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    Episodes (12)

    « L’Europe des patries » : le grand dessein de Charles de Gaulle

    « L’Europe des patries » : le grand dessein de Charles de Gaulle

    Aujourd’hui à peu près tout le monde aime citer ou même se réclamer en politique du général de Gaulle. C’est de bon ton pour se donner à la fois une once de respectabilité et pour rechercher une adhésion facile. Curieusement, les plus nombreux à s’en réclamer se trouvent souvent parmi ceux qui ont succédé à ses plus farouches adversaires, au centre, à gauche, mais aussi à droite de l’échiquier politique, notamment ceux qui militent ouvertement pour une VIe République en appelant de leurs vœux le retour au « régime des partis ». Il y en a même qui n’hésitent pas dire
    qu’ils « savent ce que le général aurait fait » dans tel ou tel cas… Comme me le disait un jour son fils, l’amiral Philippe de Gaulle : « S’il est très difficile de prédire ce que le général de Gaulle aurait fait dans telle ou telle circonstance, par contre, on peut, sans se tromper, être certain de ce qu’il n’aurait pas fait ». 

    De 1958 à 1969, le général de Gaulle a redressé le pays, l’a doté d’institutions solides pour qu’elles soient après lui à l’épreuve du temps. De son œuvre de rénovation nationale, on retiendra en particulier qu’il a mis un terme à la guerre d’Algérie, transformé son armée de gros bataillons pour créer une force de dissuasion nucléaire crédible. Il a redressé l’économie, rétabli sa monnaie et lancé des grands projets pour moderniser et réindustrialiser le pays dont il transformera l’agriculture sans oublier sa langue et sa culture, prévoyant même de prendre une part à la grande aventure spatiale. Les hommes qui l’entouraient étaient pour la plupart issus de la guerre et de la Résistance.
    De Gaulle a rendu leur fierté à nos concitoyens, au premier rang desquels les soldats
    de cette « armée » qui l’a fidèlement soutenu, fiers de partager « une certaine idée de la France ». Une France qui, en dix ans, a su renouer avec les heures glorieuses de son passé.  

    C’était l’époque des bâtisseurs !
    Nombre de Français aimeraient aujourd’hui « changer l’image » de notre pays devenu le mauvais élève de la classe européenne, un modèle d’endettement. Beaucoup de jeunes en particulier – c’est réconfortant –, rêvent de « renouer » avec cette époque de
    notre histoire contemporaine, lassés qu’ils sont de vivre au jour le jour une déconstruction permanente et d’assister impuissants au rabaissement de l’image
    de la France dans le monde. 

    Entendre une voix comme celle du général de Gaulle est alors une occasion de se rappeler que cette époque n’est pas si lointaine…  

    Dans l’émission que la Voix du Béarn diffuse aujourd’hui, nous allons entendre de nouveau cette voix. Avec un premier extrait de son allocution, le 22 janvier 1963, lorsque le général s’est adressé à la Nation après avoir signé avec le Chancelier Konrad Adenauer le « Traité d’amitié et de coopération » plus connu sous le nom de « Traité de
    l’Élysée ».[1] Et puis un deuxième extrait, en allemand, c’est le « discours à la jeunesse allemande », prononcé le 9 septembre 1962 dans la cour du château de Ludwibsburg (Bade-Wurtemberg) devant plus de 300.000 personnes. 

    Ce traité scellant la réconciliation constitue « un acte fondateur » qui restera un modèle et ne l’oublions pas, une grande réussite qui honore la diplomatie française. D’où l’idée, aujourd’hui, de rendre hommage à un de nos diplomates pour qui ce traité est resté, sa vie durant, un objet de fierté, même si celui-ci a été amputé plus tard par « un préambule » imposé par Washington lors de sa ratification au Bundestag, le vidant en grande partie de sa substance. Il s’agit de Pierre Maillard. 

    Mon ami Michel Anfrol qui avait suivi pour l’ORTF les voyages officiels du général de Gaulle, me l’avait présenté lors d’un dîner-débat organisé au siège de l’Association des Français libres – 59, rue Vergniaud dans le 13ème à Paris. Un homme exceptionnel avec
    lequel il travaillait à la Fondation Charles de Gaulle. Le général avait choisi en 1959 ce jeune diplomate, agrégé d’allemand, pour en faire son conseiller diplomatique, fonctions qu’il a exercées jusqu’en 1964 avant de devenir Secrétaire général de la défense nationale (SGDN).  

    A l’actif de ce conseiller diplomatique, notamment, la préparation côté français de ce traité, et avoir été le « professeur » d’allemand du général en traduisant le texte de son
    intervention à Ludwigsburg et s’assurer de son accent. 

    Qui mieux que Pierre Maillard qui fut un de ses proches collaborateurs à l’Élysée, pouvait évoquer la vision européenne du général de Gaulle ?  

    L’ambassadeur Maillard nous a quitté en 2018 – à 102 ans – je vous propose de l’écouter. Il m’avait invité en 2010 chez lui à Boulogne-Billancourt pour parler également de ce traité et de la « vision de l’Allemagne » du général de Gaulle. Des extraits de cet enregistrement avaient été diffusés dans l’excellente revue Défense [1]. Entendre sa voix est une occasion de revenir sur la vision européenne du général. Il détaille les structures de cette Europe, ses contours, mais aussi sa vocation. « Une aire de civilisation, de démocratie.» Une page d’histoire qu’avec jean-Michel Poulot, nous souhaitions partager. 

    Joël-François Dumont 

    [1] Voir : La relation franco-allemande à l’épreuve du temps et France-Allemagne
    : le grand dessein
    » in Numéro 144 de Défense, daté de Mars-avril 2010.  

    [2] Revue bimestrielle des Auditeurs de l’Institut des Hautes Études de Défense Nationale.  

    La CDU tourne la page Merkel

    La CDU tourne la page Merkel

    Angela Merkel, il y a encore quelques semaines, récoltait 80% d’opinions favorables. Comment expliquer que son parti, la CDU, lors de son 34e congrès, le 22 janvier 2022, ait élu avec 95% des suffrages Friedrich Merz, celui qu’elle désignait depuis 2005
    comme son « ennemi intime » ?  

    En quelques heures, samedi, tout ce qui pouvait rappeler l’ère Merkel a été gommé. La presse, unanime, parle de « rupture avec l’ère Merkel ». La Frankfurter Allgemeine Zeitung constate que « l’ensemble du bureau fédéral a été rénové ». Il est urgent de « rénover le parti et de réparer la relation avec la CSU. »
    Le parti est tellement « laminé » comme l’écrit la Berliner Zeitung que c’est peut-être là « que réside sa chance, les choses ne pouvant qu’évoluer dans le bon sens ». Pour le Handelsblatt, « Merz est la dernière cartouche ». Un homme que la Tageszeitung situe
    « aux antipodes d’Angela Merkel », ce que confirme la Süddeutsche Zeitung qui précise que la « rupture avec l’ère Merkel est nette ». On comprend aisément pourquoi Angela Merkel a refusé de devenir présidente d’honneur de ce parti qu’elle a dirigé pendant 18 ans. Dans ce désastre électoral, sa responsabilité est immense. Die Welt y voit « une rupture consommée ». Il était « logique », dans de telles circonstances, qu’elle s’isole d’un parti dans lequel elle aurait pu s’investir « un minimum syndical » au cours de ces 18 années ! Ce 34e Congrès de la CDU, un 22 janvier, fera date dans l’histoire d’un des grands partis fondateurs de la République fédérale d’Allemagne. 

    La Voix du Béarn dans sa série d’émissions hebdomadaire produite par Jean-Michel Poulot, « les Français parlent aux Français du bout du monde », a demandé à Joël-François Dumont, son correspondant à Berlin, de dresser un bilan de l’action d’Angela Merkel qui, pendant 16 années, aura été chancelière fédérale d’Allemagne.  

    La CDU tourne la page Merkel  

    Maximilian Joseph de Montgelas : un Savoyard père de la Bavière moderne

    Maximilian Joseph de Montgelas : un Savoyard père de la Bavière moderne

    « Dans la tradition, typiquement savoyarde, du service étranger où les originaires du Duché s’élèveront souvent aux plus hautes fonctions militaires et civiles, aucune lignée n’a brillé d’un plus vif éclat que celle des Garnerin de Montgelas. Maximilien Joseph de Montgelas est, Outre-Rhin, une gloire nationale, considéré comme « le père de la Bavière moderne ». Mais aucune famille non plus n’est aussi peu connue chez nous. Elle n’a droit qu’à une ligne dans le Dictionnaire de Grillet et la notice de l’Armorial de Savoie est tout aussi succincte pour la branche allemande. »[1] 

    Si l’on demandait à nos compatriotes, même germanistes, de citer un Français qui a joué un rôle aussi éminent pour ne pas dire exceptionnel en Allemagne, on a plus de chance d’entendre prononcer le nom de Voltaire que celui du Comte Maximilien Joseph de Montgelas (1759-1838). Un homme de pensée dans l’action qui s’est révélé, avec Bismarck plus tard en Prusse, être un des plus grands hommes politiques de l’Allemagne du XIXe siècle. On n’a bien peu de chances aujourd’hui de retrouver de telles exceptions, « caractéristique de familles qui ont constitué la vieille Europe ». 

