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    🎙 Tshisekedi, homme d'État du continent ?

    frMarch 05, 2021
    What was the main topic of the podcast episode?
    Summarise the key points discussed in the episode?
    Were there any notable quotes or insights from the speakers?
    Which popular books were mentioned in this episode?
    Were there any points particularly controversial or thought-provoking discussed in the episode?
    Were any current events or trending topics addressed in the episode?

    About this Episode

    Addis-Abeba, le 6 fĂ©vrier. Le prĂ©sident congolais, FĂ©lix Tshisekedi, entre dans une salle inhabituellement vide, en raison de la pandĂ©mie de la Covid-19. AccompagnĂ© de quelques dĂ©putĂ©s congolais et des membres de son cabinet, ce prĂ©sident Ă  la fois applaudi et critiquĂ© pour ses nombreux voyages Ă  l'extĂ©rieur formalise ce que ses conseillers et partisans vantent comme une victoire diplomatique : il assume les fonctions du prĂ©sident de la confĂ©rence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine.

    Bonjour ! Nous sommes le vendredi 5 mars. Je m’appelle Joshua Walker, et je suis le directeur de programme du Groupe d'Ă©tude sur le Congo. Vous Ă©coutez le 4e Ă©pisode de Po na GEC, sĂ©rie de capsules audio qui rĂ©sume et analyse les Ă©vĂ©nements de l'actualitĂ© congolaise. 

    Depuis 2019, FĂ©lix Tshisekedi gravit petit Ă  petit les Ă©chelons de la diplomatie africaine : d’abord Ă©lu 2e vice-prĂ©sident en fĂ©vrier 2019, il devient ensuite 1er vice-prĂ©sident en fĂ©vrier 2020. Durant la mĂȘme pĂ©riode, il joue les mĂ©diateurs, Ă  cĂŽtĂ© du prĂ©sident angolais Joao Lourenço, entre le Rwanda et l’Ouganda. Presqu’au mĂȘme moment, il est Ă©lu prĂ©sident de l’UA pour 2021. La nouvelle est accueillie par certains comme un coup diplomatique de Tshisekedi : on parle du “retour” de la RDC sur la scĂšne gĂ©opolitique comme actrice importante.

    En fait, le prĂ©sident de l’Union africaine est Ă©lu pour un mandat d’un an par ses pairs chefs d’Etat et de gouvernement de la rĂ©gion. La prĂ©sidence passe Ă  tour de rĂŽle annuellement entre les 5 sous-rĂ©gions : l’Afrique du Nord, l’Afrique australe, l’Afrique centrale, l’Afrique de l’ouest et l’Afrique de l’est. C’était actĂ© avant l’élection de 2018 que la RDC prendrait, pour le compte de l’Afrique centrale, la 2e vice-prĂ©sidence en 2019 jusqu’à prendre la prĂ©sidence en 2021. Cette prĂ©sidence est donc le fruit du travail de la diplomatie congolaise sous Joseph Kabila.

    La prĂ©sidence de l’Union africaine est un rĂŽle largement symbolique. Mais le titulaire a Ă©galement une certaine marge pour faire mettre en Ɠuvre ses projets phares, comme le prĂ©sident rwandais Paul Kagame l’a fait avec la Zone de libre-Ă©change continentale africaine. En tant que prĂ©sident de l’UA, FĂ©lix Tshisekedi reprĂ©sente l’organisation intergouvernementale dans des rĂ©unions internationales. Et il donne les grandes orientations des prioritĂ©s de l’organisation pour l’annĂ©e. Pour l’aider dans cette tĂąche, en novembre 2020, il a nommĂ© un panel chargĂ© d’accompagner son mandat, composĂ© de personnalitĂ©s congolaises importantes comme le professeur d’histoire Isidore Ndaywel et l’ancien secrĂ©taire exĂ©cutif de la ConfĂ©rence internationale sur la rĂ©gion des Grands lacs, Ntumba Luaba.

