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    christian tafani

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    Episodes (3)

    Guerre économique : Et si l’on retournait sur les bancs de l’école ?

    Guerre économique : Et si l’on retournait sur les bancs de l’école ?

    L’Europe vient donc de découvrir avec effroi qu’elle était en guerre, chose que depuis 30 ans les Européens n’ont jamais accepté de prendre vraiment en considération. L’invasion russe en Ukraine montre que la vigilance doit toujours rester de mise, qu’un pays ne doit jamais baisser la garde, de peur de se retrouver démuni ou mal préparé en
    première ligne, face à des envahisseurs qui partent la fleur au canon en étant informés par leur hiérarchie qu’ils devront se débrouiller pour ce qui concerne le ravitaillement en vivres au-delà de 3 jours…  

    « Payez-vous sur la bête »  

    On l’a vu à Marioupol, une ville russophone d’Ukraine qui s’est défendue bec et ongles avec des moyens dérisoires face à des hordes blindées qui s’emploient à raser la ville, à massacrer des civils qui n’acceptent pas de se soumettre et dont le libre choix se limite à la déportation en Sibérie après avoir été délestés de leurs papiers et de tous
    leurs biens sans doute pour y être « rééduqués » dans des camps de sinistre mémoire. Sans oublier des exactions d’un autre âge, indignes d’une armée moderne.  

    Les experts n’écartent « aucune éventualité » …. « Toutes les options sont sur la table ».

    Seul côté positif, les Européens de l'Ouest découvrent le courage et une solidarité exprimés par les populations d'Europe centrale et orientale : Une occasion, en tout cas, pour certains d’entre nous de découvrir en Europe des pays exemplaires : la République tchèque, la Pologne, les pays Baltes, la Slovaquie, la Roumanie et la Moldavie. On est plus près du chiffre de dix millions de réfugiés que de deux ou trois. Des femmes, des enfants et des personnes âgées ont été forcées à l’exil pour laisser les hommes valides se consacrer à défendre leur pays. En trois semaines, l’Ukraine s’est déjà vidée du quart de sa population.  

    Dès la première heure, les Tchèques, les Polonais et les Baltes ont immédiatement
    mobilisé tous leurs moyens. Publics et privés. Eux sont en première ligne. L’URSS
    de Staline ou la Russie de Poutine, pas besoin de leur expliquer : ils ne se bercent d’aucune illusion ! 

    Quand on est dans l’urgence, le temps n’est plus aux joutes oratoires ou aux questionnements. Le temps est à l’action. C’est en amont qu’une guerre se prépare. Qu’elle soit militaire ou économique. Il faut se préparer à une guerre économique de haute intensité dans la durée et sur le plan militaire prévoir le pire. 

    Comment ne pas se souvenir des velléités d’indépendance affirmées tous azimuts, haut et fort, par le général de Gaulle ou encore de la lucidité exprimée par François  Mitterrand dans un entretien pour un livre avec son ami Georges-Marc Benhamou : « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort. » 

    Gemplus, l’affaire Alstom, et tant d’autres sont des épisodes de cette guerre économique au quotidien entre Alliés. Avec les Russes ou les Chinois, ce sera une autre paire de manche. 

    Dans cette émission diffusée par la Voix du Béarn, Guillaume Anjou décrit un cas d’espèce pour une école qui gagne à être connue : l’école de guerre économique… Fondée en 1997 par Christian Harbulot, cet établissement supérieur forme des spécialistes en Intelligence économique et au renseignement économique, qu’il soit défensif ou même offensif. « La guerre de l’information par le contenu » nous dit Guillaume Anjou « est un genre de guerre aussi vieux que la guerre elle-même. Cependant la croissance exponentielle et la dimension mondiale de la diffusion de l’information ces dernières années ont constitué un environnement favorable au développement de la guerre informationnelle dans le monde économique, politique ou sociétal. Depuis 2016, l’industriel français Naval Group est sous le feu de cette guerre informationnelle en Australie ». « Le contrat du siècle » d'une valeur de 35 milliards d'euros : 12 sous-marins à propulsion diesel-électrique se révèlera être un fiasco. 

    L'agression russe en Ukraine montre bien que le monde libre doit se mobiliser pour se préparer en 2022 à vivre une guerre économique de haute intensité ... 