    La relation entre la Bavière et la France ne se conjugue pas qu’au seul passé. L’avenir est porteur d’espérance. « Avec ses 13 millions d’habitants, son économie à vocation internationale et son produit intérieur brut (PIB) de 630 milliards d’euros, l’État libre de Bavière est une région forte au cœur de l’Europe.»[2] 

    Comme le rappelle le Dr. Florian Herrmann, chef de la Chancellerie de l’État de Bavière, ministre délégué auprès du Ministre-Président Markus Söder, chargé des affaires fédérales et des média, « La France et la Bavière sont liées de longue date par un partenariat étroit et solide. En Bavière, nous sommes conscients que la France a exercé une influence significative sur le développement de notre région : lorsque le royaume de Bavière fut porté sur les fonts baptismaux en 1806, ce fut avec le soutien de l’empereur Napoléon Ier. Et c’est le Comte de Montgelas, lui-même d’origine française, qui jea les bases de l’ordre politique et administratif de la Bavière en prenant en compte les réformes du Premier Empire français. Des orientations importantes dont l’impact se ressent encore aujourd’hui.» 

    Pour construire cet avenir ensemble, mieux vaut donc, ensemble, affronter le passé, ses solutions comme ses erreurs.  

    Il y a au moins deux de nos contemporains pour tenir Maximilien de Montgelas en très haute estime. Tous deux ont en commun d’être férus d’histoire et sont délégués régionaux du Souvenir français en Allemagne.[3] Le Souvenir français est, rappelons-le, la plus vieille association patriotique française, créée en 1897, 17 ans après la cuisante
    défaite de Sedan et l’annexion de l’Alsace-Lorraine, résultat d’un antagonisme entre la Prusse et la France qui en un siècle sera dévastateur pour l’Europe. « Il y a eu Sedan parce qu’il y a eu Iéna » (Bismarck) 

    Pour évoquer ces pages de notre histoire contemporaine, trop souvent écrites avec le sang, nous citerons deux témoignages très riches :  

    A Berlin, celui du professeur Étienne François, agrégé d’histoire, qui a enseigné à la Sorbonne et pendant trente ans à la prestigieuse Université libre de Berlin (Freie Universität), « très impressionné par Montgelas » … « Un homme politique « éclairé » de la dernière année du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle : il est « aufgeklärt » à 100
    %, réformateur énergique, et tire par ailleurs profit de la République puis de Napoléon pour renforcer le pouvoir bavarois (Électorat puis monarchie à partir de 1806) et profiter au mieux des avantages de l’alliance avec la France (doublement des dimensions du royaume). 

    Il a certes accepté qu’un contingent de l’armée bavaroise participe à la campagne de Russie (d’où le monument aux morts de la campagne à Munich), mais s’est bien gardé de pousser trop loin l’alliance (non-participation à la bataille des nations de Leipzig, si je ne me trompe, ce qui veut dire fin de l’alliance avec la France à partir du moment où elle risque de devenir dangereuse et contreproductive). Je sais par ailleurs qu’il a repris pour la Bavière le statut de fonctionnaire mis en place par la France postrévolutionnaire. 

    Quant à sa politique envers l’Église catholique, elle ressemble elle aussi fort à un mélange de la politique de Joseph II d’Autriche, de la Révolution à ses débuts, et de Napoléon . Une exception : Oberammergau qui a réussi à subsister, alors que Montgelas avait décidé de supprimer toutes les cérémonies religieuses comparables.» 

    A Munich, citons Pierre M. Wolff, retraité de l’Education Nationale, ayant servi notamment à l’Institut Français et au Consulat Général de France à Munich, qui consacre une partie de son temps à célébrer la mémoire de ce « Savoyard d’exception symbole d’un transfert culturel franco-allemand réussi.» 

    A cet effet, il créa il y aura bientôt trente ans une association de droit allemand, également déclarée en France sous la forme juridique d’une association Loi 1910, la « Société Montgelas pour la promotion de la coopération franco-bavaroise »,[4] qui, au fil des ans, est devenue un trait d’union entre la Bavière et la France. Plus qu’un Land, un État qui, « jaloux de sa souveraineté, n’hésite pas à croiser le fer avec l’État fédéral »
    … « La Bavière n’est pas le plus grand des Länder, mais c’est le seul à disposer d’une histoire aussi longue et de traditions aussi fortement enracinées » … « La Bavière est aujourd’hui le plus centralisé des Länder allemands », constate Pierre Wolff, l’un des meilleurs connaisseurs français de la Bavière, co-animateur de la très active société Montgelas pour la promotion de la coopération franco-bavaroise, du nom du comte de Montgelas, ce ministre savoyard qui dota la Bavière d’institutions modernes au début du XIXe siècle, et qui fait qu’aujourd’hui la Bavière est, de tous les Länder, celui dont l’administration est sans doute la plus attentive à ce qui se passe en France et où l’opinion publique est la plus francophile du pays.»[5]  

    Maximilien Joseph de Montgelas  

    Issu d’une famille de la noblesse de robe de Savoie, les Garnerin, seigneurs de la Thuille, de Mondragon et de Montgelas, fiefs situés dans la région de Chambéry. L’aîné des fils, Maximilien Joseph, naît à Munich le 12 septembre 1759, étudie à Nancy, Strasbourg et Ingolstadt. Maximilien poursuivra sans relâche la tâche de son père, le général Janus de Montgelas, qui, entré au service des Wittelsbach, s’était illustré dans la guerre de Sept ans, avec le même objectif en tête : servir la cause de la Bavière, une Bavière alliée à la France. 

    A 20 ans il entre dans la fonction publique bavaroise. Son appartenance aux Illuminati, société secrète bavaroise qui soutient les propositions les plus anticléricales du siècle des Lumières le rend suspect. Il entre alors, comme son père, au service des Wittelsbach, et plus précisément de la branche comtale palatine des Deux-Ponts. Secrétaire privé, promu ministre, il prendra part au Congrès de Rastatt en 1798. Très lié à Napoléon, il sera le véritable artisan de la transformation de l’électorat de Bavière en un royaume que Napoléon va proclamer en 1806. 

    « Montgelas est armé. Il s’est entendu avec la France et a conclu un traité d’alliance secret. Les deux parties espèrent en tirer profit : la Bavière a besoin de protection contre les appétits annexionnistes des Habsbourg, Napoléon a besoin d’États allemands moyens renforcés pour affaiblir la Prusse et l’Autriche. En octobre 1805, les troupes françaises battent les formations autrichiennes sur le sol bavarois, et le 24 octobre 1805, Napoléon entre dans Munich sous les acclamations frénétiques de la population. En retour, les troupes bavaroises combattent en décembre aux côtés de Napoléon à Austerlitz, où la Russie et l’Autriche sont vaincues par la Grande Armée. En
    remerciement de l’aide apportée par les armes, l’électeur bavarois reçoit, en plus des possessions autrichiennes en Souabe, le droit de porter le titre de roi. Le 1er janvier 1806, Maximilien Ier Joseph proclame sa nouvelle dignité. La Bavière, jusqu’alors fief de l’Empire en tant qu’électorat, est désormais un État souverain de droit propre
    .» [6] 

    Quelques semaines après la victoire éclatante d’Austerlitz, le 2 décembre 1805, l’Empereur parie sur ce futur Royaume de Bavière pour devenir un rempart contre la toute-puissance des Habsbourg et contrebalancer le pouvoir de la Prusse et de l’Autriche qui depuis longtemps rêve d’annexer la Bavière. Il entend transformer une situation de paix trop fragile pour établir – dans la durée – une véritable paix. C’est ainsi que le 26 décembre 1805, un Traité de paix est signé entre la France et l’empereur germano-autrichien, François 1er. 

    Le 1er janvier 1806, Maximilien 1er de Bavière est proclamé roi de Bavière à Munich. Le royaume comprend, outre « l’électorat de Bavière », une grande partie de la Franconie, la Souabe et de nombreuses régions séculaires de la vieille Bavière avec, au Nord, le Palatinat sur la rive gauche du Rhin (Mayence, chef-lieu du Département du Mont Tonnerre). 

