosse les portraits de Gaston Palewski, Jacques Chaban-Delmas, Michel Debré, Roger Frey, Jacques Foccart et Olivier Guichard, qui ont animé la vie politique de la droite de la fin des années 1940 aux années 1990. Au-delà de leur parcours sous la Quatrième puis la Cinquième républiques et de leurs réalisations, c'est la question du legs gaulliste qui est ici posée.

Les grands ports de la façade atlantique ont mené l’essentiel des expéditions de traite française. Ce que l’on sait beaucoup moins, c’est que ce commerce a également concerné la Méditerranée. Fait suprenant, alors qu'avant 1783 un navire négrier quitte Marseille tous les 3 ans, ce sont 9 bateaux qui partent chaque année entre 1783 et 1793. Pourquoi cette croissance soudaine ? Quelle est l'importance de Marseille dans ce trafic infâme ? nous recevons Gilbert Buti qui reconstitue minutieusement à partir d'archives parcellaires un aspect méconnue de la traite négrière en France.

Quand on évoque l’Ouest américain, le fameux Far-West, de nombreuses représentations issues de la culture western, littéraire et cinématographique, nous viennent immédiatement à l’esprit : les ruées vers l’or, les cowboys menant les bisons dans les Grandes Plaines, les affrontements entre soldats américains et les tribus indiennes. Mais on manque souvent d’une vision globale de ce récit qui s’est étalé sur un siècle et demi, à partir des années 1770 jusqu’au début du XXème siècle.

Comment peut-on penser aujourd’hui la conquête des terres en direction du Pacifique, et ce à l'échelle de tout le continent nord-américain (Etats-Unis ,Canada et Mexique) ? Peut-on dépasser le mythe de la frontière, en vigueur pour expliquer une partie de l'identitié américaine ?

C’est à ce domaine passionnant et relativement peu abordé en France qu’est consacré le dernier livre de Soazig VILLERBU « Nouvelle histoire de l’Ouest ».     

Les mouvements migratoires sont anciens au sein de l’Empire ottoman et en Méditerranée, mais connaissent une nette accélération à la fin du XIXe siècle. Entre les années 1880 et 1920, ce sont environ 300 000 hommes et femmes du Mont-Liban, soit l’équivalent du tiers de la population, qui émigrent dans le monde entier. Ces Syriens, comme on les dénommait communément alors, vont s’installer majoritairement en Amérique. Si l'installation finale a beaucoup été étudiée, on sait peu de choses sur le transit en lui-même. Comment cette étape (ou ces étapes) est-elle vécue par les voyageurs, comment habitent-ils les lieux qui les accueillent temporairement durant leur voyage ? Céline Régnard étudie le parcours des Syriens à Beyrouth, Marseille, Le Havre et New York, autant de lieux de transit entre le point de départ et le point d’arrivée qui ont néanmoins marqué les mémoires de ces migrants.

Que pensaient les premiers Homo sapiens de la mort ? Quelles croyances avaient-ils à propos de l'au-delà ? Des questions existentielles qui agitaient nos ancêtres de la préhistoire. Julien d'Huy utilise une approche scientifique novatrice, la phylomythologie, pour remonter le temps pour reconstruire la mythologie des temps passés. Où l'on apprend que certains mythes étaient largement partagés à la surface du globe et ont laissé une trace, une influence, dans des récits bien postérieurs, y compris dans les grands textes religieux.

Un épisode enregistré en public, en librairie, et qui parle d'une bande dessinée ! Mathieu Sapin, auteur et dessinateur, est un formidable conteur qui se met en scène dans ses livres. Edgar est son beau-père portugais, qui a connu la dictature de Salazar, a fui en France avant de retourner à Lisbonne après la Révolution des Oeillets de 1974. Dans un style plein d'humour e tde bienveillance, Sapin retourne sur les traces d'Edgar entre Lisbonne et Paris. Nous sommes accompagnés par l'historien Yves Léonard, spécialiste du Portugal contemporain, qui nous aide à mieux comprendre cette période charnière. 

Le génocide perpétré à l’encontre des Arméniens en 1915-1917 par le gouvernement des Jeunes-Turcs n'a laissé pour beaucoup d'Arméniens survivants d’autre choix que de fuir l’ancien empire ottoman défait à l’issue de la Première guerre mondiale.  Ils prendront les chemins de l’exil qui en amèneront certains à Marseille dans l’entre-deux-guerres. A partir de simples duplicatas de documents administratifs exhumés dans les fonds d'archives des offices des réfugiés, Anouche KUNTH se livre à un exercice d'écriture qui ajoute à la méthode historique une sensibilité personnelle dans la reconstitution de ces destins personnels et familiaux percutés par le poids de l'Histoire.

Le royaume de Koukou se situait au sein de la province ottomane d'Alger aux XVIè et au début du XVIIe siècles. Il a entretenu de nombreux échanges avec la monarchie des Habsbourg d'Espagne, et les deux alliés ont tenté de mettre sur pied une alliance militaire pour fragiliser la présence ottomane au Maghreb. Le royaume de Koukou a longtemps été oublié, du fait notamment de l'historiographie coloniale francaise du XIXe siècle qui a cherché à effacer les traces de toute présence européenne dans la région avant la conquête française. Natividad Planas désenfouit cette histoire qui montre l'ancienneté des relations de part et d'autre de la Méditerranée.

