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    félix tshisekedi

    Explore "félix tshisekedi" with insightful episodes like "Que retenir de la nomination des nouveaux mandataires publics en RDC ?", "Ce qu'il faut retenir de la table ronde de Lubumbashi", "État de la nation et l’avenir du gouvernement", "L’état de siège, des auditions et des enseignements" and "SADC : vers un succès diplomatique majeur pour Tshisekedi, ou pas ?" from podcasts like ""🎙Po Na GEC", "🎙Po Na GEC", "🎙Po Na GEC", "🎙Po Na GEC" and "🎙Po Na GEC"" and more!

    Episodes (21)

    Que retenir de la nomination des nouveaux mandataires publics en RDC ?

    Que retenir de la nomination des nouveaux mandataires publics en RDC ?

    Le président Félix Tshisekedi a signé, ce samedi 3 septembre, une série d’ordonnances portant nomination des présidents des conseils d’administrations, des directeurs généraux et leurs adjoints dans certaines entreprises du portefeuille de l’État et établissements publics.  Au total, 14 entités  sont concernées par cette deuxième vague de nomination après la dissolution de la coalition FCC-Cach. Que pouvons-nous donc retenir de ces nominations? Sur quelle base les nouveaux mandataires ont-ils été nommés ?

    Bonjour et bienvenue dans ce 28e épisode de la saison 2 de Po Na GEC, la capsule audio qui tente d’éclairer l’actualité de la RDC. Je suis Jimmy Kande, chercheur principal en gouvernance à Ebuteli, partenaire du Groupe d’étude sur le Congo de l’Université de New York. Nous sommes le vendredi 9 septembre et cette semaine, nous nous intéressons aux récentes nominations des mandataires publics par le président Tshisekedi. 

     

    Pour recevoir Po na GEC chaque vendredi sur votre téléphone, rejoignez notre fil WhatsApp en envoyant « GEC » ou « Ebuteli » au +243 894 110 542. À bientôt !

    Ce qu'il faut retenir de la table ronde de Lubumbashi

    Ce qu'il faut retenir de la table ronde de Lubumbashi

    Samedi dernier, une table ronde sur la réconciliation intercommunautaire a été clôturée à Lubumbashi après huit jours de discussions. Il s'agissait d'une initiative du président Félix Tshisekedi, avec une participation impressionnante : le Premier ministre, des gouverneurs, plusieurs ministres nationaux et provinciaux ont pris part à ces assises. Quelle était la raison de cette réunion ? A-t-elle réussi ?

    C'est le sujet du dixième épisode de la saison 2 de Po na GEC, la capsule audio du Groupe d'étude sur le Congo (GEC) et d'Ebuteli, son partenaire de recherche en RDC, qui tente d'éclairer l'actualité du pays. Je suis Jason Stearns, directeur du GEC. Nous sommes le vendredi 6 mai 2022.


    État de la nation et l’avenir du gouvernement

    État de la nation et l’avenir du gouvernement

    Le lundi 13 décembre, le président Félix Tshisekedi a prononcé son discours annuel sur l'état de la nation. C'est la première fois que ce discours a lieu depuis que sa nouvelle famille politique, l’Union sacrée pour la nation (USN) a obtenu une majorité au parlement. Et l’un des aspects les plus frappants a été le ton quelque peu critique employé par le président pour parler de son gouvernement–le premier gouvernement entièrement acquis à cette nouvelle famille politique.

    Bonjour !

    Je m’appelle Joshua Walker. Je suis le directeur de programme du Groupe d'étude sur le Congo, centre de recherche indépendant basé à l'Université de New-York. Bienvenue à ce 44e numéro de Po na GEC, le dernier de l'an 2021.

    Dans les 23 pages du discours prononcé par le chef de l’État, quelques lignes méritent une attention particulière. Il y qualifie les mesures prises par le gouvernement en faveur de la population (eau, électricité, soins de santé et transport) comme étant « insuffisantes ». Ce sont des initiatives qui, pour reprendre encore ses mots, « souffrent d’un manque de coordination et d’une faiblesse de pilotage. [...] Ces dysfonctionnements sont inacceptables ». Et il continue : « J’interpelle ainsi tous les intervenants pour régler sans délai les problèmes et de livrer ces ouvrages pour améliorer les conditions de vie de la population ».

    Le chef de l’État semble avoir marqué publiquement, à travers un discours si important, sa déception envers la performance de l'exécutif. Pour quelles raisons ? Et quelles pourraient en être les conséquences ?

    Une explication serait la tentative du président Félix Tshisekedi de solliciter la faveur de la population–il se positionne comme un président qui s’exprime au nom de la population, comme pour exhorter ses troupes du gouvernement à mieux faire avant les prochaines échéances électorales en 2023. Mais ce faisant, il semble tenter de se dissocier personnellement du bilan de son propre gouvernement. Serait-ce donc une manière de se dédouaner d’un échec partiel dont il pourrait être accusé d’être en partie responsable ? Avec les élections en vue, cette hypothèse n’est pas à exclure. Le président pourrait avoir, tout de même, des difficultés à convaincre l’opinion : il est, par exemple, resté silencieux sur la question de la perception de la très impopulaire taxe RAM, malgré les dénonciations des deux chambres du parlement sur cette question lors de l’examen de la loi des finances 2022.

    Certes, sur le plan juridique le président n’est pas politiquement responsable devant le congrès : c’est plutôt le gouvernement–le premier ministre, les vice-premiers ministres, ministres d'État et ministres sectoriels–qui est directement responsable devant les parlementaires, plus particulièrement les députés nationaux. Mais aux yeux de la population, est-ce le gouvernement qui porte à lui seul la responsabilité politique de l'amélioration des conditions sociales des Congolais ?  Tel ne semble pas être le cas dans la mesure où le Conseil des ministres, organe de décision du gouvernement, est convoqué et présidé par le président et seulement par le Premier ministre en cas de sa délégation.

    D’aucuns soufflent que les mots du président présagent notamment un remaniement proche du gouvernement. Ceci permettrait, en théorie, au président de faire deux choses. Il pourrait faire partir certains membres du gouvernement pas assez performants pour les remplacer et ainsi tenter d’améliorer le bilan social avant 2023, tout en permettant à d'autres de sa coalition d'accéder au pouvoir ministériel. Mais la question brûlante serait de savoir qui il pourrait nommer comme prochain premier ministre. Serait-ce une occasion pour le président de permettre à son ancien directeur de cabinet, Vital Kamerhe, d'accéder à la primature comme le prévoyait leur accord pré-électoral de Nairobi et à travers cette nomination, tenter d'amadouer l'électorat de l’est du pays ? Ce dernier ne serait pas la première personne à devenir Premier ministre tout en étant en liberté provisoire, à l’instar de Bruno Tshibala en 2017.

    En attendant la suite, vous pouvez recevoir Po na GEC chaque vendredi sur votre téléphone. Rejoignez notre fil WhatsApp en envoyant « GEC », G, E, C, au +243 894 110 542. Nous souhaitons nos meilleurs vœux et bonne année à tous nos auditeurs. Le prochain rendez-vous sera le 7 janvier 2022 ! À bientôt !

     





     

    L’état de siège, des auditions et des enseignements

    L’état de siège, des auditions et des enseignements

    Que se dit-il derrière les portes closes de la Salle des banquets du palais du Peuple ? Entre le 5 et le 26 août dernier, cinq ministres y ont défilé devant la commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale. Mais aussi le chef d’état-major général de l’armée ainsi que les gouverneurs militaires du Nord-Kivu et de l’Ituri, provinces placées sous l’état de siège. Et ce n’est pas tout : sont désormais attendus pour être également auditionnés, dans les prochains jours : l’inspecteur général des finances, l’inspecteur général de l’armée et celui de la police. Officiellement, c’est une évaluation à mi-parcours de l’état de siège. Dans les faits, une seule question est sur toutes les lèvres : où sont vraiment passés les fonds débloqués par l’État pour la mise en œuvre de cette mesure exceptionnelle dans l’est de la RDC ?