    Quel agenda, donc, pour l'annĂ©e de FĂ©lix Tshisekedi Ă  la tĂȘte de la grande organisation continentale ? Le thĂšme de sa mandature, choisi par les chefs d’Etat et de gouvernement en 2020 est “Arts, culture et patrimoines : leviers pour l’édification de l’Afrique que nous voulons”. Ce thĂšme a Ă©tĂ© choisi, en partie, en raison du dĂ©bat sur la restitution des objets d’art africains des musĂ©es Ă©trangers. Lors de son discours d’investiture, FĂ©lix Tshisekedi a tout de mĂȘme essayĂ© de faire rentrer la question de la paix sous cette rubrique d’arts et culture, en Ă©voquant le thĂšme du mandat de son prĂ©dĂ©cesseur, le prĂ©sident sud-africain Cyril Ramaphosa : “Faire taire les armes”. Ce dernier avait voulu, avant la pandĂ©mie de la Covid-19, se focaliser sur deux conflits prioritaires : la Libye et le Sud Soudan. Le prĂ©sident Tshisekedi, cependant, semble vouloir tourner l’attention de l’UA vers les conflits liĂ©s au terrorisme : la rĂ©gion sahelo-sahĂ©lienne, le nord du Mozambique, la RĂ©publique centrafricaine...et l’est de la RDC. Le 27 fĂ©vrier, il a dĂ©clarĂ© : “Pour que l'art, la culture et les patrimoines rĂ©ussissent leur mission d'Ă©dification de l'Afrique il faut faire taire les armes et dĂ©barrasser l'Afrique des menaces terroristes”. A cĂŽtĂ© de cela, il faut ajouter comme prioritĂ© l’implĂ©mentation de la Zone de libre-Ă©change continentale africaine.

    La prĂ©sidence de l’Union africaine offre une nouvelle plateforme pour le prĂ©sident Tshisekedi de nourrir davantage ses contacts avec ses homologues africains, et peut-ĂȘtre de continuer Ă  construire son image d’homme d’État. Ira-t-il au-delĂ  des sĂ©ances photos et des discours ? Les mois qui suivent nous donneront la rĂ©ponse. 

    En attendant, vous pouvez rejoindre notre fil Whatsapp en envoyant GEC au +243 894 110 542 pour recevoir directement “Po na GEC” chaque vendredi sur votre tĂ©lĂ©phone. 

    À la prochaine !

    Recent Episodes from 🎙Po Na GEC

    Pourquoi la mission de la SADC exaspĂšre-t-elle tant le Rwanda ?

    Pourquoi la mission de la SADC exaspĂšre-t-elle tant le Rwanda ?

    Est-ce une dĂ©faite anecdotique ? Ou un tournant dans la crise du M23 ? La diplomatie rwandaise a en tout cas enregistrĂ© un revers le mardi 5 mars lorsque le Conseil de paix et de sĂ©curitĂ© de l’Union africaine a officiellement soutenu le dĂ©ploiement de la SAMIDRC, la mission de la CommunautĂ© de dĂ©veloppement d’Afrique australe (SADC) dans l’est du Congo, malgrĂ© les virulentes protestations du ministre rwandais des Affaires Ă©trangĂšres deux jours plus tĂŽt. Pourquoi le gouvernement rwandais s’inquiĂšte-t-il autant de cette mission ?

    Élections indirectes de gouverneurs et sĂ©nateurs : peut-on Ă©viter la corruption des dĂ©putĂ©s provinciaux ?

    Élections indirectes de gouverneurs et sĂ©nateurs : peut-on Ă©viter la corruption des dĂ©putĂ©s provinciaux ?