    Comment ne pas se souvenir des velléités d’indépendance affirmées tous azimuts haut et fort par le général de Gaulle ou encore de la lucidité exprimée par François Mitterrand dans un entretien pour un livre avec son ami Georges-Marc Benhamou : « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre permanente, une guerre vitale, une guerre économique, une guerre sans mort apparemment. Oui, ils sont très durs les Américains, ils sont voraces, ils veulent un pouvoir sans partage sur le monde. C’est une guerre inconnue, une guerre permanente, sans mort apparemment et pourtant une guerre à mort. » 

    Pour parler de cette guerre économique de l’ombre, une guerre sournoise, nous allons entendre des spécialistes du renseignement économique qui ont été au cœur de la riposte française. Comme Christian Harbulot et Christian Tafani, deux universitaires qui ont participé en 1994 à la rédaction du rapport Martre. Christian Tafani qui mesure le chemin parcouru en 25 ans et parle d’une « prise de conscience d’un patriotisme recouvré ». Acceptons-en l’augure ! 

    Nous entendrons deux témoignages d’étudiants de l’EGE. 

    Guillaume Brechler qui exerce des responsabilités dans une grande entreprise où il est chargé de l’étude des risques, de la cybersécurité et de l’intelligence économique. Ses spécialités, la veille et l’analyse des sources ouvertes. A la recherche de ces signaux faibles qui peuvent se révéler si importants.  

    Steven Deffous, Coordinateur du club OSINT & Veille del ’École de Guerre Économique, travaille lui au sein d’une équipe de spécialistes de l’aviation et de l’armement russes. Autour de Xavier Tytelman un ancien de l’armée de l’Air, ils réalisent des vidéos dignes d’un état-major qui analysent d’une manière remarquable l’avancée ou le recul des troupes russes en suivant les opérations, et ce uniquement à partir de sources ouvertes y compris d’images satellite d’une précision sur le terrain qui est tout simplement bluffante.   

    Au cours de ce rendez-vous avec le monde de l’Intelligence économique, on évoquera aussi le rôle du général Pichot-Duclos, du général François Mermet qui vont ouvrir la vioie et d’Alain Juillet qui va se révéler être le bras armé de l’état stratège en matière de défense économique.  

    Joël-François Dumont  

    « Keep Your Secrets Secret ! »

    « Keep Your Secrets Secret ! »

    Le 16 novembre 1944, le général de Gaulle a signé une ordonnance créant la « Direction de la Surveillance du Territoire », ordonnance qui sera complétée par un arrêté ministériel une semaine plus tard.  

    En fixant les attributions et les structures internes de la « DST », le chef de la France Libre a dérogé à une tradition : pour la première fois en France, le contre-espionnage échappait au contrôle du ministère des Armées et était placé sous l’autorité  du ministère de l’Intérieur. 

    Roger Wybot – un ancien du BCRA à Londres – était nommé directeur.  

    Parmi les missions prioritaires de ce nouveau service de contre-espionnage français
    qui succédait à la « ST », la Sécurité du Territoire crée en 1934 par le gouvernement de Gaston Doumergue, la DST se devait de traquer les anciens nazis comme avait pu le faire la ST avant-guerre, de surveiller de près les menées subversives communistes financées par Moscou visant à instaurer en France un régime communiste, enfin d’identifier tout agent étranger sur notre territoire suspect de se livrer à des activités d’espionnage ou à des actes terroristes. 

    Soixante ans plus tard, le 16 novembre 1944, Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur, a
    réuni au siège de la DST, rue Nélaton, dans le XVe, presque tous les anciens directeurs y compris le légendaire Roger Wybot. Manquaient à l’appel, notamment, le préfet Gabriel Ériau – un grand Résistant qui vissait un bras mécanique quand il allait au monument aux morts pour y déposer une gerbe ou pour conduire sa DS et qui n’en était pas moins resté un tireur d’élite ! 

    Dans une grande salle en haut de l’immeuble qui avait été le siège de ELF, le ministre lui-même ancien Résistant qui avait connu la clandestinité, a rappelé brièvement quelques souvenirs personnels avant de conclure son propos ainsi : « votre devise est et restera Keep your secrets secret ! ». Comme quoi dans le milieu du renseignement, que l’on soit civil ou militaire, il y a des règles qui ne souffrent pas d’exception. Une magnifique médaille commémorative a été remise aux invités triés sur le volet… 

    Notre précédente émission a été l’occasion d’évoquer une très belle page d’histoire
    inédite qui plus est de notre service de contre-espionnage français après la débâcle de 40 et l’entrée en Résistance, dès le 14 juin 1940, à Bon-Encontre des effectifs du « 2 Bis ».  