    Bonjour,

    Je suis Trésor Kibangula, analyste politique au sein du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche de l’Université de New York. Vous écoutez le 29ème numéro de Po Na GEC, notre capsule audio qui tente d’éclairer les questions d’actualité en RDC. Nous sommes le vendredi 2 septembre 2021.

    Alors, que nous inspire cette série d’auditions à huis-clos devant la commission défense et sécurité de l’Assemblée nationale ?

    Le premier enseignement est en fait une confirmation. Comme pour le projet de loi d’habilitation - voulu par le chef de l’État mais boudé par des députés et, finalement, jamais examiné -, certains élus refusent de se cantonner au rôle de caisse de résonance de l’exécutif. Du moins, en ce qui concerne l’état de siège qui, par ailleurs, vient d’être renouvelé pour la septième fois consécutive pour la période du 3 au 17 septembre.

    Fin juillet, une mission de contrôle initiée par le ministère de la Défense a révélé que quelques haut-gradés de l’armée ont conservé 13 millions de dollars à Kinshasa alors que ces fonds étaient destinés aux opérations militaires sur le terrain, dans les provinces concernées par l’état de siège. “Cet argent devait servir notamment à acheter des drones et autres équipements militaires”, confie un ministre proche du dossier. Ce que confirme un autre collaborateur du chef de l’État, précisant de son côté que la première tranche décaissée par le gouvernement se situerait autour de 30 millions de dollars américains sur un total d'environ 50 millions déjà débloqués depuis l’instauration de l’état de siège.

    C’est d’ailleurs là le deuxième enseignement de ce contrôle parlementaire qui s’intéresse à la traçabilité des fonds engagés et les modalités de leur décaissement en procédure d’urgence. En “se pliant à l’exercice”, pour emprunter l’élément de langage repris dans l’entourage du président Félix Tshisekedi, le pouvoir actuel veut donc démontrer qu’il n’a “rien à cacher” et, surtout, qu’il est prêt à jouer, lui aussi, la carte de la redevabilité.

    De fait, cette approche est destinée à renforcer l’idée que le pouvoir de Tshisekedi voudrait faire passer, celle d’un régime qui s’engage véritablement dans la lutte contre la corruption. Ce qui ne serait que bénéfique pour l’image du chef de l’État auprès des partenaires financiers internationaux de la RDC mais aussi au sein de l’opinion publique. N’entend-on pas déjà certains milieux politiques proches du pouvoir applaudir le fait que, pour la première fois depuis bien longtemps, le circuit des dépenses allouées à l’armée soit enfin audité ? D’autant que des détournements des soldes des militaires, voire celles des troupes engagées sur de différents fronts, ne surprennent plus personne au Congo et ne déclenchent souvent pas de poursuites. Voilà donc que les choses changent, se félicite-t-on à l’Inspection générale de l’armée : dans ce dossier, elle indique d’ailleurs que sept officiers des FARDC soupçonnés d’être impliqués dans le détournement des fonds ont été arrêtés à Bunia. À Beni, ils sont trois officiers et un sous-officier aux arrêts, également accusés de détournement.

    Et la filière remonterait, très probablement, jusqu’à l’état-major des FARDC à Kinshasa. On se souviendra qu’il y a peu, vers la fin du mois de juin, le président Tshisekedi dénonçait publiquement la “mafia” dans l’armée, des “magouilles qui minent nos forces de sécurité”. Moins de trois mois après, ces auditions qui devraient être sanctionnées par un rapport mais aussi des enquêtes en cours de l’Inspection générale de l’armée offriront sans doute au chef de l’État la possibilité de se débarrasser de nouveau de quelques haut-gradés, au nom de la lutte contre la corruption. Une fois` de plus, Tshisekedi s’appuiera alors sur le levier justice de son pouvoir pour écarter de nouveau certains puissants et intouchables d’hier. Il renforcera ainsi son influence sur le système institutionnel et, en même temps, s’assurera d’avoir l’opinion publique avec lui. Encore faut-il que ces éventuels remaniements au sein de l’armée s'accompagnent des résultats sur le terrain. Ce qui paraît être le dernier enseignement de ces auditions, lesquelles se poursuivront sûrement après l’interminable session ordinaire de mars… toujours en cours.

    En attendant, rejoignez notre fil WhatsApp en envoyant « GEC » au +243 894 110 542 pour recevoir Po Na GEC chaque vendredi sur votre téléphone. À bientôt !

    SADC : vers un succès diplomatique majeur pour Tshisekedi, ou pas ?

    SADC : vers un succès diplomatique majeur pour Tshisekedi, ou pas ?

    Bonjour ! Nous sommes le vendredi 6 août. Vous écoutez le 25 numéro de Po Na GEC, la capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo (GEC), centre de recherche basé à l’Université de New York, qui tente d’éclairer l’actualité congolaise. Je m’appelle Ange Makadi Ngoy et je suis chercheuse au sein du GEC.  

    Cela fait plusieurs semaines que la RDC intensifie sa campagne de mobilisation des pays membres de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) en faveur de son candidat, Faustin Luanga Mukela, au poste de secrétaire exécutif. Face à lui, le Botswana, qui abrite le siège de cette communauté sous-régionale, aligne aussi un candidat.

    Alors que les élections sont prévues d’ici le 9 août 2021, en marge de la session ordinaire des chefs d’Etats et de gouvernement de la sous-région, fin juillet, l’UA donne à Israël, aux côtés de la Palestine, le statut d’observateur au sein de l’institution panafricaine. Certains pays membres de la SADC, notamment  la Namibie, l’Afrique du Sud et le Botswana, font bloc pour dénoncer une « décision unilatérale » de la commission de l’Union africaine. Et soupçonnent Félix Tshisekedi, comme président de l’UA, d’avoir laissé faire.

    Ce statut d'observateur au sein de l’UA accordé à Israël va-t-il fragiliser les ambitions de la RDC au sein de la SADC ?


    Sur le papier, Faustin Luanga dispose des potentiels pour diriger le secrétariat exécutif de la SADC. Haut fonctionnaire de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC), le candidat de la RDC est professeur d’économie, des finances à l’Université de Nagoya du Japon et à l'Université internationale de Genève. Selon la diplomatie congolaise, Faustin Launga dispose de plus de vingt-cinq ans d’expérience nationale et internationale sur des questions relatives à la gouvernance commerciale, au développement économique des pays et à leur intégration au système commercial multilatéral.

     Le 4 juin, il a été nommé ambassadeur itinérant du chef de l'Etat chargé du suivi des organisations internationales. Un statut qui lui confère plus de visibilité et d’accès aux chefs d'Etat et de gouvernement. 

     

    Mais sur le terrain diplomatique, la bataille est loin d’être gagnée. La RDC cherche des alliés. Elle n’a pas pu obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations unies -ce qui a été perçu comme un véritable embarras diplomatique pour la RDC--et le président Félix Tshisekedi ne voudrait pas perdre ce poste sous-régional clé. Malgré une campagne tardive, la délégation congolaise, conduite par le ministre des finances, Nicolas Kazadi, a déjà pu se rendre aux Comores, à Madagascar, aux Seychelles, en Tanzanie et au Mozambique, pays à la tête de cette organisation, pour tenter de convaincre les chefs d'Etats à porter la candidature de la RDC.  Félix Tshisekedi compte aussi sur le soutien de l’Angola, du Zimbabwe et l’Eswatini.  

    Mais la décision de l’UA qu’il préside d’accorder le statut d’observateur à Israël risque de compromettre ses efforts diplomatiques sur le plan sous-régional. Car elle passe mal auprès des pays qui soutiennent la cause palestinienne, notamment l’Afrique du Sud, première puissance au sein de la Sadc capable d’influencer les autres pays. L’an dernier, la RDC avait déjà perdu le poste de secrétaire général de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) face à la même Afrique du Sud. Et Faustin Launga était le candidat congolais à ce poste.

    La Sadc compte 16 États membres. Jamais un ressortissant d’un pays membre francophone n’a accédé au poste de secrétaire exécutif. La RDC et le Botswana sont deux États membres de la SADC en droit de présenter un candidat à l’élection à ce poste. Normalement, il devrait y avoir consensus entre les deux pays. Mais aucun président n’a réussi à convaincre l’autre de retirer son son candidat.