    Napoléon a atteint son objectif : réorganiser le Saint-Empire germanique pour le transformer en une Confédération du Rhin, basée sur des protectorats français. Une véritable provocation pour la Prusse qui donne un ultimatum à la France en la sommant d’évacuer les rives du Rhin. La Prusse se sent humiliée et rêve d’en découdre. 

    Vaincre est une chose, mais la victoire ne saurait être totale que si l’on sait retourner son adversaire déclaré d’hier pour en faire un véritable allié. La pire des fautes étant de l’humilier publiquement. 

    Si Napoléon après la bataille des Trois Empereurs à Austerlitz a su faire preuve de mansuétude envers l’Autriche et la Russie, il n’a pas pardonné à la Prusse et n’a pas mis longtemps à le lui faire savoir. 

    Le 1er janvier 1806, le royaume de Bavière est créé. Les troupes françaises sont positionnées sur la rive gauche du Rhin. En réaction, la Prusse – première armée d’Europe – ordonne leur évacuation. Devant le refus de Napoléon, les troupes commandées par le général de Hohenlohe, deux fois supérieures en nombre – l’armée prussienne est la plus importante armée d’Europe – soutenues par des troupes russes, va déclarer la guerre à la France. 

    Napoléon, en fin stratège, a étudié personnellement le terrain et minutieusement préparé son dispositif. Il va ainsi remporter en une guerre éclair deux batailles décisives à Iéna et à Auerstedt en Thuringe. La Prusse déjà humiliée est maintenant vaincue sur son terrain. Napoléon défile à Berlin. La Prusse n’aura qu’une seule idée, se venger. Elle essaiera à plusieurs reprises mais n’y arrivera qu’en 1870 en profitant de la désorganisation et de l’affaiblissement de la France. Elle savourera alors sa revanche à Sedan. Comme le dira Bismarck : « il y a eu Sedan parce qu’il y a eu Iéna et Auerstedt.» Cette revanche ira même jusqu’à la création et la proclamation de l’Empire d’Allemagne sous la bannière de la Prusse dans la prestigieuse galerie des glaces du château de Versailles. De même, en 1940, les troupes d’Hitler écraseront Sedan pour rappeler qu’on n’humilie pas la Prusse impunément ! 

    Montgelas jette les bases de l’ordre politique et administratif de la Bavière 

    Entre l806 et 1918, le Royaume de Bavière va se renforcer. Maximilien de Montgelas est nommé Premier ministre. Fidèle aux idées des Lumières, il instaure une politique de laïcisation et de centralisation administrative. On lui doit la modernisation de l’Administration bavaroise qui va s’imposer en Allemagne comme un modèle. Il est aussi un précurseur dans le domaine économique et social : c’est ainsi qu’il élabore un plan directeur ambitieux pour la modernisation de la Bavière, « le mémoire d’Ansbach » redécouvert dans les années 1960. La noblesse et le clergé sont désormais soumis à l’impôt, de quoi révolutionner l’époque. 

    En 1808, Montgelas donne à la Bavière sa première constitution moderne : il abolit les reliques du servage, puis, en 1812, la torture, après l’introduction d’un nouveau code pénal fondé sur des normes humanitaires modernes. La scolarisation, la vaccination et le service militaire sont rendus obligatoires. L’administration bavaroise est réorganisée autour d’un cabinet centralisé de ministères modernes qui remplace les multiples chambres d’antan. Montgelas favorise également le libre-échange en faisant abolir tous les péages dans le royaume de Bavière. Mais surtout, il conçoit et met en œuvre « le Dienstpragmatik », un règlement pour les fonctionnaires, qui servira de modèle à toute la fonction publique allemande. Désormais, l’admission à un service dans l’administration publique ne se fait plus sur la base de l’appartenance à la religion catholique ou la noblesse, mais uniquement sur la qualité de l’éducation. Les fonctionnaires perçoivent un salaire suffisant et leurs veuves une pension. Ce règlement, qui met fin à la prépondérance de la noblesse dans les rangs les plus élevés et les plus décisifs de l’administration publique, permet à Montgelas de restructurer la
    fonction publique sur une déontologie nouvelle qui crée, par la même occasion, un groupe social de serviteurs dont l’unique loyauté ira à la couronne et au royaume de Bavière. 

    Un bilan impressionnant que l’on doit à un personnage hors du commun. 

    Aujourd’hui la société Montgelas est un des emblèmes de la coopération franco-bavaroise, un lieu d’échange privilégié. Son président, Pierre M. Wolff, est intarissable sur les mérites de ce Savoyard qui donnera à la Bavière « le territoire et les institutions qui sont encore les siennes aujourd’hui ». Munich se devait de lui bâtir une statue de 6 mètres de haut, fraisée dans un bloc d’aluminium, érigée en 2005 en face du Palais Montgelas, qui fut sa résidence et en même temps le siège de son gouvernement. 

    Le Palais Montgelas appartient depuis plusieurs décennies à l’hôtel Bayerischer Hof où se tient tous les ans notamment la Conférence de Munich sur la Sécurité. La Société Montgelas, quant à elle, remet annuellement le Prix Montgelas, un prix honorifique matérialisé par un buste en porcelaine de Chine de Montgelas, alternativement à Munich et à Paris, qui récompense des personnalités des deux pays œuvrant dans l’esprit de Montgelas ou engagés dans la coopération franco-bavaroise. Le caractère original du Prix tient dans le fait que le discours d’éloge est toujours prononcé par une personnalité qui vient de l’autre pays que celui du lauréat, obligeant ainsi à un croisement des regards de part et d’autre du Rhin.[7] 

    Une occasion unique pour nous de découvrir un personnage emblématique et saluer la réussite exceptionnelle d’un de ces Français expatrié qui, sur des idées françaises va adapter et doter sa patrie d’adoption pour en faire un modèle d’organisation. Un précurseur dont la mémoire gagne à être honorée. 

    Jean-Michel Poulot 

    Joël-François Dumont  

    https://european-security.com/maximilian-joseph-de-montgelas-un-savoyard-pere-de-la-baviere-moderne/


    Le Souvenir français « gardien de notre mémoire »

    Le Souvenir français « gardien de notre mémoire »

    Le Souvenir français  

    De toutes les associations patriotiques françaises « le Souvenir français » est de loin la plus ancienne. Fondée en 1887 par François-Xavier Niessen, un Alsacien très actif au sein des milieux alsacien et lorrain en 1871, elle mettra peu de temps pour réussir ce que l’État était bien incapable de faire après la défaite de Sedan. 

    Niessen en 1873 avait déjà créé la « Société de prévoyance et de secours », une sorte de mutuelle pour secourir des milliers de réfugiés dans la Région parisienne avant de se lancer dans la défense de la mémoire des combattants de 1870.  

    L’association est financée par l’État et soutenue par une association catholique, « l’Œuvre des tombes et prières ». Le Souvenir français va, au fil des ans, créer des
    ossuaires et des cimetières, élever des monuments et des stèles – y compris en Allemagne – dans le but également de sauvegarder la mémoire des prisonniers de guerre français, une façon de rappeler que l’Alsace-Lorraine demeurait terre de France
    et faire en sorte que l’on n’oublie pas nos prisonniers.  

    En 1900, l’association regroupe 80.000 adhérents répartis dans 854 comités cantonaux. Son action est désormais visible dans plus de 2.000 lieux matérialisés. On lui doit les premiers monuments en hommage aux « grognards » de l’Empire à Waterloo et en Russie. Elle participe à la réalisation du monument consacré à Vercingétorix à Alise-Sainte-Reine ainsi que des centaines de monuments en hommage aux  ombattants de 1870.[1]  

    Malgré les différends entre l’Église et l’État à cette époque, en 1906 les relations entre le gouvernement et Le Souvenir Français vont s’approfondir.
    Le Souvenir Français est reconnu d’utilité publique. Le général Picart, ministre de la guerre du gouvernement Clemenceau entend favoriser la création de comités du Souvenir Français en Alsace-Moselle. C’est ainsi, avec l’accord des autorités allemandes, que le Souvenir Français « prend pied » dans les territoires annexés. Un homme, Jean-Pierre Jean, va incarner cette politique qui va connaître son point d’orgue le 4 octobre 1908 lors de l’inauguration du monument de Noisseville et le 17 octobre 1909 lors de l’inauguration de celui de Wissembourg. L’intense activité « pro-française » que révèlent ces deux cérémonies inquiète les autorités allemandes confrontées au développement de « l’esprit de Revanche ». C’est ainsi qu’en janvier 1913, le Souvenir Français sera interdit en Alsace-Moselle quelques mois avant l’éclatement de la Première Guerre Mondiale. Cela n’empêchera pas chaque dimanche les jeunes Alsaciens et Lorrains revêtus de costumes traditionnels de rendre hommage à ces
    « Morts pour la France » en se recueillant sur leurs tombes. 