Semaine spéciale Japon : deuxième épisode ! En complément de l'approche historique développée dans le premier podcast, Julien de la chaîne Youtube et Twitch "La Capsule Manga" nous explique comment les samouraïs ont été représentés dans les mangas au XXème et XXIème siècles. Car la France est, après le Japon, le deuxième pays consommateur de mangas !

Quand on évoque le samouraï, bient immédiatement à l'esprit l’image d’un personnage en armure laquée de jais, le katana, son long sabre, au côté, qui obéit en toute circonstance au bushido, le code d’honneur du guerrier. Cette image fixée en Occident depuis plus d’un siècle ne correspond qu’imparfaitement à la réalité d’un groupe qui a connu bien des évolutions durant le millénaire de son existence au Japon.  

Julien PELTIER s'intéresse à la complexité des samouraïs dans son livre « Une autre histoire des samouraïs. Le guerrier japonais entre ombre et lumière » aux éditions Perrin.  

L'urbex, ou exploration urbaine, consiste à visiter en général sans autorisation des lieux abandonnés (usines désaffectées, bâtiments publics inoccupés, maisons et châteaux en ruines) , dans le but le plus souvent de documenter leur état actuel mais aussi leur histoire et celle de leurs occupants. Timothy Hannem, alias Glauque-land, est l'un des pionniers de cette pratique en France, qui a connu un rapid essor dans les années 2000 grâce aux réseaux sociaux. Dans un beau livre, il rend compte de ses visites les plus marquantes et s'attache à imaginer la vie de celles et ceux qui ont jadis déambulé ou vécu dans ces lieux.

 L’esclavage colonial est un fait majeur de l’histoire de France. Il apparaît aux Antilles dès les
premières années de la colonisation au 17ème siècle. L’esclavage est aboli une première fois lors de la Révolution, restauré en 1802 et définitivement aboli par le décret du 27 avril
1848.  

Deux siècles durant, c’est un élément structurant de ces sociétés. L’image stéréotypée est celle de maîtres blancs exploitant des esclaves noirs. Elle ne tient cependant pas compte de la catégorie des affranchis et de leurs descendants, Ces personnes sont désignées par le terme de « libres de couleur » et vont-elles-même subir le préjugé de couleur, bien que leur poids démographique aille en croissant. 

C’est à cette condition qu’est consacré le dernier livre de Frédéric Régent, « Libres de
couleur », paru aux éditions Tallandier. 

Connaissez-vous les origines troubles de la géopolitique ? Au sortir de la première guerre mondiale, Karl Haushofer et ses disciples fondent l'école allemande de Geopolitik et produisent des travaux détaillant des notions telles que l'espace vital qui sont une source d'inscpiration pour les nazis. A la faveur des succès allemands allemands au début de la seconde guerre mondiale, les Américains vont s'intéresser à ces travaux car ils pensent y trouver l'une des raisons de ces succès. Un débat s'ouvre alors pour savoir s'il faut rejeter, adopter ou adapter cette science nouvelle. Cette question fondamentale de la traversée de l'Atlantique qui est au coeur du livre de Florian Louis, "De la géopolitique en Amérique".

L'antimilitarisme est défini par l'opposition systématique à l'institution militaire. Il apparaît vers le milieu du XIXème siècle, et évolue en fonction des mutations de la guerre, de l'émergence de l'Etat moderne et du renforcement du contrôle exercé par ce dernier sur la société. Initialement promu par les milieux révolutionnaires, anarchistes et socialistes, il évolue au XXème siècle au gré des deux conflits mondiaux et des guerres coloniales. Eric Fournier et Arnaud-Dominique Houte ont dirigé un ouvrage collectif qui éclaire cetet question de l'antimilitarisme du XIXème siècle à nous jours.

 Le 22 mai 1985, le journaliste Jean-Paul Kauffmann et le chercheur en sociologie Michel Seurat
sont enlevés juste après l’atterrissage de leur avion à Beyrouth. C’est la fameuse affaire des otages du Liban, et malheureusement d’autres suivront en 1986. 

Un mouvement inédit de soutien est organisé en France par Joëlle Brunerie, gynécologue, l’épouse de Jean-Paul Kauffmann. Une mobilisation médiatique, artistique et politique qui trois ans durant ne va cesser d’alerter l’opinion publique. Ces événements vont bien évidemment secouer la famille du journaliste, son épouse et ses deux enfants.  

C’est ce récit qui inscrit un destin familial dans une France des années 1980 gouvernée par la gauche mitterrandienne qui est au cœur du livre écrit par un historien qui est également l’ainé des fils Kauffmann, Grégoire KAUFFMAN.   

Dans Mein Kampf, rédigé en prison en 1924-1925, Adolf Hitler fait croire que sa vision du monde est ancienne et mûrie spontanément. C'est vite oublier qu'au sortir de la première guerre mondiale, il n'a pas d'opinions politiques très arrêtées. Anne Quinchon-Caudal retrace les années de formation "intellectuelle" d'Hitler et l'influence de certains mentors, notamment le méconnu Dietrich Eckart. Elle montre notamment que c'est vraiment lors de l'année 1920 que son antisémtisme devient fanatique et central, et le demeurera jusqu'à sa mort.