    Le 28 fĂ©vrier, la Commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante (Ceni) a rĂ©vĂ©lĂ© ĂȘtre informĂ©e de cas de corruption impliquant certains prĂ©tendants candidats sĂ©nateurs, gouverneurs et vice-gouverneurs de provinces. Ces derniers auraient corrompu ou se seraient vus demander par des dĂ©putĂ©s provinciaux, agissant en tant que grands Ă©lecteurs, de payer des sommes d’argent considĂ©rables en Ă©change de leurs suffrages. Cette annonce vient confirmer les craintes de plusieurs  observateurs qui redoutent que ces Ă©lections soient, comme en 2019, marquĂ©es par la corruption. Peut-on Ă©viter ou empĂȘcher un tel scĂ©nario ?

    Crise du M23 : la porte du dialogue avec le Rwanda entrouverte

    Crise du M23 : la porte du dialogue avec le Rwanda entrouverte

    Le jeudi 22 fĂ©vrier, lors d’une confĂ©rence de presse Ă  Kinshasa, le prĂ©sident FĂ©lix Tshisekedi a confirmĂ© qu’il participerait Ă  une nouvelle mĂ©diation entre lui et son homologue rwandais, sous l’égide du prĂ©sident angolais Joao Lourenço, Ă  Luanda, Ă  partir du 27 fĂ©vrier.


    Cette affirmation fait suite au mini-sommet extraordinaire sur la sĂ©curitĂ© dans l’est de la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo, en marge du 37e sommet des chefs d’État de l’Union africaine tenu les 17 et 18 fĂ©vrier Ă  Addis-Abeba, en Ethiopie. Cette rĂ©union, dĂ©jĂ  convoquĂ©e par le prĂ©sident angolais, mĂ©diateur de l’UA dans cette crise, visait Ă  relancer le dialogue entre la RDC et le Rwanda en vue de parvenir Ă  la cessation des hostilitĂ©s dans l’est de la RDC. Pourquoi a-t-il Ă©chouĂ© ?

    Le gouvernement congolais pourra-t-il Ă©viter toute discussion avec le Rwanda ?

    Le gouvernement congolais pourra-t-il Ă©viter toute discussion avec le Rwanda ?

    « À la moindre escarmouche, (...) je vais rĂ©unir les deux chambres en congrĂšs comme me le recommande la Constitution. Je vais demander l'autorisation de dĂ©clarer la guerre au Rwanda. Et je pĂšse mes mots », dĂ©clarait le prĂ©sident FĂ©lix Tshisekedi le 18 dĂ©cembre 2023 Ă  la veille du scrutin controversĂ© Ă  l'issue duquel il a Ă©tĂ© proclamĂ© vainqueur. 


    Depuis, sur le terrain, la situation s’est encore dĂ©tĂ©riorĂ©e, avec des tirs d'artillerie qui ont touchĂ© la ville de  Goma.  Le chiffre record d’un million de personnes dĂ©placĂ©es internes fuyant les combats au Nord-Kivu a Ă©tĂ© atteint.


    Face Ă  cette recrudescence, le chef de l’État pourrait-il mettre ses menaces Ă  exĂ©cution ? Ou, au contraire, accepter des discussions ?

    Investiture de Tshisekedi : en cinq ans, un radical changement de discours sécuritaire

    Investiture de Tshisekedi  : en cinq ans, un radical changement de discours sécuritaire

    « Ce quinquennat aura pour objectif [
] d’assurer avec plus d’efficacitĂ© la sĂ©curitĂ© de nos populations, de notre territoire ainsi que la prĂ©servation de nos intĂ©rĂȘts au moyen de la restructuration de notre appareil de sĂ©curitĂ© et de dĂ©fense. Et par la poursuite du renforcement de la diplomatie. » VoilĂ  les quelques phrases que le prĂ©sident FĂ©lix  Tshisekedi a consacrĂ©es au chapitre sĂ©curitaire de son discours d’investiture le  20 janvier 2024. 