    La victoire du candidat congolais représenterait un succès diplomatique majeur pour la RDC. D’autant que son président Félix Tshisekedi a fait du retour du pays sur la scène diplomatique l’une de ses priorités. Sera-t-il bloqué, une fois de plus, par les enjeux diplomatiques continentaux qui semblent l’avoir dépassé la dernière fois ?

    En attendant le vote à la Sadc, pour recevoir Po na GEC chaque vendredi sur votre téléphone, rejoignez notre fil WhatsApp en envoyant " GEC ", au +243 894 110 542. A très vite !

    Quand les députés jouent les prolongations

    Quand les députés jouent les prolongations

    On le sait, contre l’avis du président Félix Tshisekedi, l’Assemblée nationale, contrairement au Sénat, poursuit sa session ordinaire de mars dont la clôture était initialement prévue le 15 juin. Officiellement, c’est parce qu’une partie du territoire national se trouve en état de siège et que les députés se doivent de renouveler cette situation exceptionnelle tous les 15 jours ou d’y mettre fin à tout moment. Mais la prolongation de la session ordinaire de mars ne cache-t-elle pas d’autres intentions ?

    Bonjour ! Vous écoutez le 22e numéro de Po Na GEC, la capsule audio du Groupe d’étude sur le Congo (GEC), centre de recherche basé à l’Université de New York, qui tente d’éclairer l’actualité congolaise.

    Je m’appelle Trésor Kibangula et je suis analyste politique au sein du GEC.

    Nous sommes le vendredi 16 juillet. Cela fait presqu’un mois jour pour jour que l’Assemblée nationale joue les prolongations, après avoir refusé de voter la loi d’habilitation. Privant ainsi le chef de l’État de la possibilité de renouveler seul, comme il le souhaitait, l’état de siège dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.

    Mais, en réalité, cette fin retardée de la session ne va pas desservir le chef de l’État. Au contraire. Elle lui permettra de pousser son avantage. Ce sera le temps par exemple de confirmer la mainmise de l’Union sacrée de la nation, coalition au pouvoir, sur la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Et le ton est donné. Il faut le faire vite, très vite. La nouvelle loi sur la Ceni, décriée notamment à cause de la politisation accentuée de l’organe électoral et du déséquilibre dans sa composition, a été promulguée le 3 juillet. Le bureau de l’Assemblée nationale dit attendre les noms des animateurs proposés pour la Ceni par chaque composante - majorité, opposition et société civile -, au plus tard le 28 juillet. Le 17 août, le président de la République doit recevoir les listes des personnes désignées et entérinées par l’Assemblée nationale.

    Cette mise en branle rapide du nouveau dispositif légal prend de vitesse les détracteurs de la nouvelle loi sur la Ceni. D’autant que ces derniers peinent à mobiliser. Et la disparition du cardinal Laurent Monsengwo, figure incontournable de la scène publique congolaise, n’aide pas non plus. L’Église catholique, une des principales composantes devant désigner le prochain président de la Ceni, ne pourra pas s’Impliquer pleinement avant les obsèques du feu cardinal.  

    En tout cas, pour l’instant, contrairement à 2015, aucune manifestation de protestation d’envergure n'a eu lieu. Des appels se multiplient par ailleurs dans ce sens mais des acteurs politiques ou de la société civile ne semblent pas encore accorder leur violon sur la stratégie à mettre en place. Félix Tshisekedi, lui, n’attend pas. Le chef de l’État avance ses pions et s’impose encore plus dans les institutions du pays. Sans doute pour s’assurer une victoire en 2023. D'ailleurs, il ne s’en cache pas.

    La prolongation sert aussi de moyen de pression pour les députés afin de faire avancer certains dossiers en leur faveur. « Comment partir en vacances et laisser les commandes du pays à l’exécutif alors que la promesse du chef de l’État d’une dotation financière pour chaque député qui rentre dans sa circonscription n’est pas encore satisfaite ? » s’interrogent certains élus. D’autres disent attendre d’en savoir plus sur des jeeps promises.

    Entre-temps, les réformes annoncées comme prioritaires à l’ouverture de la session, il y a quatre mois, n'ont pas été toutes examinées. À la place, derrière les portes closes des bureaux du palais du Peuple, députés pro-Tshisekedi et députés pro-Kabila se disputaient encore le contrôle des commissions permanentes de l’Assemblée nationale. Pour ceux qui attendaient les débats sur la révision de certaines dispositions de la Constitution, sur la modification de la loi électorale en vigueur, ou sur des projets de réformes structurelles, économiques ou sociales venant du gouvernement, il faudra repasser. Au Congo, à l’instar de « l'année de l’action » annoncée pour 2020 par le président Tshisekedi,  « le temps des réformes » proclamé en mars 2021 par Christophe Mboso, président de l’Assemblée nationale, se fait toujours attendre. Prolongation de la session ordinaire, ou pas.

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    Union sacrée, union fragile ?

    Union sacrée, union fragile ?

    C’est une semaine politique intense qui s’achève à Kinshasa. Comme le souhaitait le président Félix Tshisekedi, dès le lundi 14 juin, 24 heures avant la clôture initiale de la session ordinaire de mars, les sénateurs ont adopté le projet de loi portant habilitation du gouvernement sur certaines matières notamment la prolongation de l’état de siège. Mais le lendemain, le mardi 15 juin, l’examen de ce texte censé permettre à l’exécutif d’intervenir dans le domaine législatif pendant les vacances parlementaires est bloqué à l’Assemblée nationale, pourtant majoritairement dominée par l’Union sacrée de la nation. Le même jour, des sénateurs votent majoritairement contre la levée des immunités parlementaires de Matata Ponyo Mapon, ancien Premier ministre, que le procureur voulait entendre dans le cadre de la gestion décriée des fonds destinés au parc-agroalimentaire de Bukanga Lonzo. Et ce, malgré le message subliminal de Félix Tshisekedi leur demandant de ne pas faire entrave à la justice. Peut-on en déduire que cette coalition au pouvoir initiée par le chef de l’État bat de l’aile ?

    Bonjour,

    Je suis Trésor Kibangula, analyste politique au sein du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche de l’Université de New York. Vous écoutez le 18ème numéro de Po Na GEC, notre capsule audio qui tente d’éclairer les questions d’actualité en RDC.

    Nous sommes le vendredi 18 juin.

    On le savait dès le départ : la vie d’une coalition si hétéroclite ne serait pas un long fleuve tranquille. Il vous souviendra par exemple qu’après les candidatures uniques de l’Union sacrée de la nation au bureau de l’Assemblée nationale, la coalition n’avait pas réussi à imposer le même schéma au Sénat : Ensemble pour la République de Moïse Katumbi et le MLC de Jean-Pierre Bemba, pourtant membres de l’Union sacrée de la nation, s’étaient alors affrontés pour le poste de deuxième vice-président de la chambre haute. Un premier fait révélateur du difficile consensus auquel la coalition au pouvoir allait devoir faire face.

    D’autant que les intérêts politiques des uns et des autres ne sont pas toujours concordants. Loin de là. Surtout que, plus de six mois après sa constitution, l’Union sacrée de la nation ne dispose toujours pas de charte devant préciser ses objectifs et les rôles de chaque composante. Modeste Bahati, président du Sénat, pousserait en vue de son adoption le plus rapidement possible, notamment pour définir la clé et les critères de répartition des responsabilités maintenant et après les élections à venir. Mais l’UDPS, parti présidentiel, ne se montrerait pas pressée de s'inscrire dans cette démarche. Ajoutez à cela les ressentis de Moïse Katumbi et de Jean-Pierre Bemba. Ces deux leaders qui ont rallié Félix Tshisekedi ont eu l’impression d’avoir été subtilement floués lors de la composition du gouvernement, certains de leurs lieutenants désignés ne s’étant pas retrouvés aux postes promis ou espérés lors de la nomination de l’équipe gouvernementale dirigé par Sama Lukonde. Ce qui n’a fait que renforcer le déficit de confiance entre eux.