    En 1918, l’État devra gérer la recherche et l’inhumation d’1 million 400.000 soldats tombés au champ d’honneur. 300.000 corps ne seront pas retrouvés dans des lieux dévastés par les obus et les flammes dans l’enfer de Verdun : 350.000 familles demanderont la restitution des corps de leurs enfants pour les regrouper dans les cimetières avec leurs familles. 30.000 monuments seront érigés dans les communes de France. De grandes nécropoles nationales vont été construites pour ensevelir 700.000 soldats. Curieusement, les soldats regroupés dans les cimetières familiaux vont disparaître lorsque les tombes vont entrer en état de déshérence, alors que les nécropoles nationales, elles, vont demeurer et se révéler à l’épreuve du temps. 

    Après la 1ère Guerre Mondiale, pour regrouper des millions d’anciens combattants, des centaines d’associations vont se développer pour honorer la mémoire des combattants par champs de bataille, mais aussi par types d’armées, de blessures et bien sûr de nationalités (Arméniens, polonais, tchéco-slovaques). 

    Le Souvenir français poursuit aujourd’hui son œuvre, et pas seulement le 11 novembre, les 8 mai ou le 14 juillet. Depuis sa création, plus de dix millions de personnes ont adhéré au Souvenir français. Près de 200.000 adhérents encore aujourd’hui alors que nos associations d’anciens combattants disparaissent avec tous ceux qui ont « servi les armes de la France » pour assurer la défense de la Patrie. Des mots que l’on n’entend plus aujourd’hui mais qui résonnent encore pour beaucoup d’entre nous.   

    Si Paris valait « bien une messe », cette association vaut bien qu’on lui consacre une série d’émissions, une façon de revisiter notre histoire et de mesurer le dynamisme de cette association en 2022, que ce soit en France, dans chaque département, mais aussi dans le monde entier où elle est présente presque partout. 

    En commençant par l’Allemagne, car la raison d’être du Souvenir français a été après la défaite de Sedan en 1870, de défendre la mémoire de ces « Morts pour la France » en veillant à ce que l’on n’oublie pas nos prisonniers de guerre. 

    En Allemagne, plusieurs comités se répartissent tout le pays. Leur délégué général à Berlin est un agrégé d’histoire, le professeur Étienne François. Un homme passionné et passionnant que nous vous invitons à écouter sur le podcast de cette émission diffusée les 10 et 11 janvier par la Voix du Béarn.
    Une seconde sur l’Allemagne suivra complétant cette première émission avant que
    nous ne nous rendions dans d’autres pays pour découvrir cet extraordinaire travail
    de mémoire effectué par des bénévoles, une façon d’évoquer comme le dit Jean-Michel Poulot « ces souvenirs dont on ne parle jamsi mais dont on se souvient
    toujours ». 

    Joël-François Dumont 

      

    [1] Source : site Internet du Souvenir français.   

    Le Beaujolais nouveau est arrivé ♪♪♪

    Le Beaujolais nouveau est arrivé ♪♪♪

    Berlin, le 21 novembre 2021. 

    « Les Français qui parlent aux Français du bout du monde » ne boivent pas que de l’eau ferrugineuse, c’est bien connu. Dans leur culture, dans leur âme, les merveilleux produits du terroir gaulois restent toujours bien présents. Ils les connaissent, mieux encore, ils les font connaître autour d’eux dans leur pays d’accueil où ils réalisent leur promotion et favorisent leur exportation. 

    C’est dans cet esprit, fidèle à une tradition qui remonte à plus de 50 ans, que l’UFE-Berlin a célébré dignement au Mess Sergent Brocard dans notre ancien quartier, haut
    lieu français pendant plus d’un demi-siècle, ce rendez-vous 2021. 

    Le succès de cette soirée était au rendez-vous. Les membres de l’UFE n’ont regretté qu’une seule chose, que les mesures sanitaires aient limité le nombre de participants. 

    Xavier Doucet, président de l’UFE-Berlin, a accueilli le 18 novembre ses ouailles
    mobilisées pour la circonstance avec leurs invités parmi lesquels d’autres expatriés
    francophones : Belges, Québécois, Marocains, Libanais, pour ne citer qu’eux, toujours présents lors de ces rencontres auquel s’est joint Luis, un jeune Hondurien le 14 juillet dernier… Et bien sûr parmi lesquels de nombreux Allemands qui année après année honorent le Beaujolais nouveau en le comparant avec des « connaisseurs ». 

    La présentation du nouveau crû a été magistralement faite par Anne Zadikian, membre de la Confrérie, venue de Hanovre en voisine dans un magnifique costume. Une femme qui maîtrise parfaitement l’allemand et qui a réponse à toute question sur l’arôme, le cépage ou les qualités des douze vins qui sont la fierté du vignoble. Et qui chante Fanchon en transformant en chœur les membres de l’UFE-Berlin… In vino veritas et cantus !  

    Alors comment le crû de ce Primeur 2021 a-t-il été jugé par les intéressés ?  

    Les avis « autorisés » pour ne pas dire « les palais les plus exercés » ont trouvé que « la
    cuvée 2021 ressemblait beaucoup aux cuvées des années 1980-1990 :  le vin est plus frais, plus léger, avec une teneur en alcool ne dépassant pas les 12 degrés. Avec des arômes de framboise ou de fraise qui caractérisent le cru
    », un vin, qui plus est, doté d’une belle robe rouge vif, aux saveurs fruitées, de quoi accompagner à merveille nombre de spécialités de la gastronomie française… Autant de qualités recherchées par les Allemands et les Polonais qui préfèrent les vins qui ne sont pas trop riches en tanin. 

    Dans la « famille Beaujolais », il n’y a pas que le Primeur ou le Beaujolais-villages, il y a aussi des pépites comme le Brouilly et le Côte de Brouilly, le Chénas, le Chiroubles, le Fleurie, le Juliénas, le Morgon, le Moulin à vent, le Régnié ou encore le Saint-Amour. La plupart de ces vins sont connus et très appréciés des Allemands et on ne les fera pas changer d‘avis. 

    En Pologne voisine, à Gdansk et à Varsovie l’UFE a également fêté l’événement. Un jeune compatriote d’origine toulousaine, Gaël Lefay s’est expatrié à Gdansk où il est
    devenu importateur de vins et de produits du terroir français. Gaël qui travaille pour une grande enseigne française connaît bien le marché, les goûts des Polonais qui ont retrouvé en 2009 le droit d’acheter dans leur pays du vin issu de raisins polonais... En l’espace de quelques années, les vignerons polonais se sont lancés avec enthousiasme dans la production avec des résultats déjà appréciables dans les vins blancs. Il faut dire aussi qu’il faut des années pour qu’un terrain offre le meilleur de lui-même et que les températures hivernales froides les ont conduits à créer des cépages hybrides pour mieux résister aux sévères conditions météo. Et les Français les ont conseillés utilement. 

    Parmi les souches hybrides les plus populaires cultivées en Pologne, citons, entre
    autres, « le Solaris, le Regent, le Rond-point, le Johanniter, l’Hibernal, le Seyval blanc, le Vidal, le Leon Millot, le Cabernet Cortis, le Chaunac et… le maréchal Foch. » 

    Les Polonais comme les Allemands aiment les produits français et ces moments de
    convivialité les rassemblent régulièrement. Alors il ne reste plus qu’à se donner rendez-vous l’année prochaine et en attendant de vérifier – pour être sûr de ne pas nous tromper – que ces vins sont toujours dignes de leur excellente réputation.  

    Après le rugby, le Beaujolais nouveau : pas moyen décidément de prendre en défaut mon compère palois Jean-Michel Poulot ! Dans le domaine viti-vinicole, là encore, ses connaissances sont solides…  

    Joël-François Dumont 

    Pierre Berbizier, une légende vivante au pays du rugby

    Pierre Berbizier, une légende vivante au pays du rugby

    Plus qu’un joueur d’exception, Pierre Berbizier est devenu une véritable légende au pays du rugby avec 56 sélections internationales. 56 « capes » où il portera le maillot de l'équipe de France, 13 fois en tant que capitaine. Deux grands Chelems dans le Tournoi des Cinq Nations (en 1981 et en 1987). Champion de France cadets à 17 ans avec Lannemezan en 1975 contre le RC Toulon. En 1988, il est champion de France Sénior contre Tarbes et devient capitaine de l’équipe de France. 