    En 2019, il semblait considĂ©rer que le problĂšme sĂ©curitaire Ă©tait essentiellement interne avec les groupes armĂ©s qu’il fallait Ă©radiquer. Aujourd'hui, il insiste sur l’éradication d’une menace extĂ©rieure contre les populations, le territoire congolais et les intĂ©rĂȘts congolais.  


    Comment expliquer cette évolution du discours sécuritaire ? 


    Bonjour et bienvenue dans ce troisiĂšme Ă©pisode de la saison 4 de Po Na GEC, la capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et d’Ebuteli, institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence, qui tente d’éclairer l’actualitĂ© de la RDC. Je suis Reagan Miviri, chercheur Ă  Ebuteli. Nous sommes le vendredi 26 janvier 2024.


    Le 20 janvier, le prĂ©sident Tshisekedi a prĂȘtĂ© serment pour un second et dernier mandat.   Lors de son discours, son analyse et son approche sur la question sĂ©curitaire ont Ă©voluĂ©. En 2019,  Tshisekedi avait prĂ©sentĂ© les huit prioritĂ©s de son mandat avec la sĂ©curitĂ© en tĂȘte. Il s'Ă©tait engagĂ© Ă  « la pacification de tout le territoire national en accĂ©lĂ©rant la lutte contre l’éradication des groupes armĂ©s qui sĂ©vissent et sĂšment la dĂ©solation auprĂšs de nos populations» ». Cet engagement n’a pas Ă©té  tenu. Depuis la rĂ©surgence du mouvement du 23 Mars (M23), les trois derniĂšres annĂ©es du quinquennat ont plutĂŽt  Ă©tĂ© caractĂ©risĂ©es par la remobilisation des groupes armĂ©s. Certains combattent dĂ©sormais aux cĂŽtĂ©s des Forces armĂ©es de la RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo (FARDC) contre le M23 soutenu par le Rwanda. 

    Pendant la campagne Ă©lectorale dont les questions sĂ©curitaires Ă©taient au centre, le prĂ©sident  a justifiĂ© l’implication des certains groupes armĂ©s aux cĂŽtĂ©s des FARDC. Il a prĂ©sentĂ© ces Wazalendo  comme des patriotes qui protĂšgent l'intĂ©gritĂ© nationale contre  « l’agression rwandaise ». Ils peuvent dĂ©sormais se prĂ©valoir du statut de rĂ©servistes grĂące Ă  une loi votĂ©e en 2023. 


    Lorsqu’il est arrivĂ© Ă  la prĂ©sidence, Tshisekedi pensait pouvoir s'appuyer sur la Mission des Nations unies pour la stabilisation du Congo (Monusco) et les voisins pour rĂ©soudre la problĂ©matique des groupes armĂ©s. Il avait mĂȘme proposĂ© l'idĂ©e d'un Ă©tat major rĂ©gional en 2019. Il a dĂ©cidĂ© d'entrer dans la communautĂ© de l’Afrique de l’Est (EAC), et a mĂȘme voulu et obtenu son intervention militaire en RDC. Depuis, il a mis fin au mandat de sa force militaire et maintenant, il veut le dĂ©part de la Monusco. Il veut s'appuyer sur les groupes armĂ©s contre le M23, soutenu par le Rwanda qu'il n'hĂ©site plus Ă  prĂ©senter comme l’ennemi qu’il faut mettre en Ă©chec.

    La rĂ©surgence du M23 a Ă©tĂ© un point de rupture et a beaucoup influencĂ© le changement radical du discours de Kinshasa. Le prĂ©sident aurait sous-estimĂ© les rivalitĂ©s rĂ©gionales et n'aurait pas anticipĂ© le soutien de Kigali au M23.  L’autre raison serait le fait que l'EAC (et dans une moindre mesure la Monusco) ont voulu l'inciter Ă  nĂ©gocier, une approche trĂšs impopulaire en RDC.  Le prĂ©sident a choisi de radicaliser son discours : il n'Ă©tait pas question de nĂ©gocier. 