    Cette fois-ci, après « l’hommage aux anciens », nous nous sommes intéressés au Renseignement français et aux évolutions majeures qu’il a pu connaître au cours de ces 20 dernières années. Sans oublier d’évoquer deux grandes réformes.  

    La première a eu lieu sous François Mitterrand, la seconde sous Nicolas Sarkozy. 

    Dans le domaine du renseignement militaire, le 16 juin 1992, Pierre Joxe, ministre de la Défense, créait la « DRM ». L’objectif était de palier « les manques » constatés à l’issue de la première guerre du Golfe. Son prédécesseur, Jean-Pierre Chevènement, avait demandé au général d’armée aérienne François Mermet, ancien DGSE, de réfléchir
    à la création d’une « DIA à la française ». Pierre Joxe concrétisera cette réforme qui était indispensable. 

    La Direction du Renseignement Militaire regroupait, notamment, tous les anciens 2e Bureaux d'Armées et se devait de ne pas faire double emploi avec le SDECE devenu la DGSE, la Direction générale de la Sécurité Extérieure.  

    Plus tard, sous Nicolas Sarkozy, pour contrer les menaces terroristes de toute sorte, une grande réforme du Renseignement intérieur a été initiée par le préfet Bernard Squarcini qui fusionnera la DST et les RG en rendant la DST responsable de la lutte antiterroriste, sans pour autant négliger ses missions classiques de contre-espionnage et de contre-ingérence.  

    C’est ainsi que le 1er juillet 2008, la DST a fusionné avec la Direction Centrale des Renseignements Généraux au sein d'une nouvelle direction prenant le nom de « Direction Générale du Renseignement intérieur » (DCRI), renommée en 2014 par le pouvoir socialiste « Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI). Cette réforme restera une des très rares réformes pensées et réalisées « à froid », autrement dit pas suite à une bavure ou dans « un climat » passionnel. 

    Si l’on ajoute à cela l'installation à l'Élysée d'un « coordinateur du Renseignement » pour s'assurer que les échanges interservices fonctionnent bien et que la remontée de
    l'information stratégique soit valorisée, on a une vue d’ensemble assez complète des changements intervenus en profondeur pour mieux adapter l’outil à la menace. 

    Dans cette émission réalisée avec Jean-Michel Poulot, la Voix du Béarn a donné la parole à des experts très qualifiés : Jean Guisnel du Point, un des rares journalistes à s’être intéressé au Renseignement pendant plus de 30 ans et auteur de nombreux
    ouvrages de référence,[2] Alain Juillet ancien n°2 de la DGSE qui deviendra sous
    Chirac « Haut-fonctionnaire à l’Intelligence économique » qui va lui considérablement
    renforcer nos capacités d’action dans le domaine économique, le préfet Bernard
    Squarcini, le père d’une de ces deux grandes réformes, le professeur Christian Tafani qui forme des étudiants sur ces questions et Hedy Belhassine, un expert des questions stratégiques. 

    Si les dernières aventures de James Bond et d’OSS 117 portées à l’écran récemment continuent de faire rêver, force est de constater que l’on trouve plus de pères tranquilles à la DGSE et à la DGSI que de séducteurs patentés. Mais qui s’en plaindra ? 

    Joël-François Dumont 

    [1] Le C-E en 1940 se trouvait 32 rue de Tourville à Paris. 

    [2] Lire notamment de Jean Guisnel : Histoire secrète de la DGSE (Robert Laffont, 2019), Au Service secret de la France avec David Korn-Brzoza (Éditions de la Martinière, 2014), Guerres dans le Cyberespace (Éditions La découverte, 1995).  

    Il n'est décidément pire aveugle que celui qui ne veut pas voir

    Il n'est décidément pire aveugle que celui qui ne veut pas voir

    Trois événements récents sont appelés à marquer durablement les esprits. Le désastre afghan, la guerre de la drogue dans les quartiers Nord de Marseille et dans d’autres villes françaises, l’ouverture – enfin – la semaine dernière du procès des terroristes qui ont semé la mort au Bataclan le 13 novembre 2015. Un procès qui devrait durer six
    mois pour juger Salah Abdeslam et ses complices. 


    Très prochainement, la Voix du Béarn traitera au fond avec des experts chacun de ces trois sujets. Auparavant, nous souhaitions rediffuser cette émission que nous avons diffusée le 21 avril 2020, en plein confinement. Pour des raisons simples qui permettent d’éclairer des sujets aussi graves. 