    La machine Union sacrée de la nation vient donc de nouveau de s’enrayer au Parlement. Au même moment, Vital Kamerhe, le premier allié du président de la République, est reconnu coupable de détournement de fonds publics et condamné en appel à 13 ans de travaux forcés. Son parti menace de claquer la porte de la coalition et de suspendre sa participation aux institutions.

    Si tout ceci laisse entrevoir la fragilité de l’édifice construit de bric et de broc par le président de la République, il est encore trop tôt pour en tirer une quelconque conclusion. L’Union sacrée a d’ailleurs réussi à faire passer plusieurs lois. Ce qui démontre une certaine cohésion. En tout cas, l’avenir de cette coalition au pouvoir dépendra,de la capacité de ses membres et de son autorité morale, Félix Tshisekedi, à s’accorder clairement sur un objectif commun à court, moyen et long terme. Ils doivent se mettre d’accord maintenant sur des priorités à la fois en termes de gouvernance que des contenus des réformes à enclencher. L’exemple de celle de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) n’ayant pas rassuré toutes les parties. Sinon les dissensions internes d’aujourd’hui apparaîtront de plus en plus au grand jour demain.

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    🎙Propos de Kagame : comprendre la vague d’indignation en RDC

    🎙Propos de Kagame : comprendre la vague d’indignation en RDC

    Le 17 mai, au cours d’une interview accordée à RFI et France 24, le président du Rwanda, Paul Kagame, est interrogé notamment sur la possibilité de voir un jour des militaires rwandais répondre des crimes commis en RDC et documentés dans le rapport Mapping et autres rapports de l’Onu. Sa réponse soulève une vague d'indignation en RDC, poussant le président congolais, Félix Tshisekedi, à réagir pour rassurer la population. Comment comprendre cette chaîne de réactions dans le pays ?

    Bonjour !

    Je m’appelle Trésor Kibangula et je suis analyste politique au sein du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche basé à l’Université de New York. Vous écoutez le 14e numéro de Po Na GEC, notre capsule audio qui tente d’éclairer les questions d'actualité en RDC.

    Nous sommes le vendredi 21 mai.

    Des bouts de phrases auront suffi pour enflammer la toile congolaise et susciter l’émoi en RDC. Dans sa réponse à RFI et France 24, le président rwandais estime que le rapport mapping est « hautement politisé », que Dr Denis Mukwege, gynécologue congolais et prix Nobel de la paix 2018,  est devenu « un outil de ces forces qu’on ne voit pas ». Plus polémique, dans la même interview, Paul Kagame remet en question l’existence même des crimes commis par les troupes rwandaises en RDC. « il n’y a pas eu de crimes, que ce soit par des personnes évoquées ou des pays cités », conclut-il.

    La réaction ne s’est pas fait attendre : activistes, politiciens, défenseurs des droits de l’homme, et plusieurs autres personnalités montent au créneau et condamnent ce qu’ils qualifient de « négationnisme ». Certains, y compris des diplomates européens, se contentent de réaffirmer leur soutien public au Dr Mukwege. D’autres exigent une forte réaction du gouvernement congolais et menacent de manifester si rien n’est fait. Et les explications de Vincent Biruta, ministre rwandais des affaires étrangères, n'auront pas su mettre fin à la controverse. La situation est d’autant plus embarrassante que, dans la même journée, Félix Tshisekedi, qui préside cette année l’Union africaine, s'est affiché, détendu, aux côtés de son “frère”, comme il l’appelle, Paul Kagame à Paris.

    Plusieurs raisons expliquent l’indignation en RDC. D’abord, l’histoire récente des conflits violents dans l’Est et le rôle trouble que le Rwanda y a souvent joué. Ce pays a aidé à porter au pouvoir, le 17 mai 1997, Laurent-Désiré Kabila à l’issue d’une campagne militaire victorieuse. Le Rwanda s’est ensuite retourné contre Laurent-Désiré Kabila et a depuis soutenu plusieurs rébellions et groupes armés responsables de nombreuses tueries: le RCD, le CNDP, le M23. Alors, le Rwanda, et Paul Kagame, son président, sont donc perçus comme à l’origine des violences qui ont déjà coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes en RDC.

    Il y a ensuite la fierté nationale d’un passé idéalisé d’un grand Congo, Zaïre à l’époque. Le temps où le Congo dominait la politique et l’économie régionale. Ainsi, des images du maréchal Mobutu recevant Paul Kagame, alors chef rebelle, ou encore celles de Joseph Kabila fustigeant le rôle du Rwanda ont été ressorties et partagées sur les réseaux sociaux.

    Enfin, et c’est peut-être la plus importante raison de cette indignation des Congolais, le désir de justice pour les crimes commis depuis les années 90 par les différents belligérants, le Rwanda compris. Mais cette question de justice, qui est devenue centrale au combat de Dr Mukwege, peine encore à être adressée. Dans sa réaction à la controverse, Félix Tshisekedi a déclaré que pour lui, la priorité, c’est de « ramener la paix dans l’est du pays, de mettre fin au cycle de la mort de nos compatriotes et après aussi d’ouvrir une page de justice qui ira dans tous les sens, transitionnelle ou pénale ». 

    Comme l’aura appris son prédécesseur, Joseph Kabila, l’impunité ne saurait être un gage pour la paix. Bien au contraire. D’autant qu’une paix durable ne découlerait que d’un processus de justice pour les crimes commis. L'idée de création des chambres spécialisées mixtes avait éclos en 2010 mais sans jamais aboutir à une loi. Depuis, plus rien.

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    🎙 Programme du gouvernement Sama : pourquoi il y a quelques lueurs d'espoir

    🎙 Programme du gouvernement Sama : pourquoi il y a quelques lueurs d'espoir

    Dans le programme approuvé par l’Assemblée nationale le 26 avril, le Premier ministre Sama Lukonde présente un programme ambitieux qui comprend des réformes de l'armée et de l'administration, la mise en place de soins de santé et d'un enseignement primaire gratuits, ainsi qu'un vaste projet d'infrastructures, le tout en deux ans et demi. Mais d'où viendra l'argent ?

    Bonjour !

    Je m'appelle Jason Stearns et je suis le directeur du Groupe d'étude sur le Congo, centre de recherche basé à l'Université de New York. Vous écoutez le 12e numéro de Po Na GEC, notre capsule audio qui tente d'éclairer les questions d'actualité en RDC.

    Nous sommes le vendredi 30 avril.

    Dans son discours de présentation du programme, le nouveau premier ministre a indiqué  que ce plan coûterait 36 milliards de dollars entre 2021 et 2023, soit 12  milliards de dollars de plus que le budget prévu pour cette période. En fait, même ce budget prévisionnel d'environ 7 milliards de dollars par an sera difficile à réunir pour le gouvernement. L’année dernière, le gouvernement n'avait pu lever que 3,7 milliards de dollars en 2020. 

    Néanmoins, il y a quelques lueurs d'espoir. Le gouvernement pourrait augmenter ses recettes en luttant contre la corruption et l'évasion fiscale. Il s'agit d'un processus à long terme. Cependant, il y a des secteurs  où des fuites pourraient être colmatées relativement facilement. Le gouvernement perd énormément d'argent en exonérations fiscales ; en 2020, par exemple, il a accordé des exonérations fiscales d'une valeur de 818 millions de dollars, soit près d'un quart de toutes les recettes de cette année-là. Dans son programme, le Premier ministre Sama  a mentionné ces exonérations, ainsi que l'importance d'une meilleure application de la taxe sur la valeur ajoutée, l'une des plus grandes sources de revenus du pays. 

    La deuxième augmentation potentielle des recettes pourrait provenir du secteur minier. Environ la moitié des revenus du gouvernement provient de ce secteur, et les tendances dans ce domaine semblent prometteuses. Le cuivre, de loin la matière première la plus importante, connaît une hausse spectaculaire de son prix mondial, qui a presque doublé l’année passée. Dans le même temps, bon nombre des plus grandes sociétés minières congolaises - Tenke Fungurume, Katanga Mining, MMG - ont remboursé leurs investissements en capital et paient désormais des impôts sur les bénéfices ou vont bientôt commencer à le faire. 