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    La SADC réussira-t-elle à mettre fin à la crise du M23 ?

    La SADC réussira-t-elle à mettre fin à la crise du M23 ?

    AprĂšs une annĂ©e de dĂ©ploiement, les forces de la Communauté  de l’Afrique de l’Est (EAC) ont quittĂ© le territoire congolais suite au non renouvellement de leur mandat par le gouvernement congolais. Ce dernier reprochait Ă  ces forces de n’ĂȘtre pas assez offensives contre  le Mouvement du 23 mars (M23). Le prĂ©sident congolais, FĂ©lix Tshisekedi, les a mĂȘme accusĂ©s de cohabiter avec les rebelles du M23.


    C’est pour remplacer ces forces que Kinshasa a nĂ©gociĂ© le dĂ©ploiement de la force de la communautĂ© de dĂ©veloppement de l’Afrique australe (SADC) dont le premier contingent est arrivĂ© Ă  Goma le 27 dĂ©cembre 2023. Cette force s’ajoute aux  sociĂ©tĂ©s militaires privĂ©es et aux groupes armĂ©s locaux communĂ©ment appelĂ©s Wazalendo (traduisez en français patriote) qui sont en appui aux Forces armĂ©es de la RĂ©publique DĂ©mocratique du Congo (FARDC).


    Le remplacement de la force de l’EAC par celle de la SADC va-t-il mettre fin Ă  la crise sĂ©curitaire liĂ©e Ă  l’activisme du M23 ? 


    Bonjour et bienvenue dans ce deuxiĂšme  Ă©pisode de la saison 4 de Po Na GEC, la capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) et d’Ebuteli, institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence, qui tente d’éclairer l’actualitĂ© de la RDC. Je suis Agenonga Chober, chercheur principal pour les UĂ©lĂ© au sein du pilier violence d’Ebuteli. Nous sommes le vendredi 19 janvier 2024.


    DĂ©but dĂ©cembre 2023, les contingents de la force rĂ©gionale de l’EAC se sont retirĂ©s. Ils devraient ĂȘtre remplacĂ©s par la mission  de la SADC en RDC – (SAMIDRC) – qui, Ă  terme, devrait ĂȘtre composĂ©e de contingents sud-africain, malawite et tanzanien.


    Pour l’instant, seule l’Afrique du Sud a dĂ©ployĂ© un contingent de 200 militaires environ, un dĂ©ploiement qui ne fait pourtant pas consensus dans ce pays.  À ce contingent, d’autres pourraient s’ajouter d’ici fin janvier. 

    Ayant un mandat offensif, selon les autorités militaires du Nord-Kivu, la force de la SADC est appelée à combattre les rebelles du M23 comme souhaité par le gouvernement de Kinshasa qui a exclu toute négociation avec le M23. 


    La SAMIDRC rĂ©ussira-t-elle Ă  dĂ©manteler le M23 et Ă  restaurer la paix Ă  l’est de la RDC  ? 

    En 2013, c’est avec l’appui de la SADC Ă  travers la brigade d’intervention de la Monusco que le M23 fut maĂźtrisĂ©. Mais la donne  a changĂ© .Pour l’instant, la force de la SADC ne bĂ©nĂ©ficie ni du mandat du Conseil de sĂ©curitĂ© des Nations Unies, ni de ses moyens.


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    RDC : comment Ă©valuer les Ă©lections ?

    RDC : comment Ă©valuer les Ă©lections ?

    Ce premier épisode de Po Na GEC de 2024 est une bonne occasion de commenter les élections qui viennent de se dérouler. Quelle a été leur crédibilité et quels en ont été les principaux résultats ?