    Originaire de Saint-Gaudens en Haute-Garonne, Pierre Berbizier voit le jour en 1958 dans une famille de rugbymen chevronnés.  

    Son père René sera trois-quarts centre à Mazamet avant de devenir entraîneur à Bègles dans l’équipe de Lucien Mias. Son grand-père est lui aussi un fervent adepte du ballon ovale. Le jeune Pierre comme son frère Philippe n’auront qu’à suivre l’exemple familial… Ce qui ne l’empêche pas de devenir à 14 ans ceinture marron de judo. Un sport qui lui
    apportera beaucoup. Face à l’adversaire, on apprend à jauger l’autre et à imaginer la parade la plus adaptée.  

    Cela n’empêche pas Pierre de suivre de bonnes études avant de les compléter en Angleterre – à Oxford dans le prestigieux St Andrew’s College – et à l’Université de Cape Town en Afrique du sud. Ce qui lui permettra de se familiariser avec la langue et la mentalité de ceux qu’il affrontera sur les plus prestigieux stades du monde.  

    Pierre Berbizier commence sa carrière de rugbyman junior au CA Lannemezan où il est formé au poste de demi de mêlée. Un poste pour lequel son grand-père l’imaginait déjà en raison des qualités assez rares qu’il avait détectées : une « intelligence du jeu » précoce, un sens inné de la décision, une capacité d’analyse du jeu adverse en première mi-temps qui servira à l’emporter dans le seconde. Une « vision du jeu »
    comme le résume si bien son ami Christian Paris, « servie par une capacité d’accélération aussi célèbre que celle du Gallois Gareth Edwards »…
    Il sera sénior au FC Lourdes puis au SU Agen avant de rejoindre l’équipe de France. 

    Deux hommes compteront particulièrement dans la longue carrière de Pierre Berbizier : Robert Bru, son professeur à l’université Paul-Sabatier de Toulouse, section sport, où il a
    appris à « théoriser la pratique » et à « comprendre le rôle » et Jacques Fouroux, un meneur d’hommes qui l’amènera au haut niveau.  

    L’homme, Pierre Berbizier, est à la fois chaleureux et attachant, ce qui ne l’empêche pas de dire ce qu’il pense. Avec un mépris mal dissimulé pour les intrigues de palais et les magouilles. Le rugby aujourd’hui est malheureusement très différent de celui que nous avons connu il y a encore 20 ans. Il y a ceux qui ont une ligne de conduite et qui s’y
    tiennent et d’autres qui préfèrent la « politique », les deux faisant rarement bon ménage. 

    Pierre Berbizier parle peu. Son propos est d’autant plus intéressant. Sur la Voix du Béarn, face à deux fans du rugby Jean-Michel Poulot et Christian Paris, il évoque ce que fut sa vie de rugbyman. L’homme est resté un symbole du rugby français pour les meilleurs joueurs britanniques, sud-africains ou néo-zélandais. Pour les Français, il est resté le symbole d’une époque. Et les Italiens la semaine prochaine l’ont convié samedi dernier à assister au match Italie-Nouvelle-Zélande avec les All Black en souvenir de ses deux ans passés à refonder l’équipe d’Italie (2007-2009). 

    Joël-François Dumont

    (Émission diffusée également en Pologne par Radio Hexagone)  

    Bon-Encontre : le chemin de l’honneur et de la Résistance

    Bon-Encontre : le chemin de l’honneur et de la Résistance

    L’amicale des Anciens des Services spéciaux de la Défense nationale, l’AASSDN, vient de tenir son congrès à Bon-Encontre, dans la banlieue d’Agen. Une occasion pour la Voix du Béarn d’évoquer une très belle page de l’histoire de nos services spéciaux, à un moment crucial, en juin 1940, après le déferlement des troupes allemandes sur la
    France. 

    En mai-juin 1940, en quelques semaines, 100.000 militaires et civils français sont morts en tentant de stopper l’offensive allemande, sans succès, écrasés qu’ils furent par la
    puissance de feu des blindés de la Wehrmacht et des Stuka de la Luftwaffe.  

    La débâcle qui s’en est suivie marquera à jamais la mémoire collective des Français après avoir été vécue comme un moment de déshonneur national. Heureusement, le courage et à la détermination d’une poignée d’hommes et de femmes refusant la défaite, mobilisés corps et âme pour bouter l’ennemi hors de France, permettront à la Libération de retrouver confiance en notre avenir collectif après plusieurs années d’occupation.  

    Les tous premiers à se ressaisir, imaginant des conditions d’armistice très dures, furent les hommes et les femmes du « 2 bis », notre service de renseignement en 1940. Comme le veut la tradition, en temps de guerre, celui-ci se transforme en 5e Bureau pour regrouper le service de Renseignement et celui du contre-espionnage. 

    Le général d’armée aérienne François Mermet, président de l’amicale des Anciens des Services spéciaux de la Défense nationale, l’AASSDN, a retracé ce qui s’est passé le 14 juin 1940 dans la banlieue d’Agen au séminaire de Bon-Encontre, réquisitionné par l’équipe du colonel Rivet et du capitaine Paillole, chef du contre-espionnage français. 

    Ce 80e anniversaire de Bon-Encontre, a été reporté du fait de la pandémie et après le décès de son ancien président, le colonel Henri Debrun, qui était venu faire apposer une plaque en l’honneur de ce fait d’arme exceptionnel sur le mur du séminaire d’Agen.
    Il a enfin été commémoré car les hommes et les femmes de l’ombre chargés du Renseignement aiment et respectent les traditions. Même discrètement, ils n’oublient jamais d’honorer la mémoire et le sacrifice des « anciens » pour l’exemple qu’ils ont su montrer. Avec ceux qui ont survécu, ils s’attachent également lors de ces rencontres à avoir une pensée pour ceux qui sont morts pour la France au champ d’honneur sans oublier les camarades qui les ont quittés en cours d’année.

    Nombreux sont parmi les membres de l’AASSDN ceux qui ont eu un père, une mère ou un proche à s’être jeté dans la bataille et avoir connu « le prix du sang ».  

    Lors de ces congrès, il n’y a pas que les anciens. Traditionnellement, des militaires d’active, représentant des unités d’élite qui constituent le bras-armé de nos services sont présentes, qui sont autant de symboles de nos forces armés : 13e RDP, 1er RPIMA, 2e Hussards, le « 44 », les Forces spéciales et leurs célèbres commandos
    comme le CPA 10 de l’armée de l’Air et de l’Espace, notamment, qui n’ont rien à envier au Navy Seals américains. Sans oublier, parmi les plus fidèles, les marins du Casabianca qui lors de la 2e Guerre mondiale s’est illustré entre Alger et la métropole en assurant des liaisons à risque et en transportant des responsables de la Résistance.  

    Chaque année, l’amicale rend également hommage à des hommes et à des femmes qui, par leurs actions, sont devenus des symboles de la Résistance.  

    Cette année une gerbe a été déposée sur la tombe de l’adjudant-chef André Fontès – en présence de son fils Christian – pour célébrer le réseau Morhange dirigé par Marcel Tallandier, en présence de sa fille Monique.  

    De même, la mémoire de nos « Merlinettes » a été honorée, après avoir été tirée d’un oubli qui a duré près de 70 ans… Ces Merlinettes dont le colonel Paillolle était si fier ont désormais trouvé leur place dans le jardin Eugénie-Malika Djendi dans le parc Citroën (Paris XVe) où a été édifié le monument à la mémoire de ceux qui sont morts pour la France en OPEX.  

    Sans l’opiniâtreté de Jean-Georges Jallot-Combelas, neveu d’une de ces Merlinettes, elles seraient restées méconnues.  

    Comment expliquer que de si belles pages de notre histoire commune soient aussi inconnues de nos compatriotes ?
    Certains vont tenter à Bon-Encontre de trouver des éléments de réponse à cette
    question. Un pays qui ne sait pas d’où il vient ne saura jamais où il va comme le dit si bien Alain Juillet.

    Le combat mémoriel que livre l’AASSDN se poursuit au fil des ans depuis mai 1954. Si elle reste une association patriotique des plus emblématiques, l’AASSDN reste toujours discrète mais bien présente pour défendre la mémoire des hommes et des femmes de l’ombre qui ont combattu pour la France. 

    Comme l’a rappelé le général François Mermet dans l’entretien qu’il a accordé à Christophe Cornevin du Figaro, rappelant le sens du combat mémoriel que livre l’amicale : « Notre mission est de faire œuvre de vérité et de tirer de l’oubli des personnages de l’ombre au parcours extraordinaire » avant de faire sienne cette
    maxime de Bossuet : « Le plus grand outrage que l’on puisse faire à la Vérité est de la connaître et en même temps de l’abandonner ou de l’oublier » Une citation reprise par un officier de gendarmerie, le colonel Paillole chef du contre-espionnage français en juin 1940 qu’il mettra en exergue de son livre « Services Spéciaux ».  