    A priori, entre eux, le premier lien semble être l’islamisme radical qui s’alimente par la drogue. Mais ne faut-il pas aussi se poser deux questions : comment en sommes-nous arrivés là et n’aurions-nous pas pu nous épargner ces trois désastres qui n’auraient dû
    surprendre personne, en tout cas, pas eux qui nous gouvernent ?  


    En fait, il y a un deuxième lien à opérer, c’est de constater des deux côtés de l’Atlantique une même faillite du politique qui ne tient pas compte des alertes qui lui sont données. Les politiques restent « dans le temps court ». 


    Les gouvernements français ne peuvent pas dire, par exemple, qu’ils n’avaient pas été prévenus par leurs services des guerres de 1870, de 1914 ou encore de 1940 ! Celle de 1914, aurait pu éclater à tout moment à partir de 1895… En 1905 elle était « imminente ». Et entre 1933 et 1936, ils faisaient quoi nos gouvernements ? Après la « Der des Der », les « années folles », certes il y a eu « les congés payés » en attendant la « drôle de guerre ». Et on a eu Munich, une nouvelle Guerre Mondiale, l'humiliation de l'occupation et une Europe dévastée.


    L’insouciance ne s’improvise pas  


    Comme l’a écrit Honoré de Balzac dans ses pensées : “L'insouciance est l'art de se balancer dans la vie comme sur une escarpolette, sans s'inquiéter du moment où la corde cassera”…
     

    Au-delà d’une certaine insouciance pour le temps long conjuguée à une incompétence tout aussi certaine, on retrouve cette même lâcheté du politique qui se veut plus concerné par sa propre réélection que par « l’intérêt national ». De quoi permettre à des dictatures de s’installer et de nous faire la guerre avec nos propres richesses. Un
    comble !  


    Malheur à qui apporte les mauvaises nouvelles ! 


    Concernant l’Afghanistan : d’un côté, il faut saluer la prouesse des militaires américains qui ont évacué en 18 jours par voie aérienne près de 120.000 personnes, hommes, femmes et enfants depuis l’aéroport de Bagram, grâce à un pont aérien sans précédent dans l’histoire et dans des conditions épouvantables. De l’autre, on ne peut que blâmer les politiques américains qui ont négocié seuls, sans leurs alliés, avec les Talibans ce départ dans la honte et dans le déshonneur. Voir, aux États-Unis, 100 généraux réclamer la démission du ministre de la Défense n’est pas chose courante ! Leur texte vaut le détour… 


    Deuxième sujet, cette guerre de la drogue, un fléau qui gangrène la France depuis près de 20 ans et à Marseille depuis trop longtemps. Le président Macron – qui donne l’impression d’être toujours en campagne électorale – s’est invité trois jours à Marseille. Mais qui, sérieusement, qui peut ou veut croire un seul instant que cette guerre pourra
    être gagnée sans une véritable volonté politique ? C’est cela qui a toujours manqué depuis 20 ans. Quels que puissent être les moyens en homme et en matériel, il ne faut s’attendre, dans la durée, à aucun retournement de situation sans une volonté politique affichée avec des lois adaptées puis exécutées quand elles ont été votées.  


    Troisième sujet, les attentats de Paris. Le moins que l’on puisse dire est que le pouvoir politique, là encore, a failli à sa mission. L’attentat contre Charlie Hebdo avait pourtant
    révélé les faiblesses – plus que les failles – des formes d’engament imposées à nos forces de l’ordre face à certaines menaces les rendant parfois inopérantes.  


    Quand la peur va-t-elle enfin changer de camp ? 


    On l’a vu : les militaires sur place (Mission Sentinelle) n’avaient pas le droit d’utiliser leurs armes. Les deux policiers arrivés par hasard sur place ont utilisé leur arme de service en violation flagrante du règlement. Heureusement, ils l’ont fait. C’est ainsi qu’à 25 mètres de distance, ces deux policiers, tireurs d’élite, avec une arme de poing ont réussi à empêcher un de ces terroristes d’exécuter, de sang-froid, d’une balle dans la tête une innocente victime avec une Kalasnikov – une arme de guerre automatique. 


    Où sont-ils, dans le banc des accusés, ceux qui ont décidé de telles règles d’engagement ? Qui permettent à des gens d’écraser des gendarmes et que l’on ne peut atteindre de peur de les blesser dans le dos ? Où sont-ils ceux qui, au fil des années, ont favorisé avec autant de lâcheté que d’incompétence la protection des
    bourreaux plutôt qu’à celle de leurs victimes ? 


    Il n’est pas interdit d’espérer au cours de ces six longs mois que va durer ce procès que
    ceux qui sont « toujours responsables mais jamais coupables » soient enfin questionnés par les familles des victimes.  