    C'est le début de la quatriÚme saison de Po Na GEC, capsule audio du Groupe d'étude sur le Congo (GEC) et d'Ebuteli, institut congolais de recherche sur la politique, la gouvernance et la violence, qui tente chaque semaine d'éclairer un sujet d'actualité en RDC. Je suis Jason Stearns, directeur du GEC. Nous sommes le vendredi 12 janvier 2024.


    Il y a eu aussi des aspects positifs de ce processus Ă©lectoral : il n'y a pas eu de coupure d'Internet, comme lors des Ă©lections prĂ©cĂ©dentes, et les candidats de tous bords ont pu se dĂ©placer et tenir des meetings relativement librement pendant la campagne Ă©lectorale proprement dite – mais beaucoup moins pendant la pĂ©riode qui l'a prĂ©cĂ©dĂ©e. La commission Ă©lectorale nationale indĂ©pendante (Ceni) a publiĂ© les rĂ©sultats des Ă©lections prĂ©sidentielles sur son site web jusqu'au niveau des bureaux de vote, ce qui n'avait pas Ă©tĂ© fait lors des derniĂšres Ă©lections, et elle a retransmis des mises Ă  jours rĂ©guliĂšres des dĂ©comptes des voix sur un Ă©cran gĂ©ant pour l'Ă©lection prĂ©sidentielle dans son centre Bosolo Ă  Kinshasa.  


    Cependant, ces Ă©lections ont aussi exposĂ© de nombreuses lacunes logistiques. Elles ont en outre Ă©tĂ© entachĂ©es d'irrĂ©gularitĂ©s et des graves allĂ©gations de fraude, de bourrage d’urne en particulier dans certaines parties du pays. La Ceni n'a pas dĂ©ployĂ© Ă  temps les matĂ©riels sensibles y compris les machines Ă  voter et les PV dans chacun des 75 000 bureaux de vote, ce qui a entraĂźnĂ© la confusion et le dĂ©sordre dans certains endroits. La plus grande mission d'observation des Ă©lections, envoyĂ©e par l'Église catholique et l'Église du Christ au Congo, a rapportĂ© que dans 551 bureaux de vote (6 % des bureaux observĂ©s), des bagarres ont Ă©clatĂ©, souvent parce que les Ă©lecteurs Ă©taient fatiguĂ©s d'avoir attendu pendant des heures ou parce qu'ils ne trouvaient pas leurs noms sur les listes Ă©lectorales. Dans 3 % des cas, des bourrages d'urnes ou des achats de voix ont Ă©tĂ© observĂ©s, et dans environ un quart des endroits, les dispositifs Ă©lectroniques de vote, anciennes machines Ă  voter, sont tombĂ©es en panne. SYMOCEL, une mission d'observation, a rapportĂ© que 58 % des bureaux de vote ont ouvert tardivement et 13% n'ont simplement pas ouvert du tout. En fin de compte, cette confusion a probablement contribuĂ© Ă  une faible participation : seuls 43 % des Ă©lecteurs inscrits ont pu voter, le taux le plus bas jamais atteint. 


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    Élections de 2023 en RDC : quand le respect des dĂ©lais prime sur la qualitĂ©

    Élections de 2023 en RDC : quand le respect des dĂ©lais prime sur la qualitĂ©

    Si les élections ont effectivement eu lieu le 20 décembre malgré les incertitudes, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) et la classe politique congolaise ont manqué une occasion cruciale de renforcer la confiance des citoyens dans le processus électoral. AprÚs trois scrutins controversés, ces élections, les premiÚres depuis la passation pacifique du pouvoir de 2019, devaient symboliser un progrÚs démocratique majeur pour les Congolais. Cependant, elles ont été entachées par de nombreuses irrégularités, soulevant des doutes quant à leur intégrité. Quelles leçons en tirer?


    Bonjour et bienvenue dans ce 50e et dernier Ă©pisode de la saison 3 de Po Na GEC, la capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo (GEC) de l’UniversitĂ© de New York et d’Ebuteli, qui cherche Ă  Ă©clairer l’actualitĂ© de la RDC. Je suis Jacques Mukena, chercheur principal en gouvernance Ă  Ebuteli. 


