Ça a commencé par l'envie d'apprendre trois accords de guitare afin de jouer tous les morceaux qui me passaient par la tête. On m'avait toujours dit que c'était trop facile la guitare, un instrument de branleuse. Enfermée dans ma petite chambre, en territoire breton adoptif, j'aurais préféré qu'il pleuve comme on me l'avait prédit à maintes reprises. Mais rien, juste du soleil. Je suis tout de même restée enfermée.Bizarre, vous me direz, de se calfeutrer chez soi au milieu de ce superbe printemps florissant, mais ce fût ainsi.Les premiers progrès à la guitare se sont vite fait sentir. Là dessus on ne m'avait pas menti. En quelques jours je pouvais jouer l'indie-rock de mon adolescence, et comme c'était mon unique objectif, je m'en suis tenue là. Inutile d'aller plus loin.Je suis donc très vite passée à la phase Recording.Un vieil ami m'avait offert un magnifique micro pour enregistrer diverses choses acoustiques, il y a très longtemps.Je ne m'en suis jamais servi, vous pensez. Pendant des années j'vous foutais les synthés en direct dans la carte son et BIM !Je l'ai dépoussiéré ce micro, tel un trésor, et je me suis postée devant avec l'envie de réussir à jouer ma reprise d'un jet, comme les vrai(e)s, et me défaire ainsi de cette fâcheuse tendance au bricolage acquise malgré moi au contact d'Ableton et des synthés.J'ai quasiment pas triché.Une fois ma petite chanson dans les tuyaux, je l'ai trouvée un peu nue et j'ai voulu l'habiller, l'emmener en ballade, la sortir de la chambre pour la jouer sous les étoiles, sous la pluie que je n'avais pas en Bretagne, dans une forêt peuplée d'animaux, dans la boue, la tente, le feu de camp, le p'tit whisky tourbé. Puis l'envie de la partager avec une personnalité nourrissant des fantasmes : Brad Pitt, Mathieu Amalric ou Adèle Haenel, me demandant de jouer encore et encore, transie de désir.Finalement c'est Johnny Castle, un habitué, qui s'est pointé. Nous avons pas mal discuté, il avait pas trop la pêche.La rencontre imaginée s'est peu a peu déformée, il n'est pas aisé de contrôler ses rêves.Surement que l'écoute prolongée de podcasts féministes et autres conférences sur la crise climatique ont influencés le cours de cette histoire.Tout cela a fini par donner naissance à un genre de fiction sonore à tendance onirique, que je vous partage ici.Voici le premier épisode d'une série intitulée « Ma Guitare ».-Enregistré et mixé par Emilie RougierMaster : Julien Sénélas