About this Episode
L’accord de quinte augmentée a déjà intéressé Rameau qui le définit comme accord naturel en mineur, accord sur le III° degré de la gamme se résolvant sur la tonique. Un siècle plus tard, Fétis ne le construit plus que par altération ascendante de la quinte, mais le présente comme accord type de son “ordre omnitonique”, où les douze degrés chromatiques de notre musique occidentale sont libérés des prédominances de tonique, dominante et sous-dominante.
Que fait Franck, où se situe-t-il par rapport à Rameau, dont il appréciait l’oeuvre de clavecin, par rapport à Fétis, dont il a pû connaître l’enseignement par l’amitié musicale qui le liait à Liszt?
Grâce à l’analyse d’oeuvres choisies, cet ouvrage essaye d’étayer un jugement du langage musical de Franck, langage évalué de manières divergentes sous la plume des différents musicologues. Toute l’oeuvre de Franck est jalonnée par l’emploi de l’accord de quinte augmentée, mais ses dernières oeuvres se manifestent par un emploi maîtrisé et innovatif de cet accord. Celui-ci devient le principe harmonico-architectural de tout le final de la symphonie en ré mineur, chaque étape de cette oeuvre se situant sur un des douze degrés des quatre transpositions de l’accord de quinte augmentée, ou le principe harmonico-mélodique des deux parties “Maestoso” du premier choral pour orgue en mi majeur, présentant de manière exemplaire ce qui deviendra le mode 3 chez Messiaen.