    Un exemple : j’ai appris le 13 novembre 2015 au soir que le GIGN et la brigade des
    sapeurs-pompiers de Paris avaient passé toute la journée dans le 11e arrondissement de Paris à faire un exercice d’entraînement dont le thème était une prise d’otages par un commando terroriste. Lorsqu’une des ambulances qui avait servi à évacuer des faux blessés est arrivée devant le Bataclan, pensant participer à la fin de l’exercice, ses ambulanciers ont dû se rendre à l’évidence : c’était tout sauf « un exercice », comme ils l’ont dit sur leur radio en donnant l’alerte.  


    Que s’est-il passé ? Pourquoi la police a été aussi longue à arriver et « a perdu une heure » ? Parce la préfecture de Police a estimé que les Gendarmes du GIGN devaient rester consignés à la caserne toute proche, au Quartier des Célestins. Paris était « réservé à la Police » ! Il y a des chasses gardées… Seule la BBC a posé quelques questions de bon sens que les média se sont bien gardé d’évoquer. Elles étaient pourtant pertinentes. France 2 a été la seule chaîne de télévision à diffuser cette émission de la BBC, en version française.  


    Responsables mais jamais coupables 


    Il n’y a pas que les faux-aveugles comparés à des adeptes de Bisounours, ceux qui ne
    veulent pas voir. Il y a aussi les « militants », ceux qui refusent de voir.  


    A gauche ils se reconnaîtront. Même si certains d’entre eux, comme Manuel Vals, ont su faire preuve de courage et de lucidité. Chacun sait qu’ils sont loin d’avoir été suivis et qu’ils ont même essuyé de vives critiques dans leur propre camp. Il y a des gens qui refusent de voir les réalités en face au nom d’une idéologie mortifère. Pourquoi le cacher ? 


    Comment oublier, par exemple, que la priorité de François Hollande le jour de son
    installation à l’Élysée a été de suivre, heure par heure, le départ de son bureau du préfet Bernard Squarcini, directeur général de la Sécurité intérieure ? Un homme longtemps considéré comme l’un des « meilleurs flics de France ». Il l’avait prouvé comme préfet de police de Marseille avant de faire la réforme du renseignement. Son crime était d’avoir été choisi par Nicolas Sarkozy pour réorganiser nos services de renseignement intérieur et de contre-espionnage, la DST et les RG, pour les adapter – enfin – à la lutte contre le terrorisme islamiste. L’objectif déclaré étant que « la peur change de camp ».  


    S’il y a une réforme qui a permis de devenir efficace face au terrorisme islamique,
    c’est bien celle-là. Une façon de prévoir le pire et d’organiser les services de l’État pour « faire face ».  


    Ce qui m’avait frappé à l’époque, c’est que c’était bien la première fois qu’on faisait une réforme de cette importance « à froid », autrement dit, « pas dans l’urgence » en donnant comme trop souvent la priorité aux sentiments du moment et non à la raison et au bon sens qui devraient toujours l’emporter en pareil cas. Une vraie réforme comme il en faudrait tant d’autres !
     

    Revenons aujourd’hui avec le préfet Squarcini sur cette réforme du Renseignement qui
    marquera en France un tournant sécuritaire dans notre pays, une réforme qui sera amplement validée par les faits.   


    Nous parlerons également « Intelligence économique » avec le professeur Christian Tafani, un universitaire expert des questions de défense et de sécurité qui a fait partie de la « Commission Martre ». L’objectif avoué de cette commission, en 1994, était de prendre en compte les « facteurs immatériels de la compétitivité ». 


    La fin de la guerre froide, l’émergence de nouvelles puissances économiques, le
    processus de mondialisation des échanges et la révolution des nouvelles technologies induisant un déplacement des logiques de puissance, historiquement dans le champ militaire, vers la sphère économique, il était temps de réagir et de proposer une politique qui nous permette de nous adapter au monde tel qu’il était. 


    Bernard Squarcini et Christian Tafani sont corses tous les deux mais pas du même
    village… Le regard croisé qu’ils portent sur ces sujets est passionnant. Et il permet de mieux comprendre comment de telles catastrophes annoncées puissent se dérouler à la surprise de ceux qui ont pour charge de gouverner, de prévoir et de décider, et non de faire de la communication pour satisfaire les uns un jour et faire le contraire le lendemain au point de perdre toute crédibilité et de ruiner la confiance sans laquelle aucun pays ne peut faire nation lors des heures sombres. 


    Joël-François Dumont