    Nous sommes le vendredi 22 décembre 2023.


    Le 20 dĂ©cembre, dĂšs l’aube, les Ă©lecteurs ont affluĂ© en masse dans les centres de vote Ă  travers le pays, dĂ©terminĂ©s Ă  exercer leur droit de vote malgrĂ© les incertitudes persistantes, jusqu’à la veille, sur un Ă©ventuel report du scrutin. La Ceni, prĂ©sidĂ©e par Denis Kadima, a ignorĂ© les appels Ă  un audit indĂ©pendant du fichier Ă©lectoral, une dĂ©marche qui aurait pu renforcer la confiance dans le processus. De mĂȘme, la Ceni n’a pas suffisamment pris en compte les enjeux logistiques, refusant de reporter, mĂȘme briĂšvement, les Ă©lections pour permettre une meilleure prĂ©paration et un dĂ©ploiement adĂ©quat du matĂ©riel de vote. Cette dĂ©cision rigide de s’en tenir strictement Ă  son calendrier a entraĂźnĂ© une sĂ©rie de complications inattendues pour les Ă©lecteurs : les retards dans l’ouverture des bureaux de votes, absence d’équipements dans les bureaux de votes ou, dans d’autres cas, prĂ©sence du personnel de la Ceni mais sans matĂ©riel nĂ©cessaire, des dispositifs de vote dysfonctionnels et des listes Ă©lectorales incomplĂštes. Bien consciente des dĂ©fis logistiques, la Ceni a maintenu la date des Ă©lections, tout en prĂ©cisant que le dĂ©ploiement du matĂ©riel se poursuivrait mĂȘme le jour du vote. 


    Normalement dans une logique dictée par la crédibilité du processus, ces contraintes auraient objectivement justifié un report des élections, mais, malgré la brÚche ouverte de certains candidats à la présidentielle concernant les irrégularités du processus électoral en cours,  la date du 20 décembre a été maintenue. Cette décision reflÚte un choix assumé de privilégier le respect du calendrier électoral établi, quitte à négliger les aspects qualitatifs et les exigences de fiabilité du processus électoral.


    AprĂšs le scrutin, une sĂ©rie de dĂ©clarations politiques, Ă  la fois prĂ©visibles et familiĂšres, a Ă©tĂ© entendue. DĂšs la nuit du 20 dĂ©cembre, cinq candidats prĂ©sidentiels, dont Martin Fayulu et Denis Mukwege, ont appelĂ© Ă  la rĂ©organisation des Ă©lections. De son cĂŽtĂ©, MoĂŻse Katumbi appelle Ă  une mobilisation gĂ©nĂ©rale en cas de proclamation d’un autre vainqueur que lui. Le Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila, bien qu’ayant boycottĂ© le scrutin, accuse le prĂ©sident sortant Tshisekedi d’ĂȘtre responsable des irrĂ©gularitĂ©s et appelle Ă  la mobilisation populaire. Pendant ce temps, le gouvernement se fĂ©licite du respect des dĂ©lais constitutionnels, minimisant les irrĂ©gularitĂ©s observĂ©es comme faisant partie intĂ©grante de tout processus Ă©lectoral.


    Mais qu’en est-il du peuple au milieu de ces controverses politiques ? En dĂ©pit des imperfections et des retards, une grande partie des Ă©lecteurs a montrĂ© un engagement remarquable, certains restant dans les files d’attente jusqu’à tard dans la nuit, voire jusqu’au lendemain, pour exercer leur droit de vote. Ceci souligne non seulement leur dĂ©sir de participer activement au processus dĂ©mocratique, mais aussi leur souhait de voir les acquis dĂ©mocratiques prĂ©servĂ©s et renforcĂ©s.

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