    Finalement, les bailleurs de fonds pourraient aider. La Banque mondiale, en particulier, nourrit de grands projets pour le Congo. Elle veut dépenser 800 millions de dollars pour soutenir l'éducation primaire gratuite, un autre demi-milliard pour soutenir les communautés vulnérables dans l'est du pays, et un demi-milliard pour les infrastructures et l’économie à Kinshasa. Mais une grande partie de ce financement est conditionnée à des réformes. La Banque a reporté sa première tranche d'argent pour l'éducation en raison d'allégations de corruption - c'est probablement l'une des raisons pour lesquelles l'ancien ministre de l'enseignement primaire et secondaire Willy Bakonga a été arrêté la semaine dernière. Entre-temps, le FMI demande un audit de la Banque centrale, la publication des contrats miniers, ainsi que d'autres réformes. 

    Le gouvernement chinois est un autre donateur important. De nombreux auditeurs se souviendront de l'accord d'infrastructure de 6 milliards de dollars signé entre le gouvernement de Kabila et la Chine en 2006. Cependant, une grande partie de cet argent n'est jamais arrivée - le gouvernement chinois était censé dépenser 3 milliards de dollars dans la construction d'infrastructures (en grande partie par le biais d'entreprises chinoises), mais  jusqu'à deux tiers de ces fonds ne sont sans doute jamais arrivés en raison des préoccupations de corruption et de mauvaise gestion exprimées par la partie chinoise. Si le gouvernement de Sama peut répondre à ces préoccupations, il est possible que certaines des infrastructures proposées puissent être construites avec de l'argent chinois.  

    Les défis sont énormes mais ces pistes montrent que l’espoir est permis. On ne manquera pas de revenir bientôt sur ces questions.

    En attendant cela, n’hésitez pas à rejoindre notre fil WhatsApp en envoyant GEC au +243 894 110 542 pour recevoir directement “Po na GEC” chaque vendredi sur votre téléphone.

    Au revoir!

    🎙Que va faire le nouveau gouvernement congolais ?

    🎙Que va faire le nouveau gouvernement congolais ?

    Il est enfin là, le gouvernement Sama Lukonde. Composé de 56 ministres dont 15 femmes, cette nouvelle équipe gouvernementale couronne les tractations politiques débutées depuis le 23 octobre 2020. Ce jour-là,  le président Félix Tshisekedi avait annoncé les consultations nationales, mettant ainsi fin à la difficile relation qu’il entretenait avec le FCC de son prédécesseur, Joseph Kabila. Six mois plus tard, Felix Tshisekedi trône seul à la tête de l’Etat. Quelles seront ses priorités ?

    Bonjour !

    Je m’appelle Fred Bauma et je suis directeur de recherche au sein du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche basé à l’Université de New York. Ceci est le dixième numéro de Po Na GEC, notre capsule audio qui résume, explique et donne notre avis sur les questions d'actualité en RDC.

    Nous sommes le vendredi 16 avril.  

    Les étoiles sont désormais alignées pour Felix Tshisekedi qui, au bout de deux ans, a complètement inversé les rapports de force entre lui et son prédécesseur Joseph Kabila. Le président avec un pouvoir limité au départ a cédé la place à un homme fort, jouissant aussi bien d’une majorité au parlement que d’une cour constitutionnelle en sa faveur et une influence de plus en plus visible au sein des services de sécurité.  Dans ce nouveau gouvernement, il a placé son conseiller à la tête des finances pour renforcer également son contrôle dans ce secteur et un proche de la famille au ministère de la défense. Le nouveau président a donc, au moins pour l’instant, les leviers politiques nécessaires pour appliquer son programme, inconnu jusque-là, mais dont les détails devraient être connus lors de l’investiture du gouvernement dans quelques jours. 

    Mais si tout semble lui sourire, le président aura face à lui la contrainte du temps. Il ne lui reste plus qu’un peu plus de deux ans avant les prochaines élections. Deux ans donc pour mettre en œuvre son programme et satisfaire les attentes énormes de la population. 

    Dans ce cas de figure et avec des moyens réduits, impossible de tout faire : Félix Tshisekedi devra faire des choix qui ne seront pas sans conséquence. D’une part, le président, qui devrait se présenter pour un nouveau mandat en 2023, pourrait prioriser les programmes “à impact rapide” qui pourraient soutenir un agenda électoraliste. Il pourrait ainsi lancer de nouveaux projets d’infrastructures, investir dans des actions sociales comme la distribution des vivres et d’autres biens, ou encore aborder la question de la crise sécuritaire dans l’Est du pays à travers des actions sporadiques sans en adresser les causes profondes. Cela pourrait lui garantir un soutien populaire. Cependant, cette approche, qui suit la logique du programme d’urgence, a plusieurs limites. Comme l’a montré le programme des 100 jours du président, le risque est de s’engager dans de multiples projets sans se soucier des procédures exigées et sans un bon suivi. Surtout, cette approche ne permet pas de résoudre les problèmes profonds de la société, de repenser la structure de l’économie ou d’appliquer des grandes réformes nécessaires. 

    D’autre part, le nouveau gouvernement pourrait se concentrer sur des réformes essentielles pour remettre la RDC sur le chemin de la paix et du développement durable. Le président pourrait par exemple proposer une nouvelle vision du développement du pays, en restructurant l’économie congolaise, jusque-là dépendante de l'extérieur, en organisant le secteur agro-pastoral,  en finançant l’industrie locale.Il pourrait aussi concevoir des politiques sociales pour combattre la pauvreté et les inégalités ou encore outre réformer les finances publiques et renforcer les mécanismes de contrôle. Il pourrait mettre en place la réforme du secteur de sécurité et renforcer la justice dans la lutte contre l’impunité. Enfin, il pourrait engager des réformes pour renforcer les institutions démocratiques. Cela implique des changements constitutionnels, des réformes électorales et bien d’autres. Contrairement aux projets à impact visible, l’approche réformatrice pourrait nécessiter un plus large consensus politique et susciter des controverses. Cette approche, qui nécessite de mobiliser d'énormes moyens financiers, de gérer les intérêts de l’élite congolaise et des acteurs internationaux, sera plus difficile à mettre en oeuvre. Mais, menée à terme, ses résultats, qui ne pourraient être visibles qu’après plusieurs mois, voire plusieurs années, pourraient permettre d'avoir un impact plus durable. 

    Réformer l’Etat ou adopter un nouveau programme d’urgence, le choix appartient aux nouveaux dirigeants. En attendant, le compte à rebours est lancé. 

    Vous pouvez rejoindre notre fil Whatsapp en envoyant GEC au +243 894 110 542 pour recevoir directement “Po na GEC” chaque vendredi sur votre téléphone. 

    À la prochaine !

    🎙Le discret séjour kinois des militaires rwandais

    🎙Le discret séjour kinois des militaires rwandais

    Le 15 mars, une délégation de militaires Rwandais a discrètement débarqué à l’aéroport de Ndjili, à Kinshasa. Elle était conduite par le général Jean-Bosco Kazura, chef d’Etat-major général de l’armée rwandaise, pour négocier les contours d’une nouvelle coopération militaire dans l’Est de la RDC. 

    Nous sommes le vendredi 26 mars et vous écoutez le 7e numéro de Po na GEC, une capsule audio du Groupe d’études sur le Congo de l’Université de New-York, qui tente d’éclairer l’actualité de la RDC. Je suis Pierre Boisselet, le coordonateur du Baromètre sécuritaire du Kivu, et cette semaine nous allons parler de cette nouvelle tentative de passer des accords militaires avec des pays voisins de la RDC.

    Ce n’est pas la première, depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi. En septembre 2019, déjà, le président avait voulu mettre en place un état-major conjoint des armées de la région des grands lacs pour planifier des opérations communes dans l’Est de la RDC. Mais le projet avait échoué : les relations entre ces pays voisins étaient trop tendues et de nombreux congolais y étaient opposés. Parmi eux, on trouvait notamment l’ancien président, Joseph Kabila, alors encore influent.