    Après cette évocation avec Jean-Michel Poulot, nous entendrons la voix d’une grande dame à qui notre pays a rendu hommage très récemment pour son engagement au service de la France, Joséphine Baker, qui sera recrutée avant-guerre par le contre-espionnage du capitaine Paillole. Elle nous chantera « j’ai deux amours, la France et Paris ». 

    Comme quoi, dans la vie, on peut avoir deux amours en n’ayant qu’une seule fidélité ! 

    Joël-François Dumont  

    Milan Rastislav Štefánik

    Milan Rastislav Štefánik


    Très peu d’hommes ou de femmes réussissent à entrer dans la légende pour s’être s’identifiés avec leur pays, pour avoir réussi aux heures sombres à « faire nation ». 

    Pour la France, trois noms s’imposent : Louis XIV, Napoléon Bonaparte et le général de Gaulle. Pour la Grande-Bretagne, citons ala reine Victoria, Georges VI, Winston Churchill et Elizabeth II. Pour la République tchèque, Venceslas 1er de Bohème, le roi Charles IV et Tomáš Masaryk. Pour la Slovaquie, un seul nom revient : celui de Štefánik, reconnu comme le père fondateur de la nation slovaque. 


    Milan Rastislav Štefánik voit le jour le 21 juillet 1880 à Košariská dans l’ancien royaume d’Autriche-Hongrie. Son père, Pavol Štefánik, pasteur, élève ses enfants dans la ferveur des idéaux patriotiques et slavophiles, à une époque où le sentiment national était profondément ancré dans le cœur des Slovaques, lesquels, à l’époque, ne devaient s’exprimer qu’en hongrois… 


    Il entame de brillantes études au lycée évangélique de Presbourg, à Sopron et à Sarvas, avant de s’inscrire à l’Université Charles de Prague où il choisit d’étudier. 

    Il a 18 ans quand, après des études d’études d’ingénieur du bâtiment, il s’oriente vers l’astronomie et les mathématiques. Doué d’une intelligence extraordinaire, d’une personnalité forte, il s’engage avec ferveur en politique en militant contre la « magyarisation » de la Slovaquie. Il est convaincu que la solution passe par une étroite coopération « slovaco-tchèque » pour que ces deux nations puissent accéder enfin à l’indépendance. Štefánik est sous l’influence d’un intellectuel éminent, Tomáš Masaryk, un universitaire qui définit les peuples tchèque et slovaque comme « deux particules d’une même nation ». 


    Doctorat en poche, Milan Štefánik s’installe en 1904 à Paris, après un bref passage à Zürich, pour y poursuivre, pendant dix ans, des études d’astronomie en devenant l’assistant du professeur Jules Janssen à l’observatoire de Meudon. 


    A Meudon, il publiera douze traités scientifiques et réalisera des expéditions d’observation astronomique après avoir multiplié les voyages au bout du monde. A Tahiti, en 1910, notamment, où il observera le passage de la comète de Halley.[1] 


    Dans une lettre manuscrite au garde des Sceaux, ministre de la Justice, datée du 11 mars 1909, Milan Rastislav Štefánik exprime le souhait d’être naturalisé Français. Il le sera le 27 juillet 1912. Štefánik deviendra l’emblème de l’histoire partagée entre nos deux pays et de l’amitié franco-slovaque. 


    Štefánik entreprend également des missions diplomatiques pour la France après avoir proposé de mettre en place une chaîne de stations radiotélégraphiques qui relierait toutes les colonies françaises entre elles.


    Štefánik s’avère être « l’homme idoine ». Le succès de cette réalisation lui vaudra la Légion d’honneur et la reconnaissance officielle. 


    Malgré quelques problèmes de santé, en 1914, Štefánik s’engage à 32 ans. Il est incorporé comme caporal et entreprend une formation de pilote à l’école d’aviation militaire de Chartres, avant de rejoindre l’escadre aérienne MF-54 dans le Pas-de-Calais. Très vite, il va se faire remarquer. Il invente les premiers bombardements aériens puis créée le service météo des Armées. Blessé en 1915, il poursuit le combat. 


    « Masaryk pense, Beneš le dit et Štefánik le fait » 

    Il forme une escadrille formée de volontaires slovaques et tchèques, qui est affectée en Serbie. Gravement malade, on le transfère d’urgence à Rome. C’est là qu’il va retrouver son ami le général Jean César Graziani avec lequel il avait formé cette Légion de volontaires tchéco-slovaques. Štefánik oriente sa vie désormais vers l’action politique et diplomatique. Son objectif est à la fin du conflit d’accompagner le dépeçage de
    l’empire d’Autriche-Hongrie pour donner naissance à un État regroupant Tchèques
    et Slovaques pour le meilleur et pour le pire. Son objectif n’a pas varié, sa ténacité ne le quitte pas. 


    Dès que son état de santé le lui permet, il repart pour Paris, où il retrouve Jan Masaryk et Edvard Beneš. Le dicton qui dit : « Masaryk pense, Beneš le dit et Štefánik le fait » redevient d’actualité. Une nouvelle étape de sa vie commence. Il consacre dorénavant son activité à la création d’un État libre et indépendant pour les Tchèques et les Slovaques. 


    Après-guerre, il est nommé à Prague ministre de la guerre. Il continuera jusqu’à sa mort aux commandes de son avion à porter son uniforme de général français avant d’être abattu par une unité de la DCA slovaque qui avait été curieusement informée de l’arrivée imminente dans le secteur d’un avion hongrois ennemi. C’est ainsi que le 4 mai 1919, Milan Ratislav Štefánik sera mortellement touché et qu’il s’écrasera avec son avion à Ivanka pri Dunajice, près de Bratislava. 


    Mort en service commandé, celui qui était resté fidèle à la France par attachement à sa patrie, la Slovaquie, deviendra le héros national slovaque et sera inhumé sur les hauteurs de Brezová pod Bradlom, suivi par une foule immense qui traversera les champs là jusqu’à sa dernière demeure où sera construit un mausolée qui domine la vallée. « C’était un cœur rare, une âme noble, un esprit extraordinaire qui s’est entièrement dévoué pour notre cause dès que les circonstances l’exigeaient. Il mérite la reconnaissance de l’humanité entière. Sa présence va nous manquer. Son souvenir va vivre dans les cœurs de nous tous » dira le maréchal Foch qui représentera la France à ses obsèques.


    « La destinée d’un peuple se compose de ceux qui visent à la
    gloire et de ceux qui visent à la fortune ».  


    Cette formule de Louis-Antoine de Saint-Just est toujours fondée : l’homme d’une seule fidélité, Milan Štefánik, n’a pas trouvé la fortune, mais il a contribué au bonheur d’un peuple qui a enfin pu se libérer de ses chaînes pour prendre en main son destin et restera un grand symbole de la fidélité à la France. 

     

    Comment, enfin, ne pas parler d’un autre lien entre la Slovaquie et la France, pendant la Seconde Guerre Mondiale, sans évoquer la Brigade Štefánik et l’histoire du bataillon Foch qui, après la Libération de Paris, dans la trouée de Strecno attaquera à mains nues la 1ère Division de la Waffen SS. 


    Autant de pages magnifiques d’un grand livre écrit avec le sang et les larmes d’un peuple. 


    L’histoire de cet homme nous est contée par le colonel Joël Bros, ancien attaché de Défense à Bratislava, spécialiste de l’Europe centrale, qui, après la Bohème et la Moravie nous a fait découvrir ls Slovaquie.  


    Dans cette émission produite par Jean-Michel Poulot et diffusée par La Voix du Béarn, le colonel Bros nous parle du seul militaire français qui est encore aujourd’hui en uniforme français sur les timbres et la monnaie nationale de sa patrie slovaque et que l’on voit sur tous les monuments dédiés à l’effigie du père de la Nation slovaque qui a choisi de devenir Français pour donner naissance à la Slovaquie après la dissolution de l’empire austro-hongrois.

     

    Joël-François Dumont 


    [1] Michal Kšiňan, L’homme qui parlait avec les étoiles : Milan Rastislav Štefánik, héros franco-slovaque de la Grande Guerre, Paris, Eur’Orbem éditions, 2019, 344 p.  