    Cela n’a pas empêché la coopération de se poursuivre discrètement, notamment avec le Rwanda. A plusieurs reprises, des soldats rwandais sont entrés secrètement en RDC, avec l’autorisation des autorités congolaises, pour mener des opérations ciblées contre certains groupes rebelles rwandais.

    Ces incursions ont été relevées par le Baromètre sécuritaire du Kivu et plusieurs médias. Mais aussi – et c’est plus important – par le Groupe d’expert des Nations unies pour la RDC dans son rapport de décembre dernier. Légalement, les autorités rwandaises et congolaises auraient en effet dû déclarer ces opérations au conseil de sécurité des Nations-Unies, ce qui n’a pas été fait.

    Mais depuis le début de cette année, les échanges entre les services de sécurité Congolais et Rwandais semblent s’intensifier : la rencontre de ce mois de mars, à Kinshasa, est déjà la troisième. A Kigali, en février, François Beya, le conseiller spécial en matière de sécurité du président, avait notamment justifié ce rapprochement ainsi :  « nous sommes venus ici pour défier le monde entier, en particulier l’occident, qui ne veut pas que nous parlions et travaillons ensemble ».

    Selon certains comptes rendus de la dernière rencontre, à Kinshasa la semaine dernière, il s’agissait d’élaborer un plan opérationnel pour mener des actions conjointes, notamment contre les FDLR, le CNRD, les RUD et l’ex-M23.

    L’inclusion du M23 est intéressante : elle semble montrer la bonne volonté de Kigali, qui avait, jadis, soutenu cette rébellion.

    Alors, est-ce la solution aux problèmes de l’Est de la RDC ? Pour Félix Tshisekedi, il sera difficile de les résoudre sans la coopération des voisins, c’est certain. Mais la coopération avec le Rwanda, telle qu’elle semble se dessiner, présente plusieurs risques.

    D’abord, celui d’être très impopulaire en RDC. Cela pourrait inciter les autorités à la cacher, et en cacher dans le même temps les éventuels abus, qui resteraient impunis. En 2009, l’opération conjointe des armées congolaises et rwandaises Umoja Wetu avaient certes affaibli certains groupes armés, mais elle avait aussi provoqué une crise politique à Kinshasa et des violations des droits humains.

    Ensuite, elle semble être principalement militaire. Pour y faire face, les groupes armés pourraient se mobiliser davantage et finir par générer plus de violences.

    Enfin, elle semble exclure les autres voisins de la RDC. L’Ouganda et le Burundi, qui entretiennent des relations tendues avec Kigali, pourraient craindre de perdre le contrôle de leur zone frontalière, et intervenir également, directement ou indirectement, provoquant davantage de violences.

    En conclusion, il est possible que la coopération militaire entre le Rwanda et la RDC donne des résultats à court terme, en affaiblissant certains groupes. Mais aucune solution de long terme ne pourra être trouvée si l’armée congolaise n’est pas capable, elle-même, de sécuriser son territoire. Cela suppose qu’elle soit bien organisée, payée, équipée, et aussi qu’elle soit incorruptible, impartiale et redevable devant les citoyens congolais. Le chantier est vaste. Mais il est incontournable pour atteindre une paix durable dans l’Est de la RDC.

    Pour recevoir Po na GEC chaque vendredi sur votre téléphone, rejoignez notre fil WhatsApp en envoyant « GEC », G, E, C, au +243 894 110 542. À très vite !

    🎙 "Le temps des reformes", oui ...mais comment ?

    🎙 "Le temps des reformes", oui ...mais comment ?

    “C’est le temps des réformes.” C’est en ces termes que Christophe Mboso, nouveau président de l’Assemblée nationale, a confirmé, le lundi 15 mars, la priorité qui sera désormais accordée aux réformes électorales. C’était lors de son discours d’ouverture de la première session ordinaire de l’année. Pour lui, cela implique d’aller vite dans la désignation du président et des membres de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Cette prise de position surprend. Car, depuis plusieurs mois, un consensus semblait se dessiner autour de la révision du cadre légal de l’organisation et du fonctionnement de la Ceni avant de choisir ses membres. Alors, une double question s’impose : les membres de l’Union sacrée de la nation sont-ils tous sur la même longueur d’onde ? Les réformes électorales sont-elles les seules priorités dans le pays ?

    Bonjour,

    Je m’appelle Trésor Kibangula et je suis analyste politique au sein du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche basé à l’Université de New York. Vous écoutez le sixième numéro de Po Na GEC, notre capsule audio qui tente d’expliquer et de donner notre avis sur les questions d’actualité en RDC.

    Nous sommes le vendredi 19 mars.

    Il y a cinq jours, nous avons assisté, en direct à la télévision nationale, au premier moment de flottement public de la nouvelle majorité parlementaire. Il va falloir alors que l’Union sacrée de la nation indique clairement dans quel sens elle compte mener des réformes électorales annoncées : va-t-on désigner d’abord des membres de la Ceni, puis modifier la loi sur la Ceni ? Thèse que défendait le camp de l’ancien président Joseph Kabila dont la plupart de ses députés ont rejoint depuis l’Union sacrée de la nation. Ou va-t-on faire l’inverse, comme le réclament depuis quelques mois la société civile et quelques organisations politiques, notamment le G13, également membres de l’Union sacrée de la nation.

    À cette allure, les questions des réformes électorales vont de nouveau occuper largement l’espace et le débat public au Congo. Résistants, opposants, société civile, et désormais nouvelle majorité, tous font et feront entendre leurs voix sur le sujet. Et c’est plutôt une bonne chose d’encourager des réflexions et des ajustements du dispositif légal relatif aux élections. On sait en effet combien les cycles électoraux de ces dernières années ont été décriés pour leurs caractères à la fois non-inclusifs et non transparents. D’ailleurs, pour aller plus loin, vous pouvez relire le rapport du GEC sur l’impossible dépolitisation de la Ceni, publié début janvier.

    Mais on sait aussi que les attentes des Congolais sur l’amélioration de leur bien-être social sont immenses et pressantes. Et que, aussi importantes soient-elles, les réformes électorales ne sont pas les seules. Sont également attendues les réformes fiscales, celles du secteur de sécurité et la révision de certaines dispositions de la Constitution. Pour ne citer que celles-là. 

    Heureusement les deux chantiers ne sont pas mutuellement exclusifs. On peut bien légiférer sur des réformes et s’engager, par exemple, dans la lutte contre les inégalités sociales. Encore faut-il avoir les moyens de sa politique mais aussi la volonté politique de s’inscrire dans cette voie. Il faudrait alors élargir le débat public qui semble se consacrer sur la priorité de réformer le cadre législatif des élections aux problématiques sociales liées notamment à l’éducation, y compris des adultes, à la sécurité, au système de santé, à l’accès à l’eau et à l’électricité, au pouvoir d’achat, à la redistribution des richesses nationales, à la redéfinition des services publics, … La liste n’est pas exhaustive.

    Le Premier ministre Sama Lukonde, dont le gouvernement se fait toujours attendre au moment où nous enregistrons cet audio, devra sans doute, bientôt, donner quelques indices sur ces chantiers prioritaires. 

    En attendant, n’hésitez pas à rejoindre notre fil WhatsApp en envoyant GEC au +243 894 110 542 pour recevoir directement “Po na GEC” chaque vendredi sur votre téléphone. 

    🎙 Tshisekedi, homme d'État du continent ?

    🎙 Tshisekedi, homme d'État du continent ?

    Addis-Abeba, le 6 février. Le président congolais, Félix Tshisekedi, entre dans une salle inhabituellement vide, en raison de la pandémie de la Covid-19. Accompagné de quelques députés congolais et des membres de son cabinet, ce président à la fois applaudi et critiqué pour ses nombreux voyages à l'extérieur formalise ce que ses conseillers et partisans vantent comme une victoire diplomatique : il assume les fonctions du président de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine.

    Bonjour ! Nous sommes le vendredi 5 mars. Je m’appelle Joshua Walker, et je suis le directeur de programme du Groupe d'étude sur le Congo. Vous écoutez le 4e épisode de Po na GEC, série de capsules audio qui résume et analyse les événements de l'actualité congolaise. 

    Depuis 2019, Félix Tshisekedi gravit petit à petit les échelons de la diplomatie africaine : d’abord élu 2e vice-président en février 2019, il devient ensuite 1er vice-président en février 2020. Durant la même période, il joue les médiateurs, à côté du président angolais Joao Lourenço, entre le Rwanda et l’Ouganda. Presqu’au même moment, il est élu président de l’UA pour 2021. La nouvelle est accueillie par certains comme un coup diplomatique de Tshisekedi : on parle du “retour” de la RDC sur la scène géopolitique comme actrice importante.

    En fait, le président de l’Union africaine est élu pour un mandat d’un an par ses pairs chefs d’Etat et de gouvernement de la région. La présidence passe à tour de rôle annuellement entre les 5 sous-régions : l’Afrique du Nord, l’Afrique australe, l’Afrique centrale, l’Afrique de l’ouest et l’Afrique de l’est. C’était acté avant l’élection de 2018 que la RDC prendrait, pour le compte de l’Afrique centrale, la 2e vice-présidence en 2019 jusqu’à prendre la présidence en 2021. Cette présidence est donc le fruit du travail de la diplomatie congolaise sous Joseph Kabila.

    La présidence de l’Union africaine est un rôle largement symbolique. Mais le titulaire a également une certaine marge pour faire mettre en œuvre ses projets phares, comme le président rwandais Paul Kagame l’a fait avec la Zone de libre-échange continentale africaine. En tant que président de l’UA, Félix Tshisekedi représente l’organisation intergouvernementale dans des réunions internationales. Et il donne les grandes orientations des priorités de l’organisation pour l’année. Pour l’aider dans cette tâche, en novembre 2020, il a nommé un panel chargé d’accompagner son mandat, composé de personnalités congolaises importantes comme le professeur d’histoire Isidore Ndaywel et l’ancien secrétaire exécutif de la Conférence internationale sur la région des Grands lacs, Ntumba Luaba.

    Quel agenda, donc, pour l'année de Félix Tshisekedi à la tête de la grande organisation continentale ? Le thème de sa mandature, choisi par les chefs d’Etat et de gouvernement en 2020 est “Arts, culture et patrimoines : leviers pour l’édification de l’Afrique que nous voulons”. Ce thème a été choisi, en partie, en raison du débat sur la restitution des objets d’art africains des musées étrangers. Lors de son discours d’investiture, Félix Tshisekedi a tout de même essayé de faire rentrer la question de la paix sous cette rubrique d’arts et culture, en évoquant le thème du mandat de son prédécesseur, le président sud-africain Cyril Ramaphosa : “Faire taire les armes”. Ce dernier avait voulu, avant la pandémie de la Covid-19, se focaliser sur deux conflits prioritaires : la Libye et le Sud Soudan. Le président Tshisekedi, cependant, semble vouloir tourner l’attention de l’UA vers les conflits liés au terrorisme : la région sahelo-sahélienne, le nord du Mozambique, la République centrafricaine...et l’est de la RDC. Le 27 février, il a déclaré : “Pour que l'art, la culture et les patrimoines réussissent leur mission d'édification de l'Afrique il faut faire taire les armes et débarrasser l'Afrique des menaces terroristes”. A côté de cela, il faut ajouter comme priorité l’implémentation de la Zone de libre-échange continentale africaine.

    La présidence de l’Union africaine offre une nouvelle plateforme pour le président Tshisekedi de nourrir davantage ses contacts avec ses homologues africains, et peut-être de continuer à construire son image d’homme d’État. Ira-t-il au-delà des séances photos et des discours ? Les mois qui suivent nous donneront la réponse. 

    En attendant, vous pouvez rejoindre notre fil Whatsapp en envoyant GEC au +243 894 110 542 pour recevoir directement “Po na GEC” chaque vendredi sur votre téléphone. 

    À la prochaine !

    Épisode 4. Yvon Muya : rôle des médias congolais dans une situation de crise politique

    Épisode 4. Yvon Muya : rôle des médias congolais dans une situation de crise politique

    Bonjour et bienvenue dans ce quatrième épisode de Masolo Ya Kati, podcast du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche indépendant basé à l’Université de New York.

    Au micro, Trésor Kibangula.

    Nous enregistrons cette conversation ce samedi 13 février 2021, journée mondiale de la radio. Le podcast est bien entendu enregistré à distance, contraintes et restrictions de voyage en cette période de pandémie l’imposent. Aujourd’hui, notre invité s’appelle Yvon Muya. Il est journaliste depuis dix ans environ, doctorant à l’École d’études de conflits de l’Université Saint-Paul d’Ottawa et professeur à temps partiel pour cette session d’hiver, chargé du cours de Sujets avancés en études de conflits : les approches socioculturelles de la paix. 

    Il est par ailleurs le fondateur du site d’informations en ligne https://cas-info.ca/ qui ambitionne d’aller, je cite,  “au-delà de l’info”. Et ça tombe bien parce que nous allons échanger sur le rôle des médias congolais : que doit-on attendre des journalistes dans un contexte de tension ou de crise politique.

    🎙 Sama Lukonde, le choix parfait de Tshisekedi

    🎙 Sama Lukonde, le choix parfait de Tshisekedi

    La semaine dernière, le président Félix Tshisekedi a nommé M. Sama Lukonde comme Premier ministre. Il remplace à ce poste M. Ilunga Ilunkamba qui a démissionné le 28 janvier à la suite d’une motion de censure votée contre lui à l’Assemblée nationale. Pourquoi ce choix ?

    Bonjour !

    Je m’appelle Trésor Kibangula et je suis analyste politique au sein du Groupe d’étude sur le Congo, centre de recherche basé à l’Université de New York. Ceci est le deuxième numéro de Po Na GEC, notre capsule audio qui résume, explique et donne notre avis sur les questions d'actualité en RDC.

    Nous sommes le vendredi 19 février.  

    La désignation de Sama Lukonde augure la fin de la longue crise politique qui a paralysé les institutions du pays depuis la nomination contestée des trois juges à la cour constitutionnelle, en juillet 2020. 

    Le nouveau Premier ministre, malgré son jeune âge - il n’a que 43 ans - n’est pas à ses débuts en politique. Ce diplômé en chimie de l’Université de Lubumbashi a été élu en 2006 député national et a été membre de la commission de mines et hydrocarbure de l’Assemblée nationale. Entre 2014 et 2015, il a été ministre de la Jeunesse et des Sports dans le gouvernement Matata II avant de démissionner avec le groupe de sept partis qui demandaient au président Joseph Kabila de respecter la constitution en organisant les élections dans les délais. Sama Lukonde a été également membre du conseil de sages du Rassemblement de l’opposition autour d’Étienne Tshisekedi. Et jusqu’à sa nomination, il était directeur général de la Gécamines, la plus grande entreprise minière du pays.

    Cette désignation de M. Sama Lukonde intervient dans un contexte des manœuvres de redéfinition de rapports de forces dans le paysage politique congolais et surtout au sein de la nouvelle coalition, Union sacrée de la nation. Félix Tshisekedi, qui avait entretenu des relations difficiles avec l’ancien Premier ministre et les présidents de deux chambres du Parlement, avait besoin d’une personne loyale à la primature. Une personne qui ne lui ferait pas de l’ombre. Sama Lukonde, qui est issu d’un parti relativement petit et dont le président, Dany Banza, est proche du chef de l’État, apparaît comme le choix parfait. Et surtout qu’il est du Katanga… 

    Car être du Katanga était, selon plusieurs sources, une condition déterminante. L’ex-Katanga, poumon économique du pays, voudrait garder le contrôle d’une branche importante du gouvernement. De plus, nommer un katangais contribuerait à la fois à rassurer les hommes politiques issus de cette partie du pays et à réduire davantage l’influence de l’ancien président Joseph Kabila, lui-même originaire du Katanga.  

    Enfin, nommer un jeune qui, malgré son expérience politique, n’est cité ni dans les malversations financières ni autres scandales, traduit une volonté de renouvellement de la part de Félix Tshisekedi. Toutefois, le choix de Sama Lukonde confirme également le faible degré de confiance entre les nouveaux alliés et le délicat arbitrage qu’il faudra avoir dans la répartition des responsabilités au sein de l’Union sacrée de la nation. 

    Sama Lukonde n’aura toutefois pas de moment de répit tant les dossiers urgents remplissent sa table : d’entrée de jeu, il lui faudra définir un programme cohérent du gouvernement. L’attendent aussi l’épineuse question de la gratuité de l’enseignement de base, les récurrents problèmes de l’insécurité dans l’Est, et les nombreuses réformes que son gouvernement doit mener. Y arrivera-t-il ? C’est tout le mal que nous lui souhaitons.

    En attendant, vous pouvez rejoindre notre fil Whatsapp en envoyant GEC au +243 894 110 542 pour recevoir directement “Po na GEC” chaque vendredi sur votre téléphone. 

    À la prochaine ;)

    🎙Des raccourcis légaux de Tshisekedi

    🎙Des raccourcis légaux de Tshisekedi

    Bonjour, je m’appelle Jason Stearns et je suis le directeur du Groupe d’étude sur le Congo, un centre de recherches basé à l’Université de New York. 

    Nous sommes le vendredi 12 février.

    Aujourd'hui, nous commençons une nouvelle série de clips audio hebdomadaires, “Po Na GEC", qui résument, expliquent et donnent notre avis sur les questions d'actualité. 

    La semaine passée, le président du Sénat en RDC, Alexis Thambwe Mwamba, a démissionné à la suite de la pression venue de la nouvelle coalition du Président Tshisekedi, l’Union Sacrée pour la Nation. 

    C'est une institution de plus dans laquelle  Tshisekedi a réussi à arracher le contrôle à son ancien allié, le FCC de Joseph Kabila. 

    La première bataille pour le pouvoir a eu lieu autour  la nomination de trois nouveaux juges à la Cour constitutionnelle en juillet 2020. Selon la constitution, le président, l'assemblée nationale et le Conseil supérieur de la magistrature sont chacun autorisés à désigner un tiers des membres de la cour. Deux de ces nominations étaient discutables. Tshisekedi a envoyé deux juges ailleurs avant la fin de leur mandat - pourtant la loi organique stipule que leur mandat doit être terminé. Et leurs remplaçants auraient également dû être proposés par le Conseil supérieur de la magistrature - ce qui n'a pas été le cas. Finalement, selon la constitution, la nomination des nouveaux juges est censée être contresignée par le premier ministre. Sous prétexte que le Premier ministre Ilunkamba  était en déplacement, le vice premier ministre a contresigné les ordonnances.

    Le second dossier concerne la destitution du bureau de l'Assemblée nationale en décembre 2020. Ici, c'est moins une violation de la loi qu'un forcing politique non conventionnel qui a fait sourciller. Lorsque les partisans de Tshisekedi ont tenté de déposer les pétitions pour évincer le bureau - ce qui est leur droit - la présidente de l'Assemblée nationale, Jeanine Mabunda, a refusé de les recevoir. Les hommes du président ont alors séquestré le secrétaire général de l'assemblée nationale et lui ont fait convoquer une plénière. Mabunda a alors elle-même convoqué une plénière, avec un ordre du jour différent, pour la même période, ce qui a conduit à un affrontement d'une violence inconvenante sur le parquet du parlement le 8 décembre 2020. 

    Enfin, le sénat. Il était clair que Tshisekedi était en mesure d'imposer sa nouvelle majorité ici aussi. Mais début février, lorsqu'il a tenté de le faire, la session extraordinaire était terminée. Au lieu d'attendre la prochaine séance plénière, les gens autour de Tshisekedi ont fait pression sur le secrétaire général du sénat pour qu'il convoque une nouvelle session extraordinaire, même si, selon le règlement du sénat, c'est le président de la chambre qui doit la convoquer. Cela crée un précédent troublant, en permettant au secrétaire général de convoquer une session quand il le souhaite. 

    Ce sont des victoires impressionnantes pour un président qui a été soupçonné d'être sous le contrôle de Kabila à la suite des élections controversées de 2018. Du point de vue d'un gouvernement désireux d'accomplir un travail urgent, cette approche de privilégier les objectifs politiques par rapport aux contraintes juridiques est logique. Le président a déjà pu atteindre certains objectifs––la gratuité d'enseignement, même si elle est encore embryonnaire, en est un exemple. Et il est clair que Kabila, prédécesseur de Tshisekedi, était également coupable de nombreuses violations de la loi, petites et grandes. Cependant, du point de vue de l'impératif de créer des institutions apolitiques et soumises à des règles, cette approche du pouvoir est troublante. 

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    À la prochaine 😏

    Épisode 3. Kikaya Bin Karubi : "Voici ce qui a cloché avec notre diplomatie"

    Épisode 3. Kikaya Bin Karubi : "Voici ce qui a cloché avec notre diplomatie"

    Bonjour et bienvenue dans ce nouvel  épisode de Masolo Ya Kati, podcast du Groupe d’étude sur le Congo (GEC), projet indépendant de recherche basé à l’Université de New York.

    Au micro, Trésor Kibangula.

    Aujourd’hui, notre invité se nomme Barnabé Kikaya Bin Karubi. Et se présente souvent comme un “acteur actif” de la vie politique congolaise. 

    Bonjour M. Kikaya.

    Dernier conseiller diplomatique de Joseph Kabila, alors président de la République démocratique du Congo, à 66 ans, Barnabé Kikaya Bin Karubi est présent sur la scène politique du pays depuis plus de deux décennies. Ambassadeur, député, ministre, … Il a occupé plusieurs fonctions sous le règne des Kabila, père et fils. Il est d’ailleurs resté aujourd’hui parmi les proches collaborateurs de l’ancien chef de l’État.

    Au moment où la RDC traverse ce qui ressemble fort bien à une nouvelle crise politique, après le constat d’échec de la coalition au pouvoir FCC - Cach à engager des réformes structurelles, l’occasion d’échanger avec lui sur la responsabilité de cette classe politique congolaise face aux défis de développement du pays hier, aujourd’hui et demain. Nous  nous s’intéresserons aussi à sa vision personnelle du Congo de demain.

    Épisode 2. Florentin Mokonda Bonza : "Avant de bâtir l'État de droit, il faut d'abord que nous ayons un État"

    Épisode 2. Florentin Mokonda Bonza : "Avant de bâtir l'État de droit, il faut d'abord que nous ayons un État"

    Bonjour !

    Bienvenue dans ce deuxième épisode du podcast Masolo Ya Kati.

    Au micro, Trésor Kibangula.

    Après quelques numéros hors-séries consacrés au coronavirus en RDC, votre podcast Masolo Ya Kati revient dans sa version plus classique. Mais nous continuons à l’enregistrer à distance, en attendant la reprise des vols internationaux. Aujourd’hui, nous allons échanger avec le professeur Florentin Mokonda Bonza. 

    Président de la Convention des démocrates chrétiens (CDC), il est un fin connaisseur des arcanes du pouvoir en RDC. Fraîchement ancien sénateur, Mokonda Bonza a été entre autres directeur de cabinet de Mobutu Sese Seko, alors président du Zaïre. Il s'était déclaré candidat à la présidentielle de 2018, avant finalement de se retirer de la course, dénonçant la connivence de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) avec le camp du président sortant, Joseph Kabila. Près d’une année et demi après l’installation d’un nouveau président, le pays demeure embourbé dans des polémiques politiciennes, mais surtout dans des affaires de corruption et de détournements des fonds publics. Repoussant ainsi, jour après jour, les réformes de fond promises. Entre-temps, la scène politique congolaise est en pleine mutation : des adversaires d’hier sont devenus des coalisés d’aujourd’hui et gèrent ensemble l’État, non sans de nombreux couacs. 

    Avec le professeur Florentin Mokonda Bonza, nous allons essayer d’aborder la question du fonctionnement de l’État aujourd’hui et celle des réformes prioritaires à mettre en place.

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