    [2] Le bataillon Foch et la Résistance franco-slovaque (Diffusé le 29 août 1998 dans le Journal International de France Télévisions sur TV5  

    « Quand on veut, on peut. Quand on peut, on doit » : La priorité : « refaire Nation » - 1 -

    « Quand on veut, on peut. Quand on peut, on doit » : La priorité : « refaire Nation » - 1 -

    Fin décembre 2019, un nouveau virus va se répandre en un temps record depuis la Chine dans le monde entier, avec les conséquences dramatiques que l’on sait. Un virus qui, au fil des mois, va vraisemblablement s’affirmer un jour comme l’un des plus redoutables que l’on ait pu connaître, comme la peste au Moyen-Âge…  


    211 millions de personnes ont été infectées, 4 millions 424 mille sont mortes à ce jour et près de 5 milliards de doses de vaccins ont été inoculées. Et ce bilan n’est que provisoire, au moment où l’on parle d’une « quatrième vague » alors que la situation de certains pays est quasi catastrophique, que des milliards de doses manquent à l’appel et au moment où le variant indien se révèle particulièrement dangereux.  


    Pendant ce temps en France, les manifestations se succèdent dans la rue contre la vaccination et contre tout contrôle sanitaire. C’est à se demander si la folie ne gagne pas certains esprits. En tout cas, pas de quoi grandir l’image de notre pays ! 


    Au-delà des morts dénombrés – 628.000 aux États-Unis, 574.000 au Brésil, 252.000 au Mexique, 131.000 en Grande-Bretagne, 128.000 en Italie, 113.000 en France, 91.000 en Allemagne, 15.700 au Japon, l’heure de vérité sur le plan économique et social devrait bientôt sonner. Et avec elle le glas de certains pays.  


    Alors, comment éviter le pire demain en admettant que cela soit encore possible aujourd’hui ?  


    En écoutant peut-être – enfin – ceux qui ont démontré pendant toute leur vie que « quand on veut la paix, il faut préparer la guerre » comme le dit le vieil adage.  


    La France a encore la chance d’avoir des « ressorts », d’avoir des hommes et des femmes d’exception, qui savent partager une vision, toujours disponibles pour la
    collectivité, des gens dont la compétence professionnelle est reconnue : qu’ils soient civils et ou militaires. Dans le secteur public comme dans le secteur privé. Y compris parmi nos élus.  


    Mais quand ceux qui gouvernent n’ont pas de vision et ne savent manifestement pas se servir d’une boussole, on peut alors redouter le pire et aussi douter de réussir à désamorcer les crises économique, sociale et politique qui sont devant nous avant qu’elles n’explosent à court terme.  


    Pour cela il n’existe qu’un seul grand remède : rétablir la confiance. Et agir en sachant qu’on n’a plus le droit à l’erreur. 


    Pour cette raison, la Voix du Béarn a décidé de rediffuser quelques-unes des émissions diffusées en plein confinement pour redonner espoir aux Français de France sans oublier ceux de l’étranger qui se sont souvent senti abandonnés.[2]  


    La première de ces émissions a été diffusée le 17 avril 2020. Nous avions invité deux généraux d’armée, le général Jean-Paul Paloméros, ancien chef d’état-major de l’armée de l’Air avant de piloter la transformation de l’OTAN, et le général Marc Watin-Augouard, une des grandes figures de la Gendarmerie nationale qui restera comme le ou l’un des précurseurs dans le domaine de la lutte contre la Cybercriminalité. Il a été l’initiateur du FIC, le Forum International de la Cybersécurité, « l’événement de référence en Europe en matière de sécurité et de confiance numérique ».  


    Deux « hommes d’action dans la pensée », comme nous en avons dans ce pays, mais plus encore, « des hommes de pensée dans l’action » ce qui est nettement plus rare. A vous de juger en écoutant leur propos. 


    Nous avons donc décidé avec Jean-Michel Poulot de donner la parole pendant le confinement à des hommes et à des femmes qui ont fait leurs preuves dans les moments difficiles. On remarquera que très peu appartiennent à des formations politiques. Ces personnes ont en commun d’être très qualifiées sur certains sujets au point d’être devenues des références, que, curieusement, l’on n’entend pratiquement jamais et que l’on ne voit pas davantage sur les étranges lucarnes… Des gens qui, pourtant, ont quelque chose à dire et qui le disent bien. Ils appartiennent à cette lignée des bâtisseurs qui ont fait la grandeur de la France. Avec eux, un combat n’est jamais perdu d’avance, tant qu’il y a une volonté politique, accompagnée d’une vision au sommet de l’État et des gens de valeur pour les mettre en œuvre. Ces trois conditions étant « incontournables ». 


    Force est de reconnaître que la classe politique a perdu la confiance des Français, chose qui n’est pas vraie dans de nombreux autres pays dans le monde. En Allemagne, notamment, où les politiques ne sont pourtant pas considérés comme des lumières par l’opinion. 


    Que dire ? Sinon que la France a des institutions solides que lui a légué le général de Gaulle. Elle a aussi des hommes et des femmes courageux, compétents et disponibles. Elle peut donc s’en sortir à une condition, qu’elle le veuille vraiment et que les Français se rassemblent pour « faire nation ». Si un tel miracle se produisait, 90% de nos hommes politiques professionnels passeraient aux oubliettes de l’Histoire, aux  prochaines élections. A nos yeux, ce ne serait pas un mal… On comprend que notre propos dérange ceux qui entendent continuer de profiter de cette situation. 


    Cultiver notre mémoire institutionnelle 


    Même confinés, nous avons décidé de donner la parole à ces hommes et à ces de telles femmes d’exception qui ont un « vécu » opérationnel hors-norme et qui ont passé leur vie à « préparer le temps long » pour ne pas insulter l’avenir. Qu’ils en soient remerciés. Leur contribution nous honore.  


    Sachons exploiter ce vivier pluridisciplinaire de personnes d’exception. Sachons mettre à profit leur expérience, leur dynamisme et leur façon de « jouer collectif ». Gageons que leur exemple sera rapidement communicatif. Avec eux, un combat n’est jamais perdu d’avance avant d’être livré, tant qu’il y a une volonté politique, accompagnée d’une vision au sommet de l’État et de gens de valeur pour les mettre en œuvre. Trois conditions incontournables. 


    « Quand on, veut, on peut. Quand on peut, on doit » aimait dire Napoléon Bonaparte qui avait aussi prédit : « quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera » … Sur le possible et l’impossible notre empereur avait encore une opinion qu’il avait su faire partager… certes, le monde d’hier n’est plus celui que nous connaissons !
     

    Mais pour y parvenir, la route sera longue. Rien ne permet de prédire un retournement de situation, hormis peut-être une timide reprise de l’économie, un secteur qui a été défendu avec un certain succès, mais à quel prix ! En laissant sur le carreau beaucoup de professions sans oublier les jeunes, les étudiants notamment. 


    Pour éviter ces errements du passé, il faut rappeler avec lucidité ce qui s’est produit au cours des 20 mois qui se sont écoulés.  Ne pas oublier qu’au tout début, les mesures dites « barrière » les plus élémentaires ont été négligées pratiquement partout, sauf dans les pays d’Asie du Sud-Est. Heureusement une minorité de personnes a réagi immédiatement mais dans très peu de pays en cherchant des solutions, qu’il s’agisse de vaccins ou de médicaments efficaces.
     

    Et puis il y a eu tous les autres… Comme en France, ceux qui préféraient « laisser passer Noël ». Ceux-là tenaient la rampe car les « fêtes de fin d’année » c’est sacré !
     

    Les mêmes affirmaient, fin janvier 2020, à propos de ce virus censé venir d’un pangolin pour lequel on n’avait toujours pas trouvé de nom: « un de plus » ... ou encore : « Seul les Chinois sont concernés ». Sans oublier les experts « autorisés » qui parlaient de « grippette » comme Agnès Buzin, ministre de la Santé, le 16 février 2020.[1] 


    L’exécutif français avait les yeux rivés sur les élections municipales à venir. « L’affaire
    Griveaux » faisait la Une du monde entier. Et personne ne croyait en la découverte rapide d’un vaccin efficace avant de longues années ! 


    Si l’on ajoute au fil des semaines les brillantes « prestations » télévisées de Sibeth Ndiaye, que l’on aurait mieux vue dans un film avec les pieds nickelés que comme porte-parole du gouvernement, on a un cocktail explosif et l’on comprend mieux
    que ce qui restait de « la confiance avec nos élites » avait fondu comme neige au soleil. Or, sans cette confiance, aucun pouvoir n’est à même de gouverner ! D’autant qu’au fur et à mesure que le virus, baptisé entretemps « Covid 19 », faisait des ravages, on découvrait petit à petit que, depuis 2012, tout ce qui avait été prévu pour affronter ce type de pandémie manquait à l’appel. Pire encore, que l’essentiel avait été sacrifié sur l’autel de la RGPP ! 


    Alors que les hôpitaux étaient saturés, la communication officielle à laquelle on aurait pu s’attendre n’était pas au rendez-vous. Chaque soir le directeur de la santé comptait les morts après que le ministre de la Santé se soit félicité de sa propre action en balayant d’un certain mépris tous ceux qui émettaient le moindre doute sur l’efficacité
    des mesures prises. En revanche, on applaudissait les soignants sur les balcons à 20 heures précises ! 


    De mensonge en mensonge, la multiplication des « en même temps » propre au système macronien, l’absence parfois du simple bon sens, un sectarisme certain, sans oublier le ton comminatoire employé par le pouvoir, tout cela a largement contribué à la démonétisation de la parole officielle, donnant libre cours à toutes les folies complotistes. 


    Que dire, enfin, d’un président qui a revendiqué, non sans fierté, l’avantage d’avoir une majorité composée d’amateurs au Parlement ! Si l’on ajoute à cela une impréparation chronique – propre aux système Gaulois – et une longue tradition qui veut que le pouvoir politique ne donne aucun crédit à ceux qui cherchent à les alerter ou à les mettre en garde, comme pour les guerres de 1870, 1914 et 1940, le pouvoir politique en
    France a des principes et « on s’y tient ». Malheur à ceux qui apportent les mauvaises nouvelles. On devrait se souvenir que c’est ce qui avait perdu Néfertiti ! 


    C’est ainsi au fil des générations et des batailles perdues que la « grande Nation » est
    devenue une « nation moyenne » ! Il est vrai que succéder à Louis XIV, Napoléon ou De Gaulle est tout sauf évident.  


    Joël-François Dumont 

    [1] Coronavirus, « mascarade » et « grippette » : la mémoire sélective d’Agnès Buzyn 

    [2] La stigmatisation des Français de l’étranger a de beaux jours devant elle  

    Les Français parlent aux Français du bout du monde – La guerre de Poutine contre l’Occident

    Les Français parlent aux Français du bout du monde – La guerre de Poutine contre l’Occident

    Deux semaines avant la première rencontre Biden-Poutine, il nous a paru intéressant de nous interroger sur deux graves questions. Pour chercher à comprendre, tout d’abord, quel avantage politique le président Joë Biden pouvait bien rechercher en rencontrant aussi rapidement Vladimir Poutine qu’il qualifiait, il y a encore peu, d’« assassin » ! Ensuite de voir comment lutter efficacement contre les opérations de subversion menées dans la durée par les services russes pour saper nos systèmes démocratiques.

    Quels sont les risques de ce sommet ? Le but de Moscou est de donner l'impression que les États-Unis vont abandonner l'Europe en échange d'une neutralité russe en cas de conflit sino-américain, afin de convaincre les Européens qu'il n'y a pas d'alternative à l'hégémonie russe. 

    Washington entend restaurer la relation germano-américaine sur laquelle le président Bush avait fondé sa politique européenne à partir de 1989, en s'appuyant sur une Allemagne dirigée par les Verts, alors que Moscou entend, elle, la fonder sur la CDU, le SPD ayant plus ou moins disparu des écrans-radars pour avoir, comme en France, abandonné le social pour le sociétal.  

    Pour en débattre, dans ce 4e numéro de l’émission « Les Français parlent aux Français du bout du Monde », Jean-Michel Poulot et Joël-François Dumont ont invité sur La Voix du Béarn et Radio Hexagone, deux historiens de renom : une Française, l'historienne Françoise Thom,  auteur d’ouvrages de référence sur l’URSS et la Russie, maître de conférences émérite d’Histoire contemporaine de la Russie à la Sorbonne, et Jerzy Targalski, un Polonais, docteur en histoire, qui est un des meilleurs spécialistes occidentaux des services de renseignement soviétiques et russes, qui a vécu, notamment, 14 ans en exil à Paris.

    Le deuxième sujet est de comprendre les causes de cette guerre psycho-politique permanente que poursuit le Kremlin contre l’Occident et d'en montrer les similarités et aussi les différences si on la compare à celle menée pendant la guerre froide. 

    Sur ce sommet improvisé à la va vite, il y a au moins une certitude : deux pays ont, sinon tout ou le plus à perdre dans cet échange où, le grand risque, pour arriver à un résultat minimum, serait d’aboutir dans les faits à un nouveau Yalta sans même, côté occidental, l’avoir ni vraiment voulu ni même imaginé. Les Russes, eux ont de la suite dans leurs idées de conquête.

    Pour des raisons diamétralement opposées, Washington entend baser, demain, sa politique européenne sur une Allemagne dirigée par les Verts, alors que Moscou entend, elle, la fonder sur la CDU, le SPD ayant plus ou moins disparu des écrans-radars pour avoir, comme en France, abandonné le social pour le sociétal.  

    Pour en débattre, dans ce 4e numéro de l’émission « Les Français parlent aux Français du bout du Monde », Jean-Michel Poulot et Joël-François Dumont ont invité sur La Voix du Béarn et Radio Hexagone, deux historiens de renom : une Française, le professeur Françoise Thom, soviétologue, auteur d’ouvrages de référence sur l’URSS et la Russie, professeur d’Histoire contemporaine de la Russie à la Sorbonne, et Jerzy Targalski, un Polonais, docteur en histoire, qui est un des meilleurs spécialistes occidentaux des services de renseignement soviétiques et russes, qui a vécu, notamment, 14 ans en exil forcé à Paris.

    Le deuxième sujet est de comprendre le pourquoi de cette guerre psycho-politique permanente que poursuit le Kremlin contre l’Occident et de voir d'en montrer les similarités et aussi les différences si on la compare à celle menée pendant la guerre froide. 

    Dans les années 1982-1985, l’Occident a eu à affronter une désinformation mise en œuvre par le Service A du KGB. Inaugurée pourtant dès 1928 par le NKVD. Cette politique a été une des constantes de l’URSS pour miner et détruire de l’intérieur des pays qu’elle ne pouvait pas soumettre directement. 

    30 ans plus tard, avec l’apparition d’Internet et le développement de réseaux sociaux, on peut parler d’une véritable guerre psychologique, dépassant largement la propagande classique. 

    Face à cette patiente et persévérante entreprise de subversion, on attend toujours une réaction… Pour le moment, l’Europe a timidement inscrit dans ses priorités affichées ce combat dans lequel, pour l’heure, au Parlement européen, seul les députés polonais, estoniens et tchèques sont véritablement offensifs. A l’image de ce qui se fait dans ces trois pays qui, eux, ont pris toute la mesure de cette menace. 

    Père Pedro Opeka – PourAkamasoa, la pauvreté n’est pas une fatalité

    Père Pedro Opeka – PourAkamasoa, la pauvreté n’est pas une fatalité

     L’invité de la Voix du Béarn et de Radio Hexagone est un homme d’Église, un homme d’exception qui a sauvé des dizaines de milliers d’enfants, rejetés par la société, des familles entières, à Madagascar chaque année. « Du berceau au cimetière », plus de 500.000 personnes ont été secourues entre 1975 et 2021 ! 

    Un lieu d’exclusion, de souffrance, de violence et de mort transformé à 60 kilomètres de la capitale malgache en un oasis d’espérance par la volonté d’un homme, le père Pedro Opeka. 

    Le pape François est allé rendre visite, en septembre 2019, au père Pedro, son condisciple argentin d’origine slovène. « A Akamasoa, l’extrême pauvreté a été éradiquée par la foi, le travail, la scolarisation, par le respect mutuel et la discipline. Ici, tout le monde travaille ! » Un exemple, sans doute, unique au monde, d’une réussite qui force l’admiration et qui nous invite à méditer à la fois sur le sens des mots et bien sûr le sens d’une vie pour tout être humain. Sans oublier de chercher à comprendre cette « absence de sensibilité sociale des dirigeants qui ont oublié et tourné le dos aux peuples qui les ont élus ».

    Une émission de Jean-Michel Poulot, Christian Paris qui est allé plusieurs fois sur place et Joël-François Dumont face à un homme, six fois nominé pour le prix Nobel de la Paix. L’année dernière, Akamasoa n’a pas de chance : l’Amérique avait prévu de faire attribuer ce prix symbolique à… Donald Trump !

    Quand les Français parlent aux Français du bout du monde

    Quand les Français parlent aux Français du bout du monde

    Et si les Français de l’étranger dialoguaient entre eux et décidaient de mieux faire entendre leur voix ? Pourquoi, aujourd’hui, pourquoi à l’heure où les moyens de communication ont bouleversé nos modes de vie, transformé nos échanges au quotidien et supprimé les distances qui nous séparent géographiquement, oui, pourquoi nos « expats » se priveraient-ils d’échanger